"L'Illusionniste"
Vienne. Fin du 19e siècle. Dans les rues de la ville on ne parle que d'une chose: ce petit théâtre où l'illusionniste Eisenheim (Edward Norton) ferait démonstration de pouvoirs surnaturels. Chaque soir la foule s'amasse, aussi inquiète que fascinée. Une popularité grandissante dont se méfie le Prince héritier qui envoie un inspecteur enquêter sur le magicien subversif pour lui faire fermer boutique. Le duel qui s'engage s'annonce passionnant avec, dès les premières images, une ambiance captivante, feutrée et mystérieuse. La mise en scène de Neil Burger est classique mais agréable. Edward Norton joue avec sobriété et élégance. Mais en l'espace d'une scène mal construite, le film vire à la catastrophe. Une seule scène qui gâche toute l'heure restante. Car "L'Illusionniste" fait partie de ces films qui fonctionnent - à la manière du "Sixième sens" ou de "Usual suspect" - sur un revirement final censé remettre en question tout ce que le spectateur pensait avoir compris. Sauf qu'ici, le mécanisme saute aux yeux dès sa mise en place. Or, un tour de magie n'a plus grand intérêt une fois qu'on en connaît l'astuce.
O. L. F.

"Silentium!"
Grand Prix au dernier Festival du film policier de Cognac, "Silentium!" a l'allure de ces petits polars qu'on aime bien. Un anti-héros dont la poisse colle à la peau. Une atmosphère pesante rehaussée de quelques touches d'humour noir et une intrigue alambiquée qui met en jeu les plus hautes sphères de pouvoir. Ici, c'est un détective un peu paumé, Simon Brenner (Joseph Hader), qui en enquêtant sur un suicide se retrouve plongé dans une sombre histoire de prostitution impliquant prêtres et hauts dignitaires de Salzbourg. Si le scénario ne déçoit pas, le film manque sérieusement de rythme. Le réalisateur autrichien Wolfgang Murnberger promène sa caméra nonchalamment en oubliant d'appuyer sur l'accélérateur lors des moments qui devraient nous mettre les nerfs à vif. Du coup, "Silentium!" ne dépasse pas le niveau de la série B sympathique.
O. L. F.

"Truands"
Avec ses deux précédents longs-métrages - "Scènes de Crimes" avec Charles Berling et André Dussolier, et "Agents Secrets" avec le couple Cassel/Bellucci - le français Frédéric Schoendoerffer avaient réussi la gageure d'imposer un style unique dans le genre du polar dont les Américains ont fait leur pré carré. On attendait donc beaucoup de ce "Truands" au casting encore une fois classieux, réunissant Benoît Magimel, Béatrice Dalle et Olivier Marchal. La déception est à la hauteur de nos attentes. Après avoir ausculté policiers et espions, Schoendoerffer se penche sur le grand banditisme. Mais le réalisateur oublie la subtilité et la prise de recul dont il avait fait preuve jusqu'à présent. Le suspense est remplacé par des scènes chocs à la violence insoutenable et les acteurs s'embourbent dans les pires clichés. "Truands" se vautre complaisamment dans le sexisme et la vulgarité du milieu qu'il dépeint et procure des sensations pour le moins désagréables.
O. L. F.

"Zone libre"
Réalisateur de deux téléfilms, Christophe Malavoy s'essaye aujourd'hui au 7ème art en adaptant une pièce de Jean-Claude Grumberg. L'histoire d'une famille juive de Paris obligée de se réfugiée à la campagne pendant la guerre, pour échapper aux déportations. Ce film aurait fait merveille à la télévision. Les dialogues drôles et ciselés de Grumberg font mouche. L'image est superbe. Et les comédiens excellents. A commencer par Jean-Paul Roussillon dans le rôle du paysan, aussi savoureux que Michel Simon dans "Le vieil homme et l'enfant" de Claude Berri. Sans oublier Lionel Abélanski ou Tsilla Chelton. Mais il manque à l'ensemble un souffle, une ampleur, une originalité, propres au cinéma. On profitera néanmoins de ce film en famille (à partir de 8 ans) pour expliquer l'antisémitisme et l'holocauste aux plus jeunes.
Y. Y.