Bruxelles va prolonger sa protection des briquets européens face aux importations chinoises

La Commission européenne a autorisé la prolongation de cinq ans de la taxe sur les importations chinoises de briquets dans l'Union européenne. Une annonce qui a de quoi réjouir les producteurs européens confrontés à la concurrence d'une production bon marché et au développement d'un système de contrebande au profit des briquets chinois.

On connaissait les quotas à l'importation de textile chinois dans l'Union européenne (UE). On connaissait moins les mesures de protection concernant les briquets. Pourtant, la Commission européenne a décidé de prolonger de cinq ans la protection des briquets européens contre les importations bon marché en provenance de Chine. La décision est attendue à la fin de la semaine par les producteurs européens et notamment par le fabricant français Bic.

Les briquets européens à pierre, dont la production de la branche briquets de Bic, lancée en 1973, bénéficient d'une protection anti-dumping depuis 1991 lorsque les importations chinoises à bas prix ont envahi le marché européen, raflant d'entrée de jeu 11% des parts. Une concurrence non négligeable quant on sait par exemple que Bic écoule 80% de sa production de briquets dans l'UE.

Les instances européennes ont alors décidé il y a quinze ans de mettre en place une taxe à l'importation, qui atteint actuellement 16,9%, soit 6,5 centimes d'euro par briquet. Cette protection s'avère encore nécessaire aujourd'hui selon l'UE qui estime qu'il "existe une probabilité forte" pour que le niveau des importations atteignent de nouveaux records si la protection devait être suspendue.

Et pour cause: le dispositif, dont le renouvellement de cinq ans doit entrer en vigueur le 16 décembre, est largement contourné par les exportateurs chinois. Ces derniers esquivent le prélèvement sur les importations en faisant passer leur production par des pays tels que la Malaisie et l'Indonésie.

En 1999, la Commission européenne avait déjà tenté de mettre fin au phénomène en étendant son dispositif de protection à Taiwan, où circulait alors la production chinoise de briquets. Elle avait également élargi le champ de sa protection aux briquets de poche réutilisables. Sans succès.

Dans un rapport rendu en janvier 2007, l'Office européen de lutte contre les fraudes (Olaf) chiffre à plus de 300 millions de briquets d'origine chinoise ayant transité par la Malaisie ces quatre dernières années, afin de "déguiser la vraie origine de ces produits chinois et d'éviter ainsi de payer la taxe à l'importation". L'impact financier pour le budget de l'UE est évalué à 20 millions d'euros.

La Commission européenne estime de son côté que la part des importations chinoises sur le marché européen est en forte progression en raison de ce "contournement massif" via la Malaisie et l'Indonésie. Selon le fabricant français Bic, les importations de briquets asiatiques à pierre et électroniques représenteraient même 50% du marché européen.

Face à cette situation, le groupe envisage de demander une extension de la taxe anti-dumping à certains autres pays asiatiques utilisés par les importateurs pour contourner la taxe par de fausses déclarations d'origine. Parallèlement, le fabricant français dénonce le manque de sanctions, alors que les fraudeurs ne sont redressés que sur quatre ans au plus.

Autre danger des importations chinoises, au-delà de l'atteinte à la concurrence: la sécurité des briquets importés de Chine. La Fédération européenne des fabricants de briquets (ELFM), qui regroupe les producteurs européens Bic, Swedish Match et Flamagas, signale ainsi que la norme obligatoire de sécurité Iso 9994 est peu respectée, voire pas du tout, selon le laboratoire indépendant LNE. En octobre dernier, une étude révélait ainsi que la totalité des briquets importés testés par le laboratoire ne correspondait pas aux critères de sécurité.

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