Affaire EADS : le patron d'Airbus rejette les accusations

Thomas Enders affirme n'avoir "rien fait de répréhensible" alors qu'il est mis en cause directement dans le rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur des délits d'initiés et une mauvaise communication financière au sein d'EADS. Diffusé mardi sur le site d'information Médiapart, ce rapport épingle 17 personnes et les actionnaires du groupe d'aéronautique et de défense, Lagardère et DaimlerChrysler.

Mis en cause directement dans l'affaire des délits d'initiés d'EADS, le patron de la filiale du groupe européen, Airbus, Thomas Enders, a rejeté ce mercredi les accusations à son encontre. "Je sais que je n'ai rien fait de répréhensible et je peux dire la même chose pour l'ensemble des responsables mis en cause", a ainsi déclaré le dirigeant lors d'une conférence de presse à Auckland.

Une réaction qui fait suite à la révélation mardi par le site d'information Médiapart sur internet, d'informations sur les griefs de l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur des délits d'initiés et une mauvaise communication financière au sein d'EADS qui visent 17 personnes et ses actionnaires Lagardère et Daimler. Ces dix-sept personnes se retrouvent soupçonnées "d'avoir manqué à l'obligation d'abstention" de vendre des actions au vue des informations privilégiées dont ils disposaient, est-il écrit dans le fac-similé du rapport téléchargeable sur internet.

Sont cités parmi les membres du comité exécutif d'Airbus: Olivier Andriès, Charles Champion, Henri Coupron, Alain Flourens, Gustav Humbert, John Leahy, Erik Pillet, Andreas Sperl, Thomas Williams. En tant que membres du comité exécutif d'EADS et du comité des actionnaires d'Airbus: Thomas Enders, Noël Forgeard (qui a également clamé son innocence la semaine dernière) et Jean-Paul Gut.

De même, parmi les membres du seul comité exécutif du groupe, sont soupçonnés François Auque, Fabrice Brégier, Ralph Crosby, Jussi Itavuori et Stefan Zoller. Enfin les deux actionnaires de contrôle, DaimlerChrysler et Lagardère.

L'AMF a confirmé le 1er avril l'existence de délits d'initié au sein du groupe européen de défense et d'aéronautique EADS fin 2005-début 2006, en annonçant avoir "notifié des griefs" à plusieurs personnes, et a impliqué le groupe EADS en tant que tel pour "manquement aux obligations de bonne information du marché". Elle n'avait pas cité nommément les personnes concernées. L'enquête de l'AMF porte sur la vente massive d'actions par des dirigeants d'EADS avant l'annonce de nouveaux retards du programme d'avion géant A380, qui avait fait plonger le titre en Bourse.

EADS a aussitôt réagi mardi en publiant un communiqué qui souligne : "Un site de presse internet vient de publier et de mettre en ligne les extraits du rapport d'enquête sur l'information financière d'EADS, qui ne nous est pas encore parvenu de l'AMF, et qui comprend une liste de noms de personnes prétendument accusées de délit d'initié.

C'est donc la deuxième fois, après la fuite qui a permis au Figaro de publier le 3 octobre 2007 le rapport d'étape de l'AMF, que des documents confidentiels de l'AMF sont ainsi portés à la connaissance du public. EADS n'est pas seulement surpris mais littéralement choqué de voir combien tout ceci est contraire aux procédures légales et combien sont bafoués les droits de la défense.

Bien entendu, la société n'est pas en mesure de faire de commentaire avant d'avoir lu et évalué l'intégralité du document avec ses conclusions, et maintient sa demande officielle à l'AMF que soit préservée la présomption d'innocence des individus et qu'ils ne soient pas publiquement mis en accusation sans accès à leur dossier".

Interrogé lors d'une conférence ce mardi, Stefan Zoller, patron de la division Défense et Sécurité et membre du comité exécutif d'EADS, qui est sur la liste noire de l'AMF, souligne : " j'ai vendu en mars 2006 car j'ai pensé que le moment était opportun. Les stocks option sont une partie de ma rémunération. Je les ai vendus de manière tout à fait légale. Il est clair que cela ne me plait pas de voir toujours mon nom cité. Ceci dit je ne suis au courant d'aucune procédure à mon encontre. Je n'ai pas reçu de lettre . Je n'ai pas encore eu la chance de pouvoir donner mes arguments. Mon comportement est irréprochable. j'espère que le dossier va être réglé rapidement et que cela ne va pas traîner. Il est temps que l'on parle des faits. Soyez assuré que je vais me défendre avec véhémence quand le moment sera venu"

En novembre dernier, le directeur financier du groupe Hans- Peter Ring, avait indiqué à la Tribune : "Personnellement je n'ai jamais vendu de stock options. C'est un sujet difficile pour un directeur financier. Elles ont une durée de 10 ans et les premières arrivent à terme bientôt. Je ne sais pas ce que je vais en faire. Je n'ai pas à avaliser ou signer les demandes d'exercice des options de ceux qui veulent les exercer. Chaque fois qu'une fenêtre d'exercice s'ouvre j'envoie une lettre , dans laquelle je précise implicitement que tous ceux qui peuvent avoir des informations susceptibles d'influencer l'exercice de leurs options ne doivent pas les exercer. Après c'est à chacun de décider ce qu'il fait. J'ai en revanche la responsabilité de publier une information financière si un dirigeant vend des titres."

Il estimait donc que ce n'est pas à lui d'interdire à quelqu'un d'user de son droit, ses collègues étant responsables, mais c'est son devoir de les informer que s'ils ont des informations particulières ils ne doivent pas les exercer.

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