Coupe d'Europe de rugby : les boycotts français et anglais menacent la survie de la compétition

Devant le refus de la Fédération anglaise de rugby de renégocier le capital de l'European Rugby Cup au profit des ligues professionnelles, les clubs français et anglais ont annoncé jeudi se retirer de la Coupe d'Europe pour la prochaine saison. Sans ses deux nations principales, la compétition, en plein essor ces dernières années, pourrait bien à terme disparaître.

Le monde du rugby vient de porter le coup de grâce à l'une de ses plus belles compétitions. Jeudi, les clubs français et anglais ont confirmé leur décision de ne pas participer l'an prochain à la Coupe d'Europe, également connue sous le nom de Heineken Cup. Ce boycott est la conséquence de l'échec des négociations sur la refonte des accords de Paris, qui établissent les règles de fonctionnement de l'European Rugby Cup (ERC), organisateur de la compétition et propriété des fédérations des six pays participants (Angleterre, Ecosse, France, Irlande, Italie et Pays de Galles).

La ligue nationale française (LNR), représentant les clubs, réclamait la moitié des actions de la Fédération française de rugby à l'ECR. Cette rétrocession aurait apporté aux clubs français des garanties quant à leur avenir. Or, si la FFR a accepté de céder 48% de ses parts à la LNR, la fédération anglaise (RFU) s'est refusée à lâcher le moindre pourcentage à ses clubs. Une position qui a poussé les clubs français à refuser la proposition finale de Bernard Lapasset, président de la Fédération française, qui offrait de leur céder la quasi totalité des parts de la FFR.

Car les clubs français craignent en réalité la volonté de la RFU d'imposer un système de franchises ou de provinces, propriétés des fédérations comme il existe déjà dans les pays celtes ou dans l'hémisphère Sud, et qui condamnerait les clubs professionnels tels qu'ils existent aujourd'hui. La décision de boycott par les ligues françaises, dont la menace avait déjà été annoncée le 16 janvier par le président de la LNR, Serge Blanco, a donc été confirmée, rejointe par celle des clubs anglais.

Le retrait des clubs professionnels anglais et français, qui portent la compétition sur leurs épaules, pose la question de la survie de la Coupe d'Europe. Si les clubs de chaque côté de la Manche peuvent se passer financièrement de la compétition pour au moins une saison - les pertes financières s'élevant à 7 millions d'euros -, ce n'est pas le cas pour les autres clubs italiens, irlandais, écossais et gallois qui participent à l'épreuve, dont leur santé financière dépend pour beaucoup. Les boycotts anglais et français pourraient en outre faire fuir les sponsors et diffuseurs qui avaient annoncé qu'ils pourraient se retirer en cas de boycott massif. France Télévisions a néanmoins affirmé ce vendredi qu'elle ne romprait pas son contrat avec l'ECR, signé l'année dernière, mais le mettrait en veille pendant un an.

Les 11 et 12 avril prochains, l'European Club Rugby devrait se réunir à Dublin pour examiner le retrait des clubs français et anglais. Objectif: amener à la table des négociations tous les actionnaires pour relancer la compétition européenne la saison prochaine ou celle d'après. La survie de la Coupe d'Europe en dépend.

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