Josef Ackermann rassure sur l'exposition de la Deutsche Bank à la crise du subprime

Attendu sur ce sujet, le président de la première banque allemande a dévoilé aujourd'hui l'exposition de l'établissement à la crise du subprime. Il a admis des pertes au cours de l'été sur les secteurs frappés par les turbulences sur les marchés financiers, sans toutefois les chiffrer. Et il a nié qu'il s'agissait en l'occurrence d'un avertissement sur ses résultats de fin d'année.

Du fait des turbulences sur les marchés financiers, le mois d'août aura été difficile pour Deutsche Bank pour ses activités de négoce sur actions et d'accompagnement des restructurations. Josef Ackermann, le patron de Deutsche Bank, l'a reconnu ce matin à Francfort lors d'un congrès bancaire organisé par notre confrère Handelsblatt. "Le mois de septembre sera décisif, de même que le dernier trimestre de l'année", a-t-il affirmé, en soulignant que dans le contexte actuel "le modèle bien diversifié de Deutsche Bank fonctionne bien". Il s'est dit satisfait des performances des composantes stables de l'activité de banque d'investissement, qui concourent, rappelons-le, pour la majeure partie du résultat.

Quelques instants avant que son patron ne s'exprime sur le podium, la banque avait publié un communiqué aux marchés résumant dans des termes adéquats la position financière de l'établissement. Les marchés ont salué cet effort de transparence: l'action gagnait ce matin 2,8% à 94 euros. Une fois interrogé en direct, Ackermann s'est refusé d'indiquer si l'objectif annuel de rentabilité nette sur fonds propres de 25% serait menacé cette année. L'information donnée aujourd'hui "n'est pas un avertissement sur résultat", a-t-il seulement souligné.

S'agissant de la crise du "subprime", ces crédits hypothécaires à risque octroyés aux Etats-Unis et qui sont à l'origine des remous actuels sur la planète financière, Ackermann a reconnu que la sortie de crise prendrait encore "quelques trimestres". Mais sans que cela n'affecte de façon importante les livres comptables de la banque allemande. "Notre exposition auprès des banques hypothécaires est sous surveillance et largement couverte", a-t-il souligné.

Le phénomène émergent dans cette crise, les "conduits" spécialisés dans le rachat de crédits de tout sorte, représentent 32 milliards d'euros chez Deutsche Bank et sont "tous consolidés" au bilan. Ces conduits ont investi dans des actifs tels que des crédits sur carte bancaire, l'achat d'automobiles ou les études secondaires, enfin des prêts hypothécaires. Mais "il n'y a pas d'exposition au subprime", a-t-il précisé.

S'agissant des hedge funds, qui sont à leur tour souvent investis dans des actifs très risqués, Ackermann a affirmé que les appels de marge seraient honorés sur cette clientèle "très importante" pour l'établissement. Enfin, Deutsche Bank a 29 milliards de crédits en cours auprès de clients à l'origine d'acquisitions et assure une fonction de portage sur actions pour 750 millions d'euros.

Au-delà, le banquier suisse juge que le secteur peut surmonter la crise en raison de l'ampleur relativement faible des crédits de la classe subprime sur l'ensemble des actifs financiers en circulation, et de l'intervention des banques centrales et régulateurs. "La panique n'est pas de mise", a-t-il assuré, mais il a appelé les participants sur les marchés à davantage jouer la transparence quant à l'exposition aux risques de liquidité. Cela vaut notamment pour les "conduits" dont certains ne peuvent subitement plus se refinancer à court terme sur les marchés, sur fond de perte de confiance entre banques. En Allemagne, cela a eu pour conséquence le sauvetage express de la banque régionale SachsenLB, très impliquée sur le marché américain et sans que ses engagements figurent au bilan.

Ackermann plaide encore pour un management interne des risques renforcé, en estimant que celui de sa banque est très performant. Et en dépit des critiques aux agences de notation, elles ne sont qu'un élément de l'analyse, souligne aussi le banquier helvète.

Si l'Allemagne est particulièrement touchée par la crise du subprime, cela s'explique selon lui en partie par la prééminence de banques de faible taille sur un marché fragmenté. "Cela pourrait être un appel" à renforcer le marché domestique, pour qu'il soit plus rentable, a plaidé le banquier. "Rassemblons les parties prenantes dans une pièce durant deux ou trois jours pour trouver des solutions" qui passent par exemple par des partenariats et pas forcément par des fusions entre établissements, a-t-il suggéré.

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