Dérapages des dépenses de santé : les Français hostiles aux franchises

Selon un sondage CSA publié par Le Parisien, pour plus de 6 Français sur 10 l'instauration de franchises non remboursables sur les soins de santé serait "plutôt une mauvaise chose". Les médecins craignent pour leur part des obstacles à l'accès aux soins.

Le gouvernement va devoir recourir à la pédagogie pour faire accepter aux Français l'entrée en vigueur de nouvelles franchises sur les soins de santé. A celles existant aujourd'hui ( franchise de 1 euro sur toute consultation médicale et franchise de 18 euros sur les actes chirurgicaux), le gouvernement entend ajouter, à compter de 2008, quatre nouvelles franchises non remboursables conformément aux engagements pris par Nicolas Sarkozy lors de la campagne électorale.

Dans un sondage publié ce lundi par Le Parisien, 61% des Français estiment que l'instauration de franchises non remboursables sur les soins de santé, prévue par le gouvernement pour réduire le déficit de l'assurance maladie, serait "plutôt une mauvaise chose". 34% des Français estiment que cette proposition est "plutôt une bonne chose", et 5% ne se prononcent pas sur la question, selon ce sondage CSA. Les insatisfaits sont plus nombreux chez les employés (65%), les ouvriers, chômeurs (69%) et les professions intermédiaires (72%) que chez les cadres et professions libérales (55%).

Hier, Roselyne Bachelot, la nouvelle ministre de la Santé a néanmoins indiqué sur Europe 1 que quatre nouvelles franchises seraient inscrites dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008 (PLFSS). La ministre a évoqué un montant de 10 euros par franchise et par "foyer", lesquelles concerneraient les médicaments, les prises de sang, les consultations médicales et l'hôpital.

Les médecins eux-mêmes craignent que l'instauration de nouvelles franchises constitue un obstacle à l'accès aux soins, en particulier des assurés les plus pauvres. "La franchise médicale a deux inconvénients: le premier, c'est qu'elle risque de retarder l'accès aux soins des plus démunis, notamment aux soins primaires dispensés par le médecin généraliste. Le second inconvénient, c'est qu'avec le montant évoqué par Roselyne Bachelot, ces franchises seront de toute façon largement insuffisantes pour équilibrer les comptes, ce n'est pas un mécanisme de régulation", a déclaré Michel Chassang, président de la CSMF, premier syndicat des médecins libéraux à l'AFP.

Cette question des franchises a suscité la semaine dernière un premier couac dans l'équipe gouvernementale. Martin Hirsh, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté (et ex président d'Emmaüs France), avait estimé que l'instauration des franchises n'était pas une bonne chose en particulier pour les plus pauvres avant de se dire "rassuré" par les précisions qui lui avaient été apportées par le gouvernement.

Roselyne Bachelot a précisé qu'elle allait travailler sur ce point avec Martin Hirsh "pour mettre en place des garde-fous, pur prendre toutes les précautions qui s'imposent". Pour Roselyne Bachelot "il ne faut pas envisager ces franchises sous l'angle d'un rationnement des soins mais sous celui de la responsabilisation des patients".

En tout état de cause, avant l'instauration de ces nouvelle franchises, le gouvernement va devoir prendre des mesures pour enrayer le dérapage observé depuis le début de l'année et ce même ci le dynamisme des recettes devrait permettre de tenir l'objectif d'un déficit de la Sécu à 8 milliards d'euros cette année.

Pour l'instant de nouveaux déremboursements de médicaments semblent exclus, les pouvoirs publics semblant vouloir privilégier la piste d'une baisse du taux de remboursement des malades qui choisissent de se soigner sans recourir au médecin traitant ou en modifiant les tarifs des spécialités médicales telles que la radiologie. A plus long terme, le question du financement de la Sécu sera aussi traitée par l'éventuelle mise en place d'une TVA sociale. Une commission de réflexion devant plancher sur e sujet sera installée avant l'été.

Latribune.fr

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