Le FMI revoit la croissance mondiale à la baisse

Selon les perspectives économiques mondiales semestrielles du Fonds monétaire international (FMI), la crise financière coûtera près d'un demi-point de croissance mondiale en 2008. Celle-ci atteindrait 4,8% l'an prochain, 1,9% aux Etats-Unis et 2,1% dans la zone euro.

Les turbulences sur les marchés financiers amputeront de près d'un demi-point de pourcentage la croissance mondiale, selon le Fonds monétaire international. Le FMI, qui publie ce mercredi ses "Perspectives économiques mondiales" semestrielles, table désormais sur une expansion du PIB mondial en retrait à 4,8% en 2008, contre 5,2% encore envisagé en juillet. "Bien que la croissance mondiale soit restée vigoureuse au cours des derniers trimestres, les remous sur les marchés financiers ont assombri les perspectives", a expliqué le Fonds.

Les révisions les plus marquées concernent les États-Unis, où la croissance devrait s'établir à 1,9% en 2008, contre 2,8% prévu initialement, notamment du fait de la crise de l'immobilier. Les prévisions du Fonds ont pris pour hypothèse une nouvelle baisse de 5% des prix de l'immobilier dans ce pays, "mais la baisse pourrait être plus brutale", a-t-il souligné.

Dans la zone euro, la croissance a également été revue à la baisse à 2,1% pour 2008, soit 0,4 point de moins qu'en juillet, "en raison des effets retardés de l'appréciation de l'euro, des répercussions du ralentissement américain sur les échanges commerciaux et du durcissement des conditions de financement". Au Japon, les prévisions de croissance sont ramenées à 1,7% en 2008 (soit 0,3 point de moins que prévu), "du fait de données inférieures aux prévisions pour le PIB au deuxième trimestre, du ralentissement de la croissance mondiale et d'une légère appréciation du yen", explique encore le FMI.

Au surplus, et de manière plus globale, "les projections de référence pour la croissance ont manifestement plus de chances d'être révisées à la baisse qu'à la hausse", a mis en garde le Fonds. Ce dernier s'inquiète en effet des risques liés à la dégradation continue du marché immobilier américain et à la faiblesse de la demande intérieure aux Etats-Unis comme en Europe.

Dans l'ensemble, les pays émergents continuent de jouer le rôle de locomotive de la croissance mondiale. En Chine, l'expansion de l'activité économique s'est encore accélérée en 2007, à 11,5%, et malgré une révision en baisse d'un demi-point, le Fonds table sur 10% de croissance en 2008. Idem pour l'Inde et la Russie qui devraient voir leur économie croître respectivement de 8,4% et 6,5% en 2008: ces trois Etats ont représenté la moitié de la croissance mondiale cette année.

Cette batterie de prévisions, rendues publiques quelques jours avant l'assemblée générale du Fonds, du 20 au 22 octobre, à Washington, tient compte de plusieurs hypothèses. Il est notamment supposé que la Réserve fédérale américaine abaisse ses taux d'intérêt de 0,50 point de pourcentage d'ici la fin de l'année, et que la Banque centrale européenne et la Banque du Japon s'abstiennent de relever leurs taux jusqu'à la fin 2007.

Le FMI a assorti ses prévisions de jugements tranchés sur les valeurs respectives des grandes monnaies qui figureront au premier plan lors de la réunion des ministres des Finances du G7, vendredi, à Washington. "Le dollar reste surévalué par rapport aux paramètres fondamentaux à moyen terme", a notamment répété le Fonds, et l'euro "reste dans une fourchette qui correspond plus ou moins aux paramètres fondamentaux à moyen terme". Le Fonds juge aussi la livre sterling sur-évaluée et le yen sous-évalué.

De manière inhabituellement directe, l'institution financière internationale recommande aux banques centrales de prendre leur responsabilités. "Aux États-Unis, des signes selon lesquels la croissance restera probablement inférieure à la tendance justifieraient de nouvelles réductions des taux d'intérêt, à condition que l'inflation reste limitée", dit-il. Et dans la zone euro, "la politique monétaire peut rester inchangée à court terme", mais si les risques liées aux turbulences financières se dissipent "un nouveau durcissement monétaire pourrait en fin de compte être nécessaire".

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