Une semaine marquée par l'échec des négociations de l'OMC

A la une de l'actualité cette semaine, l'échec des négociations de l'Organisation mondiale du commerce. La taxation des complémentaires santé pour réduire le défit de l'assurance-maladie, les pertes de General Motors, la démission de Serge Tchuruk et de Pat Russo chez Alcatel et le nouveau record de l'inflation au sein de la zone euro ont également fait les gros titres.

LES NEGOCIATIONS DE L'OMC ECHOUENT SUR LA QUESTION DES IMPORTATIONS AGRICOLES

Le cycle de Doha vire au fiasco. Entamé en 2001, le dernier "round" de discussions sur la libéralisation du commerce mondial est de nouveau dans l'impasse. Car les 153 pays de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), réunis pendant neuf jours à Genève, ne sont pas parvenus à se mettre d'accord. "Les Etats-Unis et l'Inde n'ont pas accepté les propositions de compromis," a expliqué, fataliste, le français Pascal Lamy, le directeur général de l'OMC. Les négociations ont échoué sur la question de la clause de sauvegarde, un mécanisme permettant à un pays de protéger son agriculture face à une hausse de ses importations ou à une baisse des prix agricoles mondiaux. L'Inde, mais aussi la Chine, souhaitaient un seuil de déclenchement inférieur à celui proposé. Refus des Etats-Unis, y voyant un possible outil de protectionnisme.

Après l'échec retentissant de la conférence de Cancun en 2003, l'avenir du cycle de Doha reste en suspens. D'autant que les élections américains de novembre laissent planer le doute sur les intentions de la future administration. La question agricole demeure au centre des divergences, même si Européens et Américains avaient accepté des concessions sur leurs droits de douanes et sur leurs subventions. Des concessions que neuf pays européens, dont la France, l'Irlande et l'Italie, avaient jugé trop importantes. Pourtant, selon une étude du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), l'Union européenne avait le plus à gagner de cette nouvelle étape de libéralisation des échanges mondiaux. Notamment grâce à une baisse des droits de douanes dans plusieurs secteurs industriels comme la chimie ou l'automobile. Au total, les pays de l'OMC ont "laissé filer un paquet qui valait plus de 130 milliards de dollars par an sous forme d'économies tarifaires, dont 35 milliards pour l'agriculture et 95 milliards pour les produits industriels", a estimé Pascal Lamy.

LES COMPLEMENTAIRES SANTE TAXEES POUR COMBLER LE DEFICIT DE L'ASSURANCE-MALADIE

Eric Woerth et Roselyne Bachelot, ministres respectivement du Budget et de la Santé, ont présenté mardi un nouveau plan pour réduire le déficit de l'assurance maladie à 3 milliards d'euros en 2009 au lieu des 6,4 milliards attendus en l'absence de mesures. Et le gouvernement table sur un retour à l'équilibre en 2011. Pour y parvenir, les complémentaires santés (mutuelles, assurance privées et instituts de prévoyance) seront taxées à hauteur d'un milliard d'euros, soit près de 4% de leur chiffre d'affaires réalisé l'an passé. Le gouvernement met en avant une hausse plus importante des tarifs que des dépenses des complémentaires santé, leur demandant ainsi de ne pas répercuter cette taxe sur leurs prix. "Toute taxe sur le chiffre d'affaires est inévitablement répercutée sur le consommateur final à un moment ou à un autre", rétorque le président de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), Gérard de la Martinière.

Toujours du côté des recettes, les entreprises vont être mises à contribution. La participation, l'intéressement et d'autres niches fiscales seront désormais soumis aux cotisations sociales, ce qui devrait rapporter 300 millions d'euros l'an prochain à l'assurance-maladie. La contribution de la branche accident du travail augmentera fortement, passant de 400 à 700 millions d'euros. Deux milliards d'euros d'économies sur les dépenses de l'assurance-maladie sont également espérés grâce à des efforts de prescription des médecins, des diminution de tarifs et de prix de médicaments ainsi qu'une hausse de la productivité à l'hôpital. En revanche, la baisse de la prise en charge de certains médicaments pour les patients en affectation de longue durée a été abandonnée, devant le tollé provoqué par la proposition de Frédéric van Roekeghem, directeur de l'assurance maladie. Pas de hausse également du ticket modérateur, la partie restant à charge de l'assuré ou de sa complémentaire après le remboursement par l'assurance maladie.

PERTES ABYSSALES POUR GENERAL MOTORS DANS UN SECTEUR AUTOMOBILE EN DIFFICULTE

General Motors s'enfonce dans le rouge. Le géant américain de l'automobile a affiché une perte nette de 15,5 milliards de dollars au deuxième trimestre, la troisième plus mauvaise performance trimestrielle de son histoire. Une contre-performance quatre fois supérieure aux attentes des analystes, qui s'explique notamment par une série de charges exceptionnelles d'un montant de 9,1 milliards de dollars. Mais le groupe a également souffert d'un net repli de son chiffre d'affaire, en baisse de 18% à 38,2 milliards de dollars. Spécialiste des grosses cylindrées, gloutonnes en carburant, GM est touché de plein fouet par l'envolée des cours du pétrole. Au premier semestre, le constructeur de Detroit a perdu sa place de premier constructeur mondial au profit de son concurrent japonais Toyota. Pour sortir de la crise, General Motors a annoncé à la mi-juillet d'importantes mesures d'économies alors que les rumeurs de faillite commençaient à prendre corps. L'an passé, le groupe a perdu près de 39 milliards de dollars.

Mais GM n'est pas le seul à souffrir. Ford a également annoncé un repli de 15% de ventes aux Etats-Unis en juillet, s'attendant à un deuxième semestre encore plus difficile. L'allemand BMW a prévenu vendredi qu'il ne pourrait pas remplir ses objectifs financiers cette année. Touché par la mauvaise conjoncture sur le marché américain, le constructeur a publié un bénéfice net en recul de 26% au premier semestre à 994 millions d'euros. Et le repli est encore plus marqué pour Nissan, troisième constructeur japonais : - 42,8% du résultat net à 316 millions d'euros au titre de son premier trimestre 2008-09. Côté français, Renault et PSA ont bien résisté sur les six premiers mois de l'année avec une progression respective de 37% et de 49% de leur bénéfice net. Mais les deux constructeurs prévoient un net ralentissement du marché hexagonal. En juillet, les immatriculations automobiles françaises ont d'ailleurs baissé de 0,2%, selon les chiffres publiés vendredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles.

PAT RUSSO ET SERGE TCHURUK QUITTENT ALCATEL-LUCENT

Changement de direction chez Alcatel-Lucent. Serge Tchuruk, le président du conseil d'administration de l'équipementier télécom, et Patricia Russo, sa directrice générale, vont quitter un navire à la dérive. Depuis la fusion du français Alcatel et de l'américain Lucent, entérinée le 1er décembre 2006, le groupe a en effet accumulé les mauvais résultats. Au deuxième trimestre 2008, il a encore perdu 1,1 milliard d'euros, une perte largement supérieure aux attentes et un sixième trimestre consécutif dans le rouge. Mis à mal par la concurrence étrangère, notamment chinoise, Alcatel-Lucent a procédé à plusieurs plans de restructuration pour un total de 16.500 suppressions d'emplois dans le monde, dont 1.800 en France.

"Le temps est venu pour nous deux de partir et de laisser la place à de nouvelles idées et perspectives de croissance et d'évolution", a commenté Pat Russo, dont l'indemnité de départ pourrait monter à 6 millions d'euros. Pour remplacer la seule femme patronne d'un groupe du Cac 40, le nom de Thierry Breton avait déjà été évoqué. L'ancien ministre de l'Economie et des finances est considéré comme un spécialiste du redressement d'entreprise en difficulté après ses passages chez Thomson, Bull et chez France Télécom. Ben Verwaayen, ancien directeur général de British Telecom, Michel Combes, président de TDF, Philippe Germond, ancien directeur général adjoint d'Alcatel, et son successeur Mike Quigley font également parti des candidats. La nomination d'un nouveau directeur général devrait intervenir avant la fin de l'année. En attendant, Pat Russo continuera à diriger le groupe.

INFLATION RECORD DANS LA ZONE EURO ET MENACES SUR LA CROISSANCE

A chaque mois son nouveau record d'inflation dans la zone euro. Pour le troisième mois consécutif, la progression des prix a atteint son plus haut historique : 3,7% sur un an en mai, 4% en juin et 4,1% en juillet. En cause, comme depuis l'automne dernier, l'envolée des prix énergétiques et alimentaires. Face à ce regain inflationniste, la Banque centrale européenne se retrouve dans une situation délicate. Car dans le même temps, la croissance de l'activité européenne devrait être affectée ces prochains mois, après avoir résisté jusque-là au contexte international. L'indice de confiance économique, qui résume l'opinion des chefs d'entreprises et des consommateurs, a ainsi accusé en juillet son plus fort recul mensuel depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il est tombé à son plus bas niveau depuis mars 2003, selon les chiffres publiés mercredi.

Autre signe du ralentissement économique : l'indice PMI manufacturier de la zone euro, qui mesure l'activité industrielle, a reculé en juillet, au plus bas depuis plus de cinq ans. Quant au chômage, il a augmenté en mai pour la première fois depuis près de quatre ans, selon des données révisées jeudi par Eurostat, qui fait désormais état d'un taux de 7,3% en mai comme en juin. La remontée attendue du chômage devrait limiter les revendications salariales et donc les risques des "effets de second rang", tant redoutés par la Banque centrale européenne.

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