Offre de rachat de France Télécom sur TeliaSonera : les réactions fusent

Même amicale, l'offre de rachat annoncée jeudi dernier par France Télécom sur l'opérateur suédo-finlandais TeliaSonera et aussitôt rejettée, ne fait pas l'unanimité. Le groupe français s'est donné quinze jours de réflexion avant de la lancer. Pendant ce temps-là, chacun y va de son commentaire.

La réaction est d'abord venue des investisseurs. En effet, à peine l'opérateur France Télécom annonçait-il - jeudi 5 juin - vouloir lancer une offre de rachat amicale sur son homologue, le suédo-finlandais TeliaSonera pour environ 33 milliards d'euros, que l'action du groupe français, cotée à Paris, ouvrait en baisse. Elle a perdu ce jour-là plus de 5%, clôturant à 18,25 euros. Pourtant rejetée par le conseil d'administration de TeliaSonera, jugeant l'offre sous-évaluée, Didier Lombard, le patron de France Télécom se voulait alors rassurant en défendant l'idée: "la position de TeliaSonera n'est pas un scoop. C'est une position normale à ce stade de la discussion". "Nous avons, expliquait-il, quinze jours de discussion devant nous".

Réaction également du ministre suédois des marchés financiers, Matts Odell qui a déclaré à des journalistes se ranger du côté de l'opérateur suédo-finlandais. La Suède, actionnaire de l'opérateur nordique à hauteur de 37,3%, a promis de vendre sa participation dans le cadre d'un programme de privatisation. "Nous accueillons toutes les parties intéressées mais dans le cas actuel nous partageons l'opinion du conseil d'administration de TeliaSonera lorsqu'il dit que l'offre ne reflète pas pleinement la valeur réelle et le potentiel du groupe", a-t-il expliqué.

Les syndicats du groupe sont également vite montés au créneau en dénonçant notamment "une course au gigantisme" qui conduira à "un surendettement" ou des "surenchères". Et le titre France Télécom a continué de plonger le lendemain de l'annonce, signant plus de 7% de baisse en deux séances. A tel point que le directeur financier de l'opérateur français, Gervais Pelissier, a fini par confier en fin de semaine, que le groupe pourrait renoncer à son projet de rachat si le cours de France Télécom continue à baisser. "Deux raisons pourraient nous conduire à retirer notre offre, a-t-il précisé dans le Journal du Dimanche,. La première serait qu'elle ne soit pas reçue amicalement par les actionnaires et le management de TeliaSonera. La seconde serait la poursuite des turbulences du marché".

Et lundi, justement, le cours s'est stabilisé, avant de repartir légèrement dans le vert ce mardi, en hausse de 0,75% à 18,04 euros. Mais les réactions ne cessent pas pour autant. Dans un entretien publié ce mardi par un journal norvégien, un représentant du personnel au conseil d'administration de TeliaSonera, Elof Isaksson a qualifié l'offre de l'opérateur français de "ridicule" et d'"inintéressante". "Et pourquoi devrait-on fusionner? s'interroge-t-il tout en déclarant: "Nous grandissons de plus en plus dans des marchés à l'est. C'est là que les opportunités se trouvent. Nous n'avons pas besoin de France Télécom pour cela mais eux ont besoin de nous". Et de mettre de l'huile sur le feu: "Parallèlement, Telenor a affiché son intérêt. D'après les rumeurs, des Allemands et des Russes auraient aussi commencé à se réveiller. Toutes les grosses compagnies européennes étudient aujourd'hui la possibilité d'entrer dans la course".

Contrôlé à 54% par l'Etat norvégien, Telenor a décliné tout commentaire sur son éventuel intérêt pour TeliaSonera.

Une fusion entre l'opérateur norvégien de télécommunications Telenor et le suédo-finlandais TeliaSonera pourrait constituer une bonne opération industrielle, a de son côté estimé lundi Ola Borten Moe, le président de la commission des affaires et de l'industrie du parlement norvégien. "Ce pourrait être une bonne idée si Telenor faisait une offre sur TeliaSonera. Ils ont été tout proche d'une fusion il y a plusieurs années et il est clair que des synergies entre les deux entreprises restent intéressantes" a-t-il déclaré.

Pour mémoire, rappelons les conditions de l'offre France Télécom sur TeliaSonera: le projet est constitué d'un "mix" de 52% en numéraire payable en euros pour un équivalent de 63 couronnes suédoises par action TeliaSonera, et de 48% en actions France Télécom sur la base d'un ratio d'échange de 3 actions nouvelles France Télécom pour 11 actions existantes TeliaSonera.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.