L'OCDE appelle les membres de la zone euro à approfondir les réformes

La croissance, qui restera soutenue à court terme, serait encore plus vive si les rigidités structurelles des pays membres étatient écartées, selon l'OCDE. Son chef économiste, Jean-Philippe Cotis, estime que le niveau de l'euro reflète la force de l'économie de la zone euro.

La reprise économique se confirme dans la zone euro mais sa consolidation suppose une accélération des réformes pour supprimer les "rigidités structurelles" et assainir les finances publiques des treize pays membres (avec la Slovénie depuis le 1er janvier), estime l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans un rapport publié ce jeudi. L'institution maintient dans ce rapport ses prévisions de l'automne en ce qui concerne la croissance du PIB de la zone euro : 2,6% en 2006, 2,2% en 2007 et 2,3% en 2008.

Cette croissance reste cependant encore "modeste" par rapport au reste de la zone OCDE, souligne le rapport qui rappelle que l'euro et la politique de la Banque centrale européenne (BCE) font souvent figure d'accusés, dans les pays de la zone. "Cette critique n'est pas véritablement fondée. Les problèmes économiques sont principalement structurels", estime l'OCDE. "Le plus important, pour la zone euro, est d'améliorer la croissance et la résilience en renforçant la flexibilité économique."

"La monnaie unique serait plus avantageuse pour tous" si les réformes structurelles susceptibles d'assurer cette flexibilité et "une meilleure intégration des économies", étaient mises en oeuvre, fait valoir l'OCDE. En effet, les économies les moins flexibles "ne tirent pas pleinement profit de la monnaie unique", souligne-t-elle. "Les rigidités structurelles ont tendance à freiner la croissance, à donner à l'inflation un caractère plus persistant et à réduire la capacité d'absorption de l'économie en cas de choc."

Selon l'OCDE, les priorités des pays de la zone sont : la réduction des rigidités du marché du travail et l'accroissement de la flexibilité des salaires; la stimulation de la concurrence, en particulier dans le secteur des services, "afin de réduire l'inertie de l'inflation et d'atténuer les pressions sur la politique monétaire"; la poursuite enfin de l'intégration et du développement des marchés financiers.

Pour l'OCDE, la reprise fournit d'autre part aux pays de la zone "une occasion exceptionnelle" de remettre leur politique budgétaire "dans le droit chemin". Une remise en ordre qu'elle juge "indispensable", car "les projets de budget actuels sont loin de réunir les conditions requises pour assurer la pérennité des systèmes de protection sociale", notamment face au vieillissement de la population.

Malgré les efforts engagés par certains pays comme la France ou l'Allemagne, le ratio dette publique/PIB n'a guère changé pour l'ensemble de la zone euro depuis l'introduction de la monnaie unique en 1999 et le déficit budgétaire global s'est même accru, fait valoir l'organisation. "Les États membres doivent s'efforcer davantage d'équilibrer leur budget et de rembourser leur dette", ajoute-t-elle.

L'OCDE préconise ainsi une application rigoureuse du pacte de stabilité et de croissance européen. "L'objectif principal (...) ne devrait plus être le respect du seuil des 3% (de déficits publics par rapport au PIB) mais l'équilibrage des budgets en termes structurels", estime-t-elle. Quant à l'euro, il a "incontestablement eu des effets positifs", jugent les auteurs du rapport, qui adressent un satisfecit à la BCE, tout en lui recommandant de renforcer sa communication pour améliorer la transparence de ses décisions.

"L'euro a plutôt préservé la zone euro", souligne de son côté le chef économiste de l'OCDE, Jean-Philippe Cotis, dans une interview à l'agence Reuter. "Globalement, sur la durée, la stabilité des prix a été assurée dans un contexte où il y a eu deux chocs pétroliers. Il n'est pas certain que chaque pays livré à lui-même aurait fait mieux." Jean-Philippe Cotis confirme par ailleurs s'attendre à deux nouvelles hausses des taux d'intérêt de la BCE, à la mi-2007 et début 2008. "C'est une police d'assurance, un dernier petit tour de vis à donner", explique-t-il.

Selon lui, "la question est de savoir si l'euro reflète la différence de conjoncture entre les Etats-Unis et la zone euro, ou bien si c'est quelque chose d'artificiel qui va peser sur la reprise (économique) (...) A ce stade, il me semble que (...) c'est un euro fort parce que l'économie est forte, et pas un euro articiellement fort qui va affaiblir l'économie (...) Si nous pensions qu'il y a une déconnexion (entre euro et économie), nous le dirions." L'euro s'est apprécié de plus de 10% par rapport au dollar ces douze derniers mois et de plus de 13% par rapport au yen.

"La politique monétaire de la BCE a réussi à ancrer les anticipations d'inflation sur l'objectif de stabilité des prix", poursuivent les experts du château de La Muette. "Les anticipations d'inflation à long terme sont plus stables dans la zone euro qu'ailleurs, ce qui peut être considéré comme un vote de confiance en faveur de la BCE."

Pour l'OCDE, l'inflation dans la zone euro "est fermement ancrée légèrement au-dessus de 2% malgré de fortes hausses des prix énergétiques". Elle estime cependant que les anticipations inflationnistes des ménages ont "légèrement augmenté" et que ce phénomène doit être "suivi de près, dans la mesure où il peut être annonciateur de tensions salariales".

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