Londres veut choisir une technologie pour produire du nucléaire

Le gouvernement a entamé des consultations auprès des milieux industriels mais aussi des usagers et des associations environnementales pour décider dès cette année de la construction de nouveaux site. Il doit remplacer un tiers de ses centrales, dont 23 nucléaires, au cours de la prochaine décennie.

La Grande-Bretagne veut commencer à réfléchir aux technologies de nouvelles centrales nucléaires et prévoit de prendre une décision sur l' éventuelle construction de réacteurs d'ici à la fin de l'année, a indiqué hier le secrétaire britannique du commerce et de l'industrie, Alistair Darling devant le Parlement.

Le gouvernement a l'intention de consulter le secteur industriel, mais aussi les usagers et les associations environnementales d'ici au 10 octobre sur les besoins en matière nucléaire. Il commencera également à travailler sur la question des "pré-licences" pour les réacteurs. Le Royaume uni prévoit de remplacer un tiers de ses centrales électriques, y compris ses 23 centrales nucléaires, au cours de la prochaine décennie. Une part plus importante consacrée à l'atome permettrait de compléter la palette énergétique tout en limitant les émissions de dioxyde de carbone responsables des dérèglements climatiques. Le premier ministre Tony Blair s'est à cet égard fixé l' objectif de réduire d'un quart les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020, ce qui implique de diminuer le recours au charbon.

Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement prévoit d'augmenter ses investissements de 39 milliards de dollars dans la production d'électricité. Alistair Darling a d'ailleurs prévenu que le processus de "pré-licence" pour la conception de nouveaux réacteurs serait lancé avant la conclusion des consultations. Chez Toshiba, Masao Niwano, vice president du groupe, on ne cache pas son enthousiasme : "Nous sommes déjà très engagés" dans cette phase des projets britanniques et "nous sommes très impatients de continuer à travailler avec le gouvernement du Royaume Uni et les services d'intérêt général afin de leur procurer une énergie propre sur le long terme".

Outre le nippo-américain Toshiba Westinghouse Electric, le Canadien AECL, le Français Areva et l'Américain General Electric (GE) ont déjà déclaré qu'ils cherchaient à faire adopter leurs technologies. E.ON et EDF ont également exprimé leur intérêt pour le marché britannique. Tout comme Suez (censé fusionner avec Gaz de France).

De son côté British Energy Group est en quête de partenaires pour remplacer ses usines sur ses sites atomiques actuels. Hier la branche britannique de E.ON a indiqué vouloir soutenir les technologies de Areva et Westinghouse. Mais le gouvernement britannique est également en discussion avec GE.

De leur côté les associations environnementales plaident pour que le gouvernement apporte son soutien aux fermes éoliennes, à l'énergie maré-motrice et aux panneaux solaires. La Grande-Bretagne ambitionne de produire 10% de son électricité grâce aux énergies renouvelables d'ici à 2010 et 20% dix ans plus tard. "L'actuelle stratégie énergétique du gouvernement ne va nous placer sur le chemin de réductions (d'émissions) nécessaires pour lutter contre le changement climatique", a tempété John Sauven, directeur chez Greenpeace. "Nous avons besoin d'une politique qui transforme la façon de consommer l'énergie", a-t-il dit.

EDF et Areva sur les rangs pour le marché nucléaire britannique
Le groupe énergétique français EDF s'est dit prêt à proposer aux autorités britanniques un modèle de centrale nucléaire EPR avec Areva. "EDF soumettra, le moment venu, aux autorités britanniques compétentes, conjointement avec Areva, une demande de certification d'un modèle de centrale EPR du même type que celle en cours de construction en Normandie à Flamanville", a indiqué le groupe français dans un communiqué.
Cette annonce intervient alors que le gouvernement britannique précise actuellement la teneur de sa politique énergétique. Le Premier ministre Tony Blair, qui quittera ses fonctions le 27 juin, a aussi fait part de son souhait de relancer les centrales nucléaires de nouvelle génération. Dans ce contexte, EDF est "déterminé à apporter son expérience et ses compétences au service des projets britanniques", a souligné son PDG Pierre Gadonneix, cité dans le communiqué. "Notre filiale en Grande-Bretagne est en contact avec les autorités britanniques compétentes, notamment les autorités de certification", a indiqué un porte-parole d'EDF, soulignant que le processus en était "au tout début". Un quart de l'électricité britannique est produite par une vingtaine de centrales nucléaires qui datent des années 1960 et 1970, alors que les ressources britanniques offshore en gaz et en pétrole semblent en voie d'épuisement. Fin avril, EDF avait affirmé être en pourparlers avec la société de production d'énergie nucléaire British Energy, détenue en partie par l'Etat britannique, pour la construction d'une centrale nucléaire en Grande-Bretagne, la première de ces 30 dernières années. Contacté, le groupe nucléaire public français Areva n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter l'annonce d'EDF. En consortium avec l'allemand Siemens, Areva construit déjà en Finlande le premier réacteur nucléaire de troisième génération EPR (European Pressurised water Reactor), qui sera opérationnel au tournant 2010-2011. Le projet s'élève à environ 3 milliards d'euros.

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