Panique, crise ou krach : Alan Greenspan a-t-il raison ?

En affirmant le 7 septembre que la situation depuis deux mois ressemblait étrangement à celle précédant les crises de 1987 et 1998, l'ancien gouverneur de la Réserve Fédérale américaine a semé la panique sur les places financières. Pour autant son commentaire est-il justifié?

L'historien ne peut pas être d'accord, car aucune situation de tension ne se ressemble.

La crise de 1987 a essentiellement touché l'économie américaine. Elle ne s'est propagée qu'aux marchés financiers. En effet, le PIB de la France a connu une croissance record de 4,6% en 1988, alors que la Bourse a perdu 40% entre le 22 septembre 1987 (jour du krach) et le 29 janvier 1988 (plancher historique du CAC 40). La spéculation a d'abord touché le dollar en 1985 avec un taux de change de 0,60 euro, avant de se déplacer vers le marché actions et l'immobilier. La Réserve Fédérale américaine est alors intervenue en tant que prêteur en dernier ressort.

La crise de 1997-1998 a atteint les pays émergeants (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Corée, Russie, Brésil). La spéculation a pris son essor dans le développement des prêts bancaires et celui du secteur de la construction. La crise a été enrayée par l'intervention du FMI, de la Banque Mondiale et de la Banque Asiatique de Développement.

En revanche, l'économiste peut lui donner raison, car il y a effectivement des similitudes. En effet, les crises financières surviennent dans les phases hautes de cycle économique nourries par une spéculation entretenue par des facilités d'accès au crédit. Puis les excès spéculatifs débouchent sur une panique passagère, une crise (1998) et parfois un krach (1987 ou 1929).

Aujourd'hui comme dans les années 1987 et 1998, la croissance mondiale est soutenue. En France l'évolution du PIB s'élevait à 2,5% en 1986 et 1987 (à comparer aux 1,5% des 5 années précédentes) et à 2,2% et 3,5% en 1997 et 1998. Aux Etats-Unis, la croissance du PIB atteignait 3,5% en 1986 et 1987 et plus de 4% en 1997 et 1998. A ces périodes, comme aujourd'hui, le crédit était abondant et les premiers signes de panique sont apparus dans les mois précédant les crises. C'est ainsi qu'en janvier 1987, les Bourses françaises et américaines ont enregistré 4 séances de baisse supérieures à 2%. Le marché américain en a encore vécu 8 en avril et mai 1987 avant de connaître une semaine noire du 14 au 19 octobre (-30% de baisse). Entre mars et juin 1997, Wall Street a vu l'indice Dow Jones baisser de plus de 2% à 4 reprises, avant de perdre 7% le lundi 27 octobre.

Les signaux boursiers peuvent donc donner raison à Alan Greenspan, qui ajoute qu'il est impossible de contrôler les bulles spéculatives, laissant donc entendre l'impuissance des banques centrales.

C'est effectivement l'avis de nombreux universitaires, qui estiment que les banques centrales ne peuvent éviter les crises, car elles ne sont pas capables de freiner la spéculation en contrôlant l'offre de monnaie. L'avenir proche donnera la réponse à deux questions en suspens. Y aura-t-il crise ou krach? La crise va-t-elle se propager?

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