Provisions massives et pertes en vue pour Merrill Lynch

La banque d'investissement américaine va passer 5,5 milliards de dollars de provisions au titre des conséquences de la crise du crédit aux Etats-Unis. Elle terminera le troisième trimestre sur une perte, qui pourrait s'élever à 50 cents par action. Ce sera la première perte trimestrielle du groupe depuis six ans.

Coup de tonnerre dans le paysage bancaire américain: le géant de la banque d'investissement Merrill Lynch a annoncé ce vendredi que l'impact sur ses comptes de la crise des crédits immobiliers à risque subprime sera considérable. Selon les chiffres publiés avant l'ouverture de Wall Street, Merrill va devoir passer des provisions de 5,5 milliards de dollars environ.

Ce n'est pas vraiment une surprise, mais Merrill Lynch le reconnaît aujourd'hui: la crise qui a affecté les marchés de crédit cet été a "négativement affecté ses résultats" du troisième trimestre. Du coup, la banque d'investissement attend désormais une perte nette par action sur la période. Une perte qui pourrait aller jusqu'à 50 cents.

Cette perte, qui sera sa première perte trimestrielle en six ans, est inattendue. Jusqu'ici, les analystes tablaient sur un bénéfice de 1,24 dollar par action, contre 2 dollars l'année dernière. Mais la banque a dû passer de lourdes provisions sur ses positions dans différentes instruments financiers qui ont été particulièrement affectés par la tourmente des marchés: les CDO (collateralized debt obligations) et les créances hypothécaires à risques (subprime mortages).

Les difficultés dans ces domaines n'ont pu être compensées par la bonne tenue des opérations de Merrill Lynch dans ses autres métiers. Selon la banque, son activité a été soutenue durant le trimestre, avec des hausses de plus de 20% sur ses principaux métiers et des performances "solides" à l'étranger, notamment dans la région Pacifique. "En dépit d'une solide performance dans la plupart des nos activités au troisième trimestre, le marché a été beaucoup plus difficile dans certaines de nos activités obligataires-changes-matières première que nous l'avions prévu plus tôt au cours de ce trimestre", a reconnu le PDG du groupe, Stan O'Neal.

Et ce n'est pas tout: outre les mauvaises nouvelles sur les trois mois écoulés, la banque américaine n'est pas optimiste pour le quatrième trimestre. Elle précise en effet que l'évolution de ses activités reste difficile à prévoir.

Avec cette annonce, Merrill Lynch apparaît comme l'une des banques les plus affectées à ce jour. L'ampleur de ses problèmes a d'ailleurs amené la banque à se séparer voici quelques jours du responsable de sa division obligataire et de l'ancien co-responsable de sa banque d'investissement. Mais Merrill Lynch n'est pas le seul établissement affecté, loin de là. Parmi les grandes banques américaines qui se sont déjà exprimées, Citigroup va afficher un résultat net au troisième trimestre en recul de 60% sur un an, Bear Stearns verra son bénéfice chuter dans les mêmes proportions, tandis que Morgan Stanley s'en tirera mieux, avec un repli de 17% seulement.

En Europe, la première banque allemande, Deutsche Bank, verra ses résultats du troisième trimestre amputés de 2,2 milliards d'euros. Et plusieurs établissements de moindre importance sont passés tout près de la faillite, les allemandes SachsenLB et IKB et la britannique Northern Rock.

A Wall Street, les investisseurs gardent malgré tout leur sang froid. Dans un contexte porteur du fait des bons chiffres sur l'emploi pour le mois de septembre, l'action Merrill Lynch gagne 1,6% à 76 dollars en début de séance.

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