La fermeture par Moscou de l'oléoduc Droujba traversant la Biélorussie et ses conséquences sur l'approvisionnement énergétique de l'Europe relancent indirectement le débat sur la sortie du nucléaire outre-Rhin. Le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a ainsi jugé mardi soir "nécessaire et urgent" de réfléchir à une révision de l'accord sur l'abandon du nucléaire civil dans le pays.

"Le nucléaire a aussi sa place dans l'équilibre entre les différentes sources d'énergie", a souligné le ministre conservateur bavarois (CSU) à la télévision publique ARD. La chancelière Angela Merkel (CDU) avait elle-même contribué à relancer le débat en notant lundi soir sur la même chaîne qu'on "doit naturellement aussi réfléchir aux conséquences de la sortie du nucléaire".

L'Allemagne, qui compte encore dix-sept centrales nucléaires, a décidé, sous le gouvernement Schröder, de fermer la dernière aux alentours de 2020. Pour autant, l'abandon du nucléaire est régulièrement remis en cause dans le pays, notamment à droite.

Mais Angela Merkel n'a pas de marge de manoeuvre sur ce dossier. La sortie du nucléaire fait en effet partie du contrat de coalition qui lie la gauche (SPD) et la droite (CDU-CSU) depuis les élections fédérales de l'automne 2005. Pour le SPD, qui avait entériné avec les Verts ce tournant majeur dans la politique énergétique allemande, il s'agit là d'un "casus belli".

"Les importations de pétrole et le nucléaire n'ont vraiment rien à voir entre eux", a ainsi rétorqué ce mercredi matin sur la radio WDR-5 le ministre de l'Environnement (SPD), Sigmar Gabriel. "Le véritable chemin vers l'indépendance passe par le développement des énergies renouvelables", selon le ministre social-démocrate, qui cite notamment les bio-carburants.