Depuis minuit une, ce vendredi, la déferlante Harrry Potter s'est abattue sur la France. Si la parution d'un nouveau volume des aventures du jeune sorcier est toujours un événement, celle de "Harry Potter et les reliques de la mort" prend un relief tout particulier: il s'agit du volume final d'une série qui, en dix ans, aura pulvérisé tous les records mondiaux de l'édition.

Attendue avec fébrilité par les fans français depuis la parution du livre en Grande-Bretagne en juillet dernier, la sortie de la traduction française s'est accompagnée des manifestations désormais habituelles dans ce genre de circonstances: ouvertures de librairies à minuit, files d'attente de jeunes lecteurs déguisés en sorciers, spectacles de magiciens et cracheurs de feux pour faire patienter les clients... Du Virgin Champs-Elysées à Paris au Furet du Nord à Lille, des scènes similaires ont pu être observées cette nuit.

Le phénomène Harry Potter aura pris, avec ce septième volume, une ampleur dépassant largement l'engouement déjà phénoménal suscité par les précédents. Pour la sortie en France, Gallimard, l'heureux éditeur de la série, a imprimé pas moins de 2,3 millions d'exemplaires du livre pour son premier tirage...

Ce faisant, il ne prend guère de risques: les livres se vendront comme des petits pains, si l'on en juge par les performances de la version anglaise parue le 21 juillet dernier. A ce jour, quelque 25 millions d'exemplaires se sont vendus, dont le chiffre incroyable de 11,3 millions durant les premières 24 heures! Il est vrai que tous les sites Internet de vente en ligne prenaient des réservations depuis des mois. Amazon, qui promettait bien sûr la livraison aux acheteurs le jour même de la sortie, a vendu à lui seul 2,5 millions d'exemplaires de "Harry Potter and the deathly hallows", ce qui a tiré son chiffre d'affaires du trimestre...

J.K. Rowling, l'auteur des aventures de Harry Potter, a de fait mis au point une formule à la redoutable efficacité commerciale - même si, à l'origine, il s'agissait d'un projet purement littéraire, élaboré par une apprentie écrivain parfaitement solitaire. En concevant dès le départ une série de livres suivant un groupe d'adolescents tout au long de leur scolarité, à raison d'un livre par année scolaire de la sixième à la terminale, elle a suscité chez ses lecteurs le besoin irrépressible de lire chaque nouveau volume, afin de suivre l'évolution de ses personnages et de comprendre les mystères demeurés pendants dans le volume précédent. D'où le succès inévitable du dernier volume, qui apporte enfin les réponses à des questions posées depuis le début...

L'auteur a également su jouer magistralement sur le passage de ses héros de la fin de l'enfance à celle de l'adolescence, avec un niveau d'écriture gagnant en maturité de volume en volume, passant ainsi du pur merveilleux des débuts à la tonalité sombre et violente de la fin.

Résultat de ce concept littéraire original: une extraordinaire fidélisation des lecteurs. Du coup, les aventures du petit sorcier ont pulvérisé tous les records en vigueur dans le monde de l'édition. Sur ses dix années d'existence, la série a ainsi vendu environ 350 millions d'exemplaires dans le monde entier, toutes éditions confondues, avec des traductions en 64 langues. Sur le seul marché français, 21 millions d'exemplaires ont été vendus avant la parution du dernier volume.

Le succès des livres - qui ont donné le goût de la lecture à d'innombrables enfants et adolescents - a en outre été relayé par les déclinaisons cinématographiques. A ce jour, les quatre premiers volumes ont été adaptés en films, dont les recettes se sont élevées à 3,5 milliards de dollars, soit 2,6 milliards d'euros. Quelque 167 millions de DVD et cassettes vidéo ont été vendues depuis 2002. Et dans la foulée, le merchandising en tout genre rapporte un milliard de dollars par an.

Preuve, enfin, que les jeunes lecteurs ne sont pas les seuls à céder à la magie d'Harry Potter, un exemplaire de la première édition du premier tome - tiré à l'époque à 500 exemplaires par un éditeur aventureux! - vient d'être vendu chez Christie's à Londres pour près de 20.000 livres (28.000 euros)...