Très isolé, François Bayrou lance son Mouvement démocrate

Le chef de file de l'UDF a confirmé le lancement d'un nouveau parti, le Mouvement démocrate, qui participera aux prochaines législatives. Si très peu de députés nationaux le suivent, il a reçu le soutien en revanche de Corinne Lepage (Cap 21) ou de Jean-Luc Bennahmias, député vert européen.

Adieu l'UDF, bonjour le Mouvement démocrate. Comme prévu, François Bayrou a appelé ce jeudi à la création d'une "force politique nouvelle, indépendante", le Mouvement démocrate, affirmant sa volonté de "résister" aux "pressions" qui expliquent selon lui les ralliements de la plupart des députés centristes à Nicolas Sarkozy. "Rien n'est plus important que de bâtir en France un contre-pouvoir libre", a déclaré François Bayrou, "troisième homme" de la présidentielle, qui ambitionne de prolonger aux législatives de juin son élan du premier tour (18,57%).

Au conseil national de l'UDF, à la Mutualité à Paris, le leader centriste était entouré de sénateurs et députés européens, mais seulement d'une poignée de députés nationaux (Jean Lassalle, Anne-Marie Comparini, Gérard Vignoble et Gilles Artigues).

Au même moment, un de ses anciens lieutenants, Hervé Morin, chef de file des députés UDF, était ostensiblement auprès du président-élu, Nicolas Sarkozy, de même que le ministre de l'Education, Gilles de Robien, et le député André Santini. Nicolas Sarkozy a souhaité la constitution d'un "pôle centriste" au sein de la majorité présidentielle.

Le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, Hervé Morin, a d'ailleurs confirmé jeudi la rupture avec François Bayrou indiquant, après avoir été reçu par Nicolas Sarkozy, ne plus avoir "de contacts" avec le président centriste. De nombreux députés UDF dépendent d'accords locaux avec l'UMP pour leur réélection et l'UMP a annoncé qu'il investirait des candidats contre les sortants UDF ne rejoignant pas la majorité présidentielle, et notamment contre François Bayrou.

De son côté, Jean-Louis Bourlanges, député européen UDF, est venu dire "au revoir" à ses amis centristes qui ont choisi de lancer un Mouvement démocrate "indépendant" plutôt que de rejoindre la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. "C'est avec une profonde émotion que je m'exprime devant vous (...) après tant d'années que nous avons vécues ensemble, pour vous dire au revoir", a-t-il déclaré.

Appelant à éviter "les anathèmes", il a toutefois reproché aux partisans du président de l'UDF François Bayrou de "s'enfermer dans la plus sympathique mais la plus tragique des impasses stratégiques". "Si nous estimons que nous pouvons vivre sans allié, que nous pouvons vivre sans relation privilégiée, soit avec la droite soit avec la gauche, nous allons payer un prix électoral et la France va subir un prix politique", a-t-il jugé.

Les conseillers nationaux présents (plus d'un millier) au conseil de l'UDF devaient avaliser par un vote à bulletins secrets la mise sur orbite du Mouvement démocrate, qui présentera ses candidats sous cette étiquette aux élections législatives des 10 et 17 juin. Toutefois, le parti ne sera formellement créé que lors d'un Congrès "à l'automne".

L'UDF sera "une force constitutive" de ce Mouvement, qui a vocation à accueillir d'autres personnalités physiques ou morales, comme le mouvement écologiste de Corinne Lepage Cap 21, ou Jean-Luc Benahmias, député européen et ancien secrétaire national des Verts, qui ont déjà annoncé leur participation. "L'UDF ne disparaît pas, elle décide de se dépasser", a expliqué François Bayrou, affirmant avoir déjà reçu "22.000 demandes d'adhésion".

"Nous ne sommes pas des opposants systématiques, nous sommes des hommes et des femmes libres", a-t-il assuré. "Nous voulons des parlementaires (...) qui décideront en conscience, décidés à voter oui si les textes sont justes, non s'ils sont injustes", a-t-il dit. "Je sais quelle va être la difficulté extrême du combat électoral", a reconnu François Bayrou, évoquant une "situation de risque consenti". Selon un sondage BVA, le Mouvement démocrate n'aurait que 8 à 13 députés à l'issue des législatives, contre 29 aujourd'hui pour l'UDF.

François Bayrou, objet de toutes les attentions de la candidate socialiste Ségolène Royal entre les deux tours de la présidentielle, a tenu à démentir toute alliance à gauche pour les législatives, qualifiée de "sornette". "Je n'ai pas quitté l'allégeance d'un côté pour aller m'enfermer dans l'allégeance de l'autre", a-t-il assuré, sous les applaudissements d'une salle majoritairement acquise à sa cause. "Ce qui nous intéresse, c'est pas les sortants, c'est les entrants", a-t-il lancé, bravache, à l'attention des députés qui l'ont lâché.

S'il n'a pas voulu les condamner, il a affirmé sa "conviction profonde" qu'"il est plus juste, plus loyal, plus prometteur, plus important de résister" quand "on subit des pressions". Il a aussi prédit que le "rassemblement" annoncé par Nicolas Sarkozy "n'aura pas de légitimité", car "si on a vendu l'affrontement, on ne peut pas faire le rassemblement".

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