Lagardère veut réduire la voilure pour doper la rentabilité de son pôle magazines

Le géant français des médias a annoncé cet après-midi son intention de restructurer en profondeur sa branche magazines. Ce chantier, qui vise essentiellement à rationaliser le portefeuille de titres du groupe pour en améliorer la rentabilité, pourrait durer deux ou trois ans aux dires d'Arnaud Lagardère.

Faut-il encore être le leader mondial du support magazine? A cette question, Arnaud Lagardère, le patron du groupe de médias éponyme, répond par la négative. "C'est une époque révolue, le modèle géographique d'aller partout et de courir à la taille n'est plus le bon", a-t-il expliqué aux membres de l'Associations des journalistes médias réunis cet après-midi à Paris.

Le temps est semble-t-il venu pour l'empire fondé par Jean-Luc Lagardère de réduire la voilure pour se concentrer sur des segments à forte rentabilité. Confronté à l'essoufflement de son pôle magazines avec sa filiale HFM, le groupe Lagardère planche en effet sur une profonde réorganisation de cette activité. "Les changements sont inévitables (...). Il y aura une rationalisation du portefeuille en termes de titres et en termes géographiques", a expliqué Arnaud Lagardère.

Les détails de cette rationalisation seront dévoilés le 25 janvier prochain à l'occasion d'une réunion d'analystes par Didier Quillot, qui depuis l'automne dernier a pris les rênes des activités du groupe Lagardère dans l'audiovisuel et Internet, auxquelles a été adossée la branche magazine. A cette occasion, l'ex-patron d'Orange devrait notamment indiquer à quel horizon Lagardère réalisera 15% de ses revenus dans le numérique, objectif affiché à son arrivée en poste. Outre les rationalisations, qui prendront "deux ou trois ans", Didier Quillot sera également chargé de développer le groupe, notamment via des acquisitions sur Internet ou dans la radio en dehors de l'Hexagone.

Arnaud Lagardère a toutefois révélé les grandes lignes du chantier qui s'ouvre. Ainsi, des titres seront arrêtés ou vendus et "dans un certain nombre de pays, nous passerons d'un mode de développement propre à un mode de licence", a-t-il précisé, en soulignant toutefois que la rationalisation ne concernait pas la France, les Etats-Unis, l'Espagne ou la Chine.

"Nous allons nous concentrer sur un nombre de lignes éditoriales plus réduit comme les femmes, la décoration et l'automobile", a-t-il dit. Arnaud Lagardère a en outre souligné qu'il n'appliquerait pas de critères financiers stricts mais plutôt "le critère de la position de leader". A titre d'exemple, il a estimé que le Journal du Dimanche "a toujours coûté de l'argent au groupe et continuera à coûter de l'argent". De même, le mensuel de cinéma Première va bénéficier "d'une nouvelle chance".

Le groupe n'a "pas encore arrêté sa décision" vis-à-vis de ses titres de presse quotidienne régionale et sur sa participation de 49% dans le distributeur de presse NMPP, avec laquelle "il gagne de l'argent".

Concernant la vente du journal économique Les Echos, "on va être comme tout le monde, on va regarder", a indiqué Arnaud Lagardère, en ajoutant qu'il en serait de même pour le quotidien sportif L'Equipe, "si la famille Amaury souhaite le céder".

Dans l'audiovisuel, Arnaud Lagardère, qui détient 20% dans Canal Plus France, le nouvel ensemble né de la fusion entre la chaîne cryptée et TPS, revendique une stratégie consistant à "être le moins clair possible". "Cela nous permet de bouger et d'être là où on ne nous attend pas. Vous verrez dans les mois qui viennent", a-t-il prévenu, sibyllin, en estimant que "pour être grand il faut savoir être petit". "France 2 et les grandes chaînes hertziennes gratuites ne nous intéressent pas. Le seul modèle qui peut nous intéresser est le payant", a-t-il toutefois précisé.

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