Des voix s'élèvent pour une consolidation du secteur bancaire allemand

Plusieurs personnalités du secteur financier allemand se sont prononcées ce mardi en faveur d'une accélération de la consolidation du secteur bancaire, aujourd'hui cloisonné entre banques privées, banques publiques et caisses d'épargne, et établissements mutualistes. Pour de nombreux observateurs, la fragmentation des banques allemandes expliquent en effet en partie leur faiblesse en cas de crise.

Plusieurs personnalités du secteur financier allemand se sont prononcées en faveur d'une accélération de la consolidation du secteur bancaire du pays. "La situation est sérieuse", a notamment estimé le ministre des Finances social-démocrate (SPD), Peer Steinbrück, en allusion aux turbulences traversées récemment par les banques, lors d'un congrès bancaire à Francfort ce mardi. Pour lui, le secteur bancaire allemand, encore très fragmenté, peut tirer partie de l'agitation actuelle pour reposer la question de sa consolidation, un thème récurrent dans le pays.

Deux instituts allemands, la banque publique régionale SachsenLB et le spécialiste du financement aux PME, IKB, ont frôlé la crise suite à des investissements hasardeux sur le marché du "subprime" et n'ont dû leur salut qu'à une intervention massive d'autres banques et caisses d'épargne allemandes. "Je ne suis pas le seul à penser [que l'Allemagne] a besoin de plus d'une ou deux banques concurrentielles au niveau international", a fait savoir le ministre. Par conséquent, "il est juste que la consolidation soit à l'ordre du jour, en particulier en ce qui concerne les Landesbanken, les banques publiques régionales", a-t-il estimé.

Les Landesbanken ont déjà connu un rapprochement surprise récemment, lorsque la LBBW s'est emparée de SachsenLB pour lui éviter de devoir mettre la clé sous la porte. Le paysage bancaire du pays reste divisé en trois branches - banques privées, banques publiques et caisses d'épargne, et établissements mutualistes - aux cloisons quasi-étanches. Quant à la question de la vente de la participation de 38 % de la banque publique KfW, bras financier de l'Etat, dans IKB, Peer Steinbrück a estimé qu'elle n'était pas "taboue", mais que la question était de savoir "comment" et "à quel prix".

Le ministre des Finances avait déjà estimé dans une interview publiée dimanche par le Tagesspiegel que les retombées de la crise du "subprime" sur les banques allemandes montraient qu'une concentration plus forte du secteur était souhaitable. "Les marges bénéficiaires tirées des activités bancaires ordinaires sont si faibles qu'un nombre grandissant d'institutions investissent dans des produits à marge et risque élevés qu'elles ne comprennent pas", avait alors expliqué Peer Steinbrück.

"Je partage l'évaluation de M. Ackermann [patron de Deutsche Bank], qui a dénoncé des erreurs de gestion dans cette crise", a-t-il indiqué ce mardi. Plus tôt, Josef Ackermann avait lui aussi plaidé en faveur d'une consolidation, expliquant que la fragmentation des banques allemandes expliquaient en partie leur faiblesse en cas de crise. Pour lui, cela pourrait passer par une coopération entre les établissements.

Le président de la Fédération des caisses d'épargne (DSGV), Heinrich Haasis, a exprimé un point de vue légèrement différent. Si se prononce pour le rapprochement entre Landesbanken, il s'oppose à ce que ces dernières passent sous le giron de leurs consoeurs privées. Il a une nouvelle fois plaidé en faveur d'une fusion de LBBW avec WestLB, actuellement affaiblie par un scandale financier, et, en marge du congrès, il a répété son opposition à une vente de la part de 38% détenue directement et indirectement par l'Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dans WestLB à un investisseur privé.

La presse allemande avait fait état mardi de discussions avec le fonds d'investissement américain JC Flowers, ce qu'Heinrich Haasis a jugé peu probable. Selon Reuters, Commerzbank, deuxième banque allemande cotée en Bourse, est intéressée par le rachat des 38% du capital de la banque publique régionale WestLB détenus par le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Le quotidien allemand Westdeutsche Allgemeine Zeitung rapporte dans un article à paraître ce mercredi, citant des sources du Land, que le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie a rencontré le président du directoire de Commerzbank, Klaus-Peter Müller, pour discuter d'un éventuel accord. Une porte-parole du ministère des Finances du Land a refusé de commenter le dossier.

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