"Il Sant'Alessio", somptueux opéra religieux

Gravité et faste baroque sont les maîtres mots de cet opéra de Stefano Landi, qui fait escale au Théâtre des Champs Elysées cette semaine, magnifiée par le tandem William Christie / Benjamin Lazar.

"J'ai trouvé sous l'escalier paternel une cachette étroite mais paisible". C'est là, sous cette "échelle vers Dieu" qu'Alessio, aristocrate bien né, dompte ses sens et élève ses pensées. Il finira par trouver un ultime réconfort dans la mort, sous le regard absent de sa famille qui le pleure depuis longtemps déjà, le croyant en Palestine. L'épouse, la mère et le père découvriront trop tard la réelle identité du mendiant qu'ils côtoyaient, apprenant - grand soulagement- qu'il est mort dans la joie de l'élévation spirituelle. Il Sant'Alessio est né.

Drame religieux, dont le livret a été confié au début des années 1630 au jeune prélat Giulio Rospigliosi, futur pape Clément IX, "Il Sant'Alessio" est une oeuvre remarquable en premier lieu pour sa gravité, si ce n'est son austérité.

A l'époque de sa création, l'oeuvre composée par Stefano Landi était toutefois destinée à être jouée lors du Carnaval de Rome, accompagnée d'une impressionnante machinerie, faisant ici atterrir un Ange ou là passer la Religion triomphante, dans son char, au milieu des nuages...

Le metteur en scène Benjamin Lazar, assisté de Louise Moaty, a pris le parti de recréer partiellement ces conditions carnavalesques, à travers une gestuelle du début du XVIIe siècle italien, des pirouettes arlequines exécutées par des pages de maison ou bien encore quelques effets pyrotechniques démoniaques. Les costumes d'Alain Blanchot, la chorégraphie de Françoise Denieau et les décors palladiens d'Adeline Caron, inspirés des gravures de l'époque, viennent ensemble illustrer magnifiquement ce contexte esthétique.

Ces effets ne sont là cependant que par contraste, comme pour souligner l'intimité du drame qui se noue sous nos yeux, éclairé de main de maître à la bougie par Christophe Naillet -déjà responsable il y a quelques années de la très belle lumière du "Bourgeois Gentilhomme" mis en scène par Benjamin Lazar.

Remontant également aux origines de l'oeuvre, William Christie - qui dirige ici tout en délicatesse ses Arts Florissants - a confié toute la distribution, y compris les rôles féminins, à des chanteurs exclusivement masculins, dont neuf contre-ténors. Philippe Jaroussky, vibrant Sant'Alessio, est plus émouvant et juste que jamais, suivi de près par Max Emmanuel Cencic (l'Epouse), et Alain Buet (le Père).


"Il Sant'Alessio" de Stefano Landi, les 21, 23 et 24 novembre au Théâtre des Champs Elysées. Tél: 01.49.52.50.50. www.theatrechampselysees.fr.
Puis à Nancy les 24, 25, 27, 29 et 30 janvier 2008. A Luxembourg les 14 et 16 février 2008.
Réédition CD (Warner Classics & Jazz).

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