Coopération franco-libyenne dans le nucléaire civil

La France et la Libye ont signé mercredi plusieurs accords de coopération, dont un "memorandum d'entente" dans le domaine du nucléaire civil et un accord portant sur l'industrie de défense, à l'occasion de la visite du président français à Tripoli.

Au cours de sa visite-éclair à Tripoli, le président Nicolas Sarkozy et le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, ont présidé à la signature de plusieurs accords qui interviennent au lendemain de la libération de cinq infirmières bulgares et d'un médecin palestinien détenus en Libye depuis plus de huit ans. "L'objectif est de coopérer en vue de l'installation en Libye d'un réacteur nucléaire pour fournir de l'eau potable à partir d'eau de mer dessalinisée", a expliqué le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui accompagne le chef de l'Etat.

Ce "mémorandum d'entente sur la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire" est l'un des documents signés par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui accompagne le président français, avec son homologue libyen Mohammed Abdel-Rahman Chalgam. Claude Guéant a souligné que c'était "un signal fort". "Cela signifie qu'un pays qui respecte les règles internationales peut accéder à une industrie nucléaire civile", a-t-il dit.

Une allusion claire à l'Iran, qui est accusé de ne pas respecter les règles internationales en matière de non prolifération nucléaire. La Libye a annoncé de son côté en 2003 qu'elle renonçait à développer des armes de destruction massive.

Le secrétaire général de l'Elysée a précisé qu'une "mission de faisabilité" était venue en Libye "il y a trois semaines-un mois" pour "un premier repérage" sur la possibilité de fournir ce réacteur. "C'est possible", a-t-il ajouté. "Mais il y a encore beaucoup de travail à faire, il faut étudier les modalités, les capacités et voir s'il y a du personnel disponible ou s'il faudra le former", a encore déclaré Claude Guéant. Selon lui, la mission était notamment composée d'experts d'Areva, leader mondial du nucléaire, et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Il a laissé entendre qu'Areva pourrait fournir ce réacteur.

"Pour les centrales nucléaires, il n'y a pas cinquante constructeurs en France, il n'y a en qu'un seul, c'est Areva", a-t-il dit, ajoutant: "il le fait plus ou moins avec EDF selon les sites." Selon lui, "il n'y a aucun obstacle à ce que ce projet se réalise, dans la mesure où la Libye respecte tous les traités internationaux sur la sûreté nucléaire et sur le contrôle des installations nucléaires".

Le Premier ministre libyen Al Hamidi Al Baghdadi a pour sa part déclaré, en marge des entretiens entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi, que cette coopération prendrait "au moins cinq-six ans". Un porte-parole d'Areva avait déclaré mercredi que le groupe avait bien été sollicité, en ajoutant toutefois que rien ne pourrait se faire sans accord bilatéral et sans agréments internationaux. Un membre de l'administration Bush a déclaré mercredi qu'en première approche, les Etats-Unis ne voyaient pas de problème à la signature de ce memorandum. "Si toutes les précautions sont prises et que c'est à des fins civiles, ce n'est pas un problème", a-t-il expliqué, sous condition de l'anonymat, rapporte l'Agence Reuter.

Outre ce memorandum, Bernard Kouchner a signé avec son homologue libyen un accord cadre de partenariat et un accord de coopération en matière de défense et d'industrie de défense, a déclaré David Martinon, porte-parole de la présidence de la République. De son côté, le secrétaire d'Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel, a signé avec son homologue libyen un accord de coopération dans le domaine de la recherche scientifique, un autre dans celui de l'enseignement supérieur et un programme triennal de mise en oeuvre de la coopération culturelle, scientifique et technique.

Mi-janvier, le gouvernement français avait démenti une information du Journal du Dimanche qui écrivait que Tripoli voulait acheter entre treize et dix-huit avions de chasse Rafale, fabriqués par Dassault, pour un montant évalué à 2,5 milliards d'euros.

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