Ultime feu vert à la fusion géante entre ATT et Bellsouth

Le gendarme des télécoms américain a donné vendredi son aval au spectaculaire mariage, annoncé en mars dernier, entre ATT et Bellsouth. Il donne naissance au numéro un américain du secteur, loin devant Verizon.

Les autorités américaines ont donné vendredi leur ultime feu vert au rachat de BellSouth par ATT. Le mariage va donc pouvoir se faire et donner ainsi naissance au premier groupe de télécommunications des Etats-Unis. Il ne manquait plus en effet que l'aval de la FCC, le régulateur américain des télécoms, attendu depuis plus de neuf mois pour pouvoir concrétiser cette méga-fusion. Ce spectaculaire rapprochement aura également nécessité l'approbation de 36 Etats américains et du Département de la Justice.

Annoncée en mars dernier, l'opération prévoit un échange d'actions. Initialement valorisée à 67 milliards de dollars, la transaction représente aujourd'hui 85 milliards en raison de la progression des cours des actions des deux groupes. Cette annonce intervient alors qu'ATT avait proposé jeudi de nouvelles concessions pour tenter de faire aboutir son rachat de BellSouth.

"La Commission a estimé que des bénéfices significatifs pour le grand public vont résulter de cette opération", a écrit la FCC dans un communiqué. Le régulateur a notamment cité, parmi ces éléments favorables, le déploiement du haut débit de nouvelle génération, une concurrence accrue sur le segment de la télévision sur internet et une amélioration des services sans fil.

La fusion reforme en grande partie l'ancien géant ATT surnommé "Ma Bell" dont Washington avait ordonné le démantèlement au nom de la concurrence en 1984. La nouvelle entité pèsera 220 milliards de dollars de capitalisation boursière, soit deux fois plus qu'un autre poids-lourd du secteur, Verizon, et servira près de 70 millions d'abonnés au téléphone et plus de 10 millions à l'internet haut débit.

ATT et BellSouth ont indiqué conjointement considérer cet aval comme la finalisation de la fusion, et qu'ils comptent s'atteler "immédiatement au processus d'intégration pour faire converger les réseaux d'ATT, de Bellsouth et de Cingular Wireless", l'opérateur de téléphonie mobile que les deux groupes détiennent conjointement.

La création de ce colosse des télécoms de plus de 120 milliards de dollars de chiffre d'affaires et de 220 milliards de capitalisation boursière survient au moment où les télécoms américains sont en pleine mutation, intégrant dans leurs bouquets de services l'internet haut débit et la télévision, ce qui les place désormais en concurrence directe avec les câblo-opérateurs. Ces derniers sont de leur côté présents dans le haut débit et la téléphonie via l'internet câblé.

Vendredi, ATT (la nouvelle entité garde ce nom et le PDG de cette dernière, Edward Whitacre) a confirmé ses objectifs financiers fournis initialement en mars, tablant sur des synergies de plus de 2 milliards de dollars dès 2008 et atteignant les 3 milliards en 2010.


Histoire et profil du nouveau poids lourd des télécoms aux Etats-Unis
L'histoire d'ATT remonte à l'invention du téléphone par Alexander Graham Bell à la fin du 19ème siècle. Après la dérégulation des télécoms au milieu des années 80, l'opérateur avait été morcelé en plusieurs compagnies, les "Baby bells". Ironie du sort, l'ancien ATT a été racheté en 2005 par SBC, une "Baby bell". Avant l'acquisition de BellSouth, ATT couvrait déjà environ un tiers du territoire américain, dominant la fourniture de lignes fixes dans 13 Etats. Le nouvel ensemble sera désormais présent dans 22 Etats. Sur le territoire américain, ATT représente désormais 11,5 millions de lignes DSL pour l'accès internet haut débit et 67,5 millions d'abonnés au téléphone fixe.
Dans la téléphonie mobile, ATT collaborait déjà avec BellSouth via l'opérateur Cingular, détenu à 60% par ATT et 40% par BellSouth. Après la fusion, Cingular reste dans le giron d'ATT, et sa marque a vocation à être changée. Cingular compte près de 60 millions d'abonnés, ce qui en fait le premier du secteur aux Etats-Unis. Le nouvel ensemble comptera 315.000 employés, bien que ce nombre soit amené à diminuer dans le cadre de l'intégration de BellSouth.

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