Face aux tensions sur les taux, la BCE injecte 94,8 milliards d'euros

Les taux d'intérêt sur le marché monétaire se tendent dans la crainte d'un assèchement du crédit. La BCE injecte 94,8 milliards d'euros dans le circuit. Peu après l'annonce, le CAC céde quelque 3 %.

Panique sur les Bourses et marchés monétaires. La Banque centrale européenne (BCE) a injecté ce jeudi 94,8 milliards d'euros dans le circuit monétaire de la zone euro via un appel d'offre rapide pour compenser des mouvements inattendus sur le marché liés à la crise du crédit à risques, le "subprime". C'est la plus forte injection de liquidités depuis le 11 septembre 2001. Le lendemain de l'attentat du World Trade Center, la BCE avait versé 69,3 milliards d'euros sur le marché bancaire puis 40,5 milliards le 13 septembre.

Après cette publication, les spéculations allaient bon train sur un geste similaire de la Réserve fédérale américaine, dont le taux au jour le jour est de 5,25%. Et elles n'étaient pas sans fondement : peu après l'ouverture de Wall Street, la Fed a annoncé l'injection de 24 milliards de dollars dans le système bancaire. Rien d'aussi conséquent que de ce côté-ci de l'Atlantique puisque le versement d'un tel montant remonte à ...juin. Même le président américain a tenté de rassurer les marchés. George W. Bush a estimé ce jeudi qu'il y avait "assez de liquidités" pour permettre aux marchés, chahutés par les répercussions de la crise immobilière, de s'ajuster.

"La BCE note qu'il y a des tensions sur le marché monétaire européen malgré le niveau normal de liquidités dans le circuit monétaire", indique l'institut dans un bref communiqué destiné aux marchés. De fait, les taux d'intérêt au jour le jour sur le marché monétaire ont bondi aux Etats-Unis et dans la zone euro dans la crainte d'un assèchement des liquidités (credit crunch). Le taux de dépôt au jour le jour pour le dollar a bondi de plus d'un demi-point à 5,86% au plus haut depuis le début 2001, selon Reuters, tandis que le taux équivalent en euro est monté jusqu'à 4,70%, au plus haut depuis octobre 2001.

Peu après l'annonce de la BCE, le CAC 40 cédait quelque 3% contre 2,3% en tout début d'après-midi. Les marchés ont piqué du nez dans la matinée après l'annonce par BNP Paribas de la suspension de trois fonds affectés par les difficultés du "subprime", le marché des prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis, qui fait trembler les marchés depuis plusieurs semaines. La banque française prend le relais de Bear Stearns et Union Investment management qui ont également suspendu des fonds, tandis que la banque hollandaise NIBC a déclaré avoir enregistrer 137 millions d'euros de pertes cette année à cause de la crise du "subprime".

"C'est la course au cash, en dollars comme en euros", constate Nick Parsons, responsable de la stratégie marchés chez nabCapital interrogé par l'agence Reuters à Londres. "Les liquidités se tarissent sur le marché et les financements en général deviennent plus difficiles, du coup les investisseurs qui ne peuvent plus compter sur des facilités de crédit cherchent à se financer sur le marché cash. Cela pousse les taux à la hausse sur le marché monétaire."

La BCE procède à des appels d'offre rapide, dont le taux est fixé au taux minimum de refinancement, soit 4% actuellement, pour compenser des excédents ou des déficits inattendus de liquidités dans le circuit monétaire de la zone euro. Toutes les banques ayant participé à l'appel d'offre, 49 au total, ont été servies à ce taux, précise la BCE. L'ampleur que peut prendre la crise du crédit semble de plus en plus difficile à évaluer.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.