Ségolène Royal, "libérée", jongle avec les contradictions

Présente hier soir sur le plateau de l'émission "A vous de juger" sur France 2, Ségolène Royal, candidate PS à l'élection présidentielle, a "repris sa liberté" par rapport au Parti socialiste où elle se sent "coincée" depuis le retour des éléphants. Interrogée par Arlette Chabot, elle a également tracé les "grandes lignes" de son projet.

Libérée du carcan pachydermique du Parti socialiste, Ségolène Royal était l'invitée de l'émission politique "A vous de juger", jeudi soir. Pendant plus de deux heures, la présidente de la région Poitou-Charentes a décliné ses thèmes fétiches, encadrement militaire des jeunes délinquants et défense de la "valeur travail", mais s'est refusée à entrer dans les "questions techniques".

Rien de bien neuf n'est ressorti de l'émission d'hier soir. Entrée dans la dernière phase de sa campagne, Ségolène Royal a décidé de "reprendre toute sa liberté" par rapport à son parti d'origine. Dotée d'une capacité à ménager la chèvre et le chou remarquable, la candidate a admis avoir la "chance" de se sentir soutenue par une organisation politique comme le Parti socialiste, mais a concédé s'être sentie un peu "coincée" par le retour de ses anciens concurrents de la primaire, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn et leurs fidèles, à ses côtés.

L'ancienne ministre a réitéré sa vision d'une "société de solidarité" sur le principe du "gagnant-gagnant", rejetant tout concept d'assistanat car "aucun soutien ne peut être donné sans contrepartie". Elle a également fait part de son objectif premier si elle est élue: trouver un moyen "une fois pour toutes (que) le travail soit moins taxé que le capital".

Mais, dans le même temps, la candidate du PS s'est refusée à répondre à des "questions techniques" sur le financement des retraites et le rééquilibrage des prélèvements obligatoires, jugeant qu'elles relevaient plus d'un secrétariat d'Etat au Budget que de la présidence. "Je trace les grandes lignes", a-t-elle souligné en expliquant que le gouvernement agirait "comme il le voudra" sur la base de son programme présidentiel.

Numéro d'équilibriste

De même, Ségolène Royal a rejeté une généralisation des 35 heures par des mesures "imposées", et fait de la réduction de la dette publique une de ses priorités. Comment compte-t-elle y parvenir? Par des "économies sur les dépenses de l'Etat" et l'appui de la "relance économique". Mais aucune solution concrète n'a été avancée pour réaliser ce numéro d'équilibriste entre rigueur budgétaire et keynésianisme.

Concernant la présence de la gauche au second tour, Ségolène Royal a insisté: "tout dépend de moi, et c'est pourquoi ce combat est absolument crucial, et c'est pourquoi je suis déterminée à me faire comprendre des Français".

La remontée spectaculaire de François Bayrou dans les sondages et la position à adopter ont aussi été au centre des préoccupations du PS cette semaine. Mais la candidate Royal a balayé la menace que représente le candidat UDF par un "François Bayrou n'a pas de programme".

Ségolène Royal "n'a pas su dépasser le stade des généralités", a estimé l'UMP à l'issue de la prestation de la concurrente de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse et Luc Chatel, porte-parole du candidat-ministre, se sont étonnés de la "désinvolture affichée par la candidate socialiste à la veille d'une échéance décisive pour l'avenir de notre pays". Une critique attendue, à laquelle vient s'ajouter celle, très acerbe, d'Eric Besson, ancien secrétaire national du PS à l'Economie.

Le Figaro publie en effet aujourd'hui des extraits d'un livre extrêmement critique de celui qui a claqué la porte du PS le mois dernier. Eric Besson y confie ne "pas souhaiter pour [son] pays" la victoire de la présidente de Poitou-Charentes et même la "redouter pour ses enfants". Le député de la Drôme dresse un portrait assassin de Ségolène Royal et met en avant le "populisme", le "poujadisme" et la "démagogie" de la candidate. Cette dernière a qualifié la publication du livre en question de "péripétie".

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