RusAl devient officiellement le numéro un mondial de l'aluminium

La fusion entre les producteurs russes RusAl, SuAl ainsi que les activités dans le secteur de la maison de négoce suisse Glencore est entérinée depuis ce mardi. Elle donne naissance à un nouveau monopole russe de l'aluminium produisant 4 millions de tonnes de métal blanc par an, davantage que le géant américain Alcoa. Prochaine étape, l'introduction en Bourse, de ce nouvel empire industriel russe contrôlé par l'oligarque Oleg Deripaska.

Au cours des derniers mois, il fallait souvent se reprendre en parlant du - nouveau - numéro un mondial de l'aluminium. Officiellement, le titre était en effet toujours détenu par les américains de Alcoa, leurs concurrents russes RusAl et SuAl n'ayant pas officiellement signé les bans devant les unir. Leur union est toutefois quasiment réalisée puisqu'elle a reçu la bénédiction des autorités de la concurrence russes et européennes.

Voilà qui est fait depuis hier. Le rassemblement des deux groupes métallurgiques russes - ainsi que les activités du groupe de négoce suisse Glencore dans l'alumine, matériau intermédiaire d'où est tiré le métal blanc - donne officiellement naissance à un producteur à même de produire 4 millions de tonnes d'aluminium par an. Ce qui lui permet de coiffer au poteau aussi bien Alcoa - qui en produit environ 3,6 millions de tonnes - que le canadien Alcan, qui électrolyse annuellement 3,5 millions de tonnes de métal. Ceci sans compter sa mainmise sur 16 % de la production mondiale d'alumine - et affichant un chiffre d'affaires de quelques 12 milliards de dollars.

Baptisé United Company RusAl, le groupe, formé de quatre mines de bauxites, dix raffineries d'alumines et 14 fourneaux d'aluminium - ainsi que plusieurs centrales électriques pour les alimenter - emploiera plus de 100.000 personnes dans dix-sept pays. Son capital sera contrôlé aux deux tiers par les anciens actionnaires de Rusal - c'est-à-dire l'oligarque Oleg Deripaska - et à 22 % par ceux de SuAl. Ces derniers sont emmenés par les milliardaires Viktor Vekselberg et son partenaire Len Blavatnik, qui détenaient jusque là environ un tiers de leur groupe.

Tous ces hommes clefs du secteur métallurgique russe siégeront évidemment au conseil d'administration du nouveau géant, tout comme Ivan Glasenberg, le PDG de la maison de négoce de matières premières basée dans le canton de Zoug. Cette dernière hérite des 12 % restant du nouveau RusAl.

L'officialisation de cette fusion ouvre maintenant la voie à la cotation en Bourse du nouveau géant. Evoquée depuis des années par Oleg Deripaska, cette arrivée sur les marchés de RusAl, est devenue l'un des serpents de mer de la scène financière russe. Les responsables de ce qui apparaît de facto comme un nouveau monopole de l'aluminium en Russie se sont contentés d'indiquer que ceci aurait lieu "rapidement" et qu'il espérait pouvoir afficher une capitalisation boursière de 100 milliards de dollars. Soit un les deux cinquièmes de celle du géant du gaz naturel Gazprom et trois fois plus que Norilsk, l'empire du nickel.
Si aucune précision n'a été apportée sur le lieu de cotation, des responsables de RusAl avait indiqué l'automne dernier viser une cotation à Londres "dans les dix-huit mois".



Oleg Deripaska va investir 2 milliards de dollars dans la station de Sotchi
Bien loin paraît l'époque où une ombre sulfureuse entourait le jeune "tycoon" de l'aluminium russe en raison de liaisons pour le moins dangereuses - parmi lesquels l'affairiste Mikhaïl Tchernoï - tissées lorsque les usines métallurgiques se négociaient avec l'aide de gangs armés au début des années 90. Au point que celui-ci dût subir l'affront en 2002 d'être déclaré indésirable au Forum de Davos, grand messe des décideurs économiques mondiaux.
Les facettes de la personnalité d'Oleg Deripaska sont perçues de manière contrastée en Russie : les ouvriers des anciennes unités de production d'aluminium assurant la survie de villes industrielles isolées des confins sibériens voient surtout en lui le sauveur ayant garanti la survie de leurs villes industrielles isolées aux confins de la Sibérie... et alors que l'URSS s'est écroulée. Ceci a peut être facilité la négociation du virage de l'ère Poutine pour ce proche de Boris Eltsine - il a épousé la fille de son gendre - dont le moindre des talents fut de pouvoir devenir l'un des responsables économique les plus proches de l'actuel maître du Kremlin. Exilé à Londres ou emprisonné dans un camp sibérien, nombre d'oligarques de la première heure ne peuvent en dire autant.
Devenu patron d'une véritable multinationale - à l'égal d'un Lakshmi Mittal - celui qui a grandi dans un banal kolkhoze du sud de la Russie, avant de gagner la capitale pour suivre des études d'ingénieur nucléaire-ci, n'hésite plus à mettre en avant ses efforts de mécenatainsi que la diversification de ses investissements. Le baron de l'aluminium vient ainsi d'annoncer vouloir investir 2 milliards de dollars dans la construction d'une zone balnéaire près de Sotchi, au bord de la Mer Noire, via une structure immobilière affectée à Bazovy Element (Basel) sa société holding personnelle.
La politique n'est jamais très loin. Sotchi est en effet candidate pour accueillir les Jeux Olympiques d'hiver de 2014. Et il y a moins d'un mois, le président Poutine est venu en personne skier devant une marée de photographes sur les pistes de ski toutes proches afin de soutenir cette candidature. Les piliers de l'économie russe n'ont pas tardé à suivre. Gazprom doit investir 375 millions de dollars dans la station de ski de Peshako. Vladimir Potanine, le roi du nickel a promis de déverser 262 millions de dollars sur une autre station voisine. Il était donc tout naturel que le baron de l'aluminium fasse au moins autant... sinon dix fois mieux.

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