Dans les ruines du bien et du mal

"The Good German" brouille les pistes du bien et du mal dans le Berlin en ruines de l'immédiat après-guerre.

Le petit génie du cinéma américain Steven Soderbergh s'attaque, souvent avec bonheur, à tous les genres. Cette fois, le réalisateur de "Sexe, mensonges et vidéo" aborde le film noir, dans tous les sens du terme, sur le fond (avec une foule d'intrigues ténébreuses qui s'entrecroisent dans le Berlin en ruines de l'immédiat après-guerre) comme sur la forme (en noir et blanc très sophistiqué). Avec pour interprètes un couple de stars, Georges Clooney - Cate Blanchett, enchaînés dans une relation passionnelle nimbée de mystère.

Le tout rappelle les grandes heures des Humphrey Bogart et autres Marlene Dietrich dans les films de studios à l'ambiance très léchée. En prime, Soderbergh s'ingénie à brouiller les pistes du bien et du mal, comme l'indique le titre du film, les bons sont à chercher du côté allemand, et les mauvais du côté des libérateurs, américains et russes.

Le film se situe pendant la conférence de Postdam, qui, en juillet 1945, réunit près de Berlin, les libérateurs, anglais, russes et américains pour discuter de l'occupation de l'Allemagne vaincue. Tout n'est que désolation alentour mais cela n'empêche pas les combinards de tous poils de mener leurs (sales) petites affaires, vaincus autant que vainqueurs, tous déterminés à se payer sur la bête.

Débarqué à Berlin pour suivre la conférence, le correspondant de guerre américain Jake Gishmer (Georges Clooney) est un peu trop curieux et prend une multitude de coups venus de toutes part. Son propre chauffeur n'est pas de reste, GI sans scrupules qui nage comme un poisson dans l'eau de ce marigot fétide, vend ses secrets aux Russes, trafique en tous genres et sert de maquereau à une allemande chic, Lena, devenu pute pour survivre. Or il se trouve que cette Lena (Cate Blanchett) est une vieille connaissance du reporter Jake avec qui elle a eu une liaison avant-guerre.

Lena cache plusieurs lourds secrets que Jake va s'ingénier à découvrir. Il y parviendra, non sans mal ni sans risques. L'un de ces secrets, qui n'en est pas le plus lourd, concerne son mari qu'elle cache car sa tête est mise à prix. C'est le seul témoin à charge contre un savant nazi, qui a exploité des déportés dans le camp de Dora pour mettre au point l'arme fatale. Or ce savant tortionnaire, les Soviétiques et les Américains se le disputent en ce début de guerre froide.

Qui des deux camps va l'emporter ? Les Américains, quitte à liquider le "bon allemand", témoin gênant des atrocités commises par le savant pendant la guerre. Les Américains sacrifiant "the good german" pour emporter le mauvais chez eux et marquer un point contre les soviétiques dans la course aux armements... Soderbergh n'y va pas de main morte. Mais son histoire n'est pas totalement dépourvue de fondements.

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