France-Libye : contrat d'armement confirmé, la polémique enfle

La Libye a annoncé avoir signé avec des filiales d'EADS des contrats d'un montant total de 296 millions d'euros (402 millions de dollars) portant sur l'achat d'équipements militaires. Le groupe européen indique qu'un de ces contrats a été finalisé mais que les discussions se poursuivaient pour le second. En pleine polémique sur les conditions de la libération des infirmières bulgares, François Hollande a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire.

Après la polémique suscitée par les déclarations du fils du colonel Kadhafi dans les colonnes du Monde sur les conditions de la libération des infirmières bulgares, la Libye enfonce le clou en annonçant jeudi dans la soirée qu'elle a signé avec des entreprises françaises des contrats d'un montant total de 296 millions d'euros (402 millions de dollars) portant sur l'achat d'équipements militaires.

Dans le détail, Tripoli a signé un contrat de 168 millions d'euros portant sur l'achat de missiles antichar Milan (un missile portable de moyenne portée.) et un contrat de 128 millions d'euros portant sur des systèmes de communication radio sécurisés, Tetra. Les deux contrats ont été signés avec des filiales d'EADS dont MBDA pour le plus important.

Le groupe européen d'aéronautique et de défense a précisé ce vendredi que le premier contrat, portant sur les missiles Milan, avait déjà été finalisé mais que les deux parties étaient encore en discussions au sujet du deuxième. "Le contrat de missiles anti-chars Milan, négocié par la société MBDA, est aujourd'hui finalisé après une période de discussions et de négociations de plus de 18 mois", a ainsi déclaré un porte-parole d'EADS. "Le contrat Tetra, qui fait l'objet de discussions depuis plusieurs mois, est pour sa part en voie de finalisation avec le client et aucune signature n'est encore intervenue à ce jour", a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt dans la matinée, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a confirmé que la Libye avait signé une lettre d'intention pour acheter à la France des missiles Milan. Les contrats "ne sont pas signés en tant que tels formellement. Il y a une lettre d'intention de la Libye disant 'nous souhaitons acheter des missiles Milan', sur lequel il y a déjà eu un accord d'une commission interministérielle en février 2007", a-t-il déclaré sur RTL. "Dès lors qu'on est en discussions depuis des mois et des mois, qu'il y a une commission interministérielle française disant 'on est d'accord pour les vendre' en février 2007, il est logique que l'on aboutisse".

La finalisation de ces contrats d'armements intervient alors que la polémique n'a cessé d'enfler sur les conditions dans lesquelles est intervenue la libération des infirmières bulgares. François Hollande a réclamé ce vendredi la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire. "On nous a dit il n'y a eu aucune contrepartie. Puis on a appris qu'il y avait un contrat civil sur un réacteur nucléaire", a déclaré le premier secrétaire du part socialiste. "Ce que je demande aujourd'hui, c'est une commission d'enquête parlementaire qui puisse faire le clair sur ce qui est de l'ordre de l'accord commercial j'allais dire classique et ce qui est de l'ordre d'une négociation avec un pays qui a détenu, hélas, des otages pendant huit ans et a essayé d'en jouer sur la scène internationale".

De son côté, le porte-parole de l'Elysée David Martinon a déclaré au journal Le Parisien que ces libérations n'avaient "fait l'objet d'aucune contrepartie de cet ordre de la part de la France. C'était une question de principe". Il a également tenu à rappeler "que l'embargo européen sur les armes à destination de la Libye a été levé en 2004, donc il n'est pas interdit aux entreprises internationales d'armement de commercer avec la Libye, pour peu qu'elles respectent le code européen de bonne conduite sur les ventes d'armes". Interrogé jeudi soir sur LCI, David Martinon avait estimé que la visite "très réussie" de Nicolas Sarkozy en Libye s'était faite aussi "pour le plus grand bénéfice des industriels français, ça a accéléré beaucoup les choses".

Le quotidien "Le Monde" qui s'était entretenu avec Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi révélait mercredi (dans son édition datée de jeudi) que le "coeur du sujet" entre Paris et Tripoli n'est pas le projet nucléaire, mais "l'affaire militaire". "Nous allons acheter à la France des missiles antichar Milan", révélait le fils du leader libyen, acteur clef de l'accord sur la libération. Le président Sarkozy avait immédiatement réaffirmé mercredi la position française constante depuis le début de cette affaire, assurant qu'il n'y avait eu "aucune" contrepartie à ces libérations.

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