La direction de Renault Cléon fait la chasse aux arrêts de travail pour accident

Un "système organisé" incitant les salariés à renoncer à leur arrêt de travail prescrit à la suite d'un accident a été mis en place dans l'usine automobile, selon un rapport de l'inspection du travail rendu public par la CGT. Ce système repose sur des "objectifs fixés par la direction", estime l'inspecteur.

Des salariés victimes d'un accident du travail qui reprennent le travail avant la fin de leur arrêt, quitte à être affectés à un poste aménagé? Cette situation, aussi incroyable qu'elle soit, est loin d'être isolée à l'usine Renault de Cléon en Seine-Maritime. Selon un rapport de l'inspection du travail, qui a mené une enquête sur 58 accidents survenus entre janvier 2005 et mars 2007, un véritable "système organisé de pressions visant à ce que tous les salariés victimes d'accidents du travail, auxquels un arrêt de travail a été prescrit, renoncent à prendre tout ou partie de l'arrêt de travail" a été mis en place par la direction de l'usine.

Selon le rapport adressé au directeur de l'usine et rendu public par la CGT, 41 des 58 salariés victimes d'un accident du travail ont été auditionnés. Parmi eux, 26 ont eu des arrêts prescrits par une structure extérieure à l'usine, dont 22, "soit 85%, se sont vu proposer le jour même ou dans la semaine qui a suivi leur accident un poste aménagé". Le but étant que "l'accident du travail n'occasionne pas d'arrêt malgré la prescription médicale", écrit l'inspecteur. Selon lui ce système repose "principalement sur la hiérarchie de proximité" mais "semble résulter en grande partie des objectifs fixés par la direction".

L'inspecteur du travail souligne que "ce système de pressions est contraire aux droits fondamentaux des salariés" et que "le simple fait de demander à un salarié de renoncer à un arrêt de travail prescrit par un professionnel de santé (...) constitue une atteinte grave aux droits des salariés". Il demande à la direction de l'usine "de prendre l'ensemble des dispositions nécessaires (...) afin qu'aucun responsable hiérarchique (...) ne demande à l'avenir à un salarié de renoncer à un arrêt de travail pour accident".

Pour Philippe Saunier, membre de l'union départementale CGT de la Seine-Maritime, ce système permet à la direction "d'améliorer son image de marque, de limiter ses efforts en matière de prévention et de réduire les sommes qu'elle doit reverser à la Sécurité sociale au titre des accidents du travail".

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