Grèves : premiers signes de déblocage à la SNCF et à la RATP

La RATP et la SNCF signalent que le taux de grévistes est en net recul au huitième jour du conflit. A l'issue d'un premier round de négociation, la présidente de la SNCF glisse que les discussions pourraient accélérer la reprise du trafic tandis que le leader des cheminots CGT estime que des premiers points ont été marqué. Le trafic reste toutefois perturbé et aucune amélioration n'est prévue jeudi à la RATP. A la SNCF, en revanche, de nombreuses assemblées de cheminots choisissent de suspendre la grève.

Au huitième jour, est-ce le début de la fin de la grève dans les transports contre la réforme des régimes spéciaux de retraite ? A l'issue de la première réunion tripartite, la présidente de la SNCF a estimé que "les discussions devraient permettre d'accélérer la dynamique de reprise du trafic". Anne-Marie Idrac indique qu'elle avait pris des "engagements immédiats" qui seront précisés lors des tables rondes ultérieures.

De son côté, Didier Le Reste, leader des cheminots CGT, souligne qu' "il y a des premiers points de marqués ce soir, il s'agit d'apprécier, il y a un nouveau cycle de négociations qui s'annoncent". Il ajoute: "je ne donne pas de consignes sur les modalités du mouvement de grève. Je considère qu'il y a eu un certain nombre d'avancées, d'annonces (...). Je demande aux cheminots de prendre connaissance de l'ensemble des éléments, de se réunir demain matin dans des assemblées générales".

La SNCF annonçait en tout cas en milieu de journée que le taux de grévistes descendait à 22,8% contre 27% mardi et parlait même d'une "reprise significative du travail": "près de quatre cheminots sur cinq sont à leur poste de travail", souligne la direction. Une cinquantaine d'assemblées générales de cheminots auraient décidé mercredi de suspendre la grève, selon la direction de l'entreprise, citée par l'AFP. Au Havre et à Dieppe, les cheminots ont voté la reprise du travail.

Toutefois, les prévisions SNCF et RATP pour jeudi 22 novembre restent équivalentes à celles d'aujourd'hui mercredi. Le trafic SNCF se révélait mercredi matin globalement "conforme aux prévisions", malgré une "action coordonnée de sabotage" (voir ci-contre) qui a entraîné des retards de une à trois heures sur les lignes TGV, avait auparavant indiqué la direction. Même son de cloche à la RATP avec selon la direction 16,4% de grévistes à la mi-journée contre 18,4% la veille.

Ce midi, à l'issue de la première séance de négociation à la RATP qui a duré plus de quatre heures, la CGT a déclaré qu'elle laisserait le personnel "apprécier" la situation. Selon elle, les discussions ont permis d'apporter "trois réponses": "le calendrier aborde l'ensemble des questions et il n'y a pas d'interdit", "le gouvernement est d'accord pour ne pas se borner au délai de négociation d'un mois sur les questions de pénibilité", et "dès lundi, le PDG de la RATP pourra faire des propositions sur l'intégration des primes dans le calcul de pensions".

Le syndicat FO (Force Ouvrière) a annoncé qu'il maintenait ses préavis de grève. Du côté de l'UNSA (autonomes), "c'était une réunion correcte: ni positive, ni négative. En face, il y a une volonté de sortir du conflit et de l'autre côté, des syndicats prêts à jouer le jouer.Un gouvernement qui jouerait la montre et ne tiendrait pas ses engagements prendrait le risque d'un nouveau conflit d'ici un mois".

Pour la CFDT, "il était évident qu'aujourd'hui on ne pouvait pas obtenir de grosses avancées: c'était une entrée en matière"."Les représentant de l'Etat ont répété les trois points non négociables: l'allongement à 40 ans de la durée de cotisation, la décote et l'indexation des pensions sur les prix".

Enfin, selon le PDG de la RATP Pierre Mongin, cette réunion s'est déroulée dans un "caractère constructif". Il annonce que la prochaine réunion aura lieu lundi. Selon lui, "il n'y a plus aucune raison dans ces conditions de prolonger la grève actuelle que subissent nos usagers de la RATP".

A la SNCF, la première réunion tripartite de négociations associant l'Etat, la direction de la SNCF et tous les syndicats sur les mesures d'accompagnement de la réforme des régimes spéciaux de retraite a débuté à 15h00. Un représentant de l'Etat à la table ronde SNCF a indiqué que "le ministère (du Travail) ne refuse pas que l'on évoque le cadrage" de la réforme des régimes spéciaux, ont affirmé à la presse des représentants syndicaux lors d'une suspension de séance en milieu d'après-midi.

"Le ministère ne refuse pas que l'on évoque au cours de cette table ronde le cadrage de la réforme", notamment l'harmonisation des régimes spéciaux de retraite avec celui de la fonction publique, ont indiqué des syndicalistes CFTC, FO et Fgaac vers 17h30. Pour Eric Falempin (FO), "c'est la première fois que les représentants de l'Etat en parlent aussi clairement, mais cela ne veut pas dire qu'il y aura des résultats" à l'issue de cette réunion.

De son côté, Bruno Duchemin (Fgaac), organisation non gréviste, a souligné qu'il ne s'agissait "pas d'un engagement très fort" et ajouté qu'il fallait "avant tout que l'entreprise donne quelque chose de concret, notamment l'élargissement de l'assiette pour le calcul de la pension aux primes". La CFTC a elle indiqué qu'elle "suspendra son préavis de grève en fonction de cette réunion" et mettra alors "en débat un autre préavis pour le 3 décembre".

Enfin, Sud Rail a estimé que "la réponse de la direction" lors de la table ronde "n'est pas satisfaisante" car selon son responsable, Christian Mahieux la SNCF "est simplement prête à proposer un calendrier de réunion pour mettre en oeuvre la réforme". Pour M. Mahieux, "l'essentiel ce sont les avis des assemblées générales qui se tiendront jeudi matin".

A cet égard, un mouvement de reprise a pu être observé dans les assemblées de cheminots tenus mercredi après-midi. Une cinquantaine d'assemblées générales de cheminots auraient ainsi décidé de suspendre la grève, a affirmé à l'Agence France Presse une source auprès de la direction de l'entreprise.

Il n'en demeure pas moins que le trafic ferroviaire sera de nouveau "perturbé" jeudi, malgré une "reprise significative" qui se traduira par la circulation de "2 TGV sur 3", 200 TER de plus que mercredi et une augmentation du nombre de Transilien. Selon un communiqué de la SNCF, "583 TGV seront en circulation (contre 400 mercredi) soit 2 TGV sur 3 sur l'ensemble du réseau". Le trafic sera "normal" sur le TGV Est et sur les TGV Paris Rennes. Le trafic TER "sera supérieur à celui de mercredi, avec 200 trains supplémentaires soit 1.500 au total plus 2.700 autocars".

En Ile-de-France, le réseau Transilien utilisé par les banlieusards "continuera d'augmenter avec des dessertes plus fréquentes sur certaines lignes et renforcées aux heures creuses la journée". Ainsi, le RER C sur l'axe Sud-Est - Sud-Ouest (Saint Martin d'Etampes, Dourdan la Forêt, Saint-Quentin en Yvelines, Versailles), sera desservi "avec un train tous les quarts d'heure". Sur l'axe Nord-Ouest (Pontoise), le RER C sera de nouveau assuré en direction de la Porte de Clichy. Le RER D assurera une liaison "au quart d'heure entre gare du Nord et Châtelet les Halles". Enfin, le RER E reliera toutes les 10 minutes Magenta à Haussmann Saint-Lazare (une station).

Du côté de la RATP, on prévoit là aussi pour jeudi un trafic toujours "très fortement perturbé" sur les lignes A et B du RER, et une rame sur trois ou quatre en moyenne sur la quasi totalité des lignes de métro. Des prévisions, autrement dit, inchangées par rapport au trafic de mercredi.

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