Anglo American se sépare de la moitié de ses parts dans son ex-filiale aurifère

Le conglomérat sud-africain met sur le marché 2,9 milliards d'actions AngloGold Ashanti. A l'issue de cette cession ses parts dans cette unité regroupant ses anciennes mines d'or passent de 42 à 17,3%.

La mue inexorable du groupe minier sud-africain fondé en 1917 par Ernest Oppenheimer se poursuit. Le conglomérat a mis en vente hier la moitié des parts qui lui restaient encore dans son ancienne filiale aurifère, AngloGold Ashanti. Après cette cession, il ne reste plus à Anglo American que 17,3% des parts dans des mines d'or qui furent longtemps la raison d'être du groupe... et qui permirent à la famille Oppenheimer de construire le deuxième conglomérat minier au monde. Il ne lui restera aucun siège au conseil d'administration.

A en croire les analystes, les quelques 2,9 milliards de dollars tirés de cette séparation donneront les moyens au groupe pour réaliser de nouvelles acquisitions, entérinant un peu plus l'abandon du métal précieux au profit des minerais comme le cuivre et le nickel, afin de bénéficier au plus près de la révolution industrielle chinoise et de sa boulimie de métaux industriels. Avec un cours de l'or au plus haut depuis vingt-sept ans, le moment semble idéal pour procéder à ce placement de 67 millions d'actions Anglogold. C'est la plus importante opération de ce type réalisée dans le secteur aurifère au cours des sept dernières années, à en croire les statistiques de l'agence Bloomberg.

Ce virage stratégique avait été initié en mars 2006, par le biais de la vente d'une participation de 1,3 milliard de dollars dans AngloGold. Cette filiale était alors devenue alors de facto indépendante, le contrôle de son (ex) maison mère passant de 51 à 42%.

Ce désengagement accompagnait les mutations profondes d'un pilier de l'industrie sud-africaine soucieux de se transformer en une multinationale de la mine, à l'instar d'un BHP Billiton ou d'un Rio Tinto. Depuis la fin du régime de l'apartheid, en 1994, le conglomérat a cédé l'une après l'autre ses filiales non "stratégiques", qu'ils s'agisse de ses propriétés viticoles ou de ses participations dans les groupes bancaires locaux. Les aciéries sud-africaines ont été vendues, tout comme les usines locales de pâte à papier. Tarmac, l'unité britannique de production d'asphalte, est également depuis longtemps sur la liste des cessions.

Le siège de "l'Anglo" a été installé à Londres il y a huit ans. Un changement de cap que les actionnaires de la City - très circonspects quant à l'Afrique - ne peuvent qu'approuver. La nomination à la tête du groupe, il y a un an, de Cynthia Carroll n'a fait qu'entériner cette mue: une femme, non sud-africaine et transfuge du géant de l'aluminium Alcan? Une révolution culturelle.

Hier, les investisseurs avaient réagi aux rumeurs entourant la nouvelle en faisant monter les actions de groupe du 2,2% à Londres. Ces dernières - qui affichent sur un an une progression de 30% - se tassaient ce matin de 0,5% à 33,42 livres. Hier, les titres d'AngloGold avaient en revanche plongé de près de 7% à Johannesburg - leur plus mauvaise séance depuis plus d'un an - à l'annonce de cette opération. Leur cours se reprenait ce matin de 1,8% à 309 rands.

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