Chavez annonce la nationalisation immédiate du secteur du ciment

Le président vénézuélien a annoncé jeudi la nationalisation immédiate du secteur du ciment. Ce qui devrait affecter directement les groupes Lafarge, Holcim ou Cemex, principaux acteurs du secteur dans le pays. Paris et Mexico demandent des explications, Holcim relativise.

Jusqu'où ira Hugo Chavez ? Le président vénézuélien a annoncé jeudi la nationalisation immédiate du secteur du ciment dans son pays, ce qui devrait affecter directement les groupes Holcim, Lafarge et Cemex, principaux acteurs du secteur dans le pays.

"Nationalisez-le, et à compter de cet instant prenez toutes les mesures légales (...) pour nationaliser à court terme toute l'industrie nationale du ciment", a déclaré Hugo Chavez - qui avait déjà nationalisé de force tout le secteur pétrolier, touchant Total et provoquant un bras de fer avec le géant américain ExxonMobil - dans un discours télévisé. Le président vénézuélien a souvent accusé les cimenteries privées d'exporter leur production au lieu de la vendre sur le marché intérieur, accusation lancée pour contrer un manque de logements qui lui a valu des critiques de la part même de ses partisans.

Hugo Chavez a expliqué qu'il s'agissait d'une décision "stratégique" et indiqué, dans sa grande largesse, que les sociétés étrangères concernées seraient indemnisées.

L'an dernier, il avait évoqué de possibles "actions correctives" contre Venezuelan Cemex, filiale locale de Cemex, troisième producteur mondial, des habitants l'ayant accusée de pollution. A la même époque, Hugo Chavez s'était attaqué aux secteurs de l'énergie et des télécommunications tout en menaçant ceux de la banque et de l'acier.

Le gouvernement mexicain a aussitôt exigé des explications. "Le ministère des Affaires étrangères est entré en contact avec le gouvernement vénézuélien afin de connaître la nature des déclarations du président Hugo Chavez", souligne un communiqué officiel mexicain. En outre, le gouvernement "va convoquer l'ambassadeur du Venezuela au Mexique" afin qu'il détaille les intentions du président Chavez, poursuit le texte qui assure vouloir protéger les "intérêts" des sociétés mexicaines à l'étranger.

De son côté, le groupe suisse Holcim, numéro deux mondial du ciment après le français Lafarge, a dit prendre "très au sérieux" l'annonce vénézuélienne. "Nous restons calmes car ce n'est pas la première fois qu'il annonce que le secteur va être nationalisé. Nous devons attendre pour voir ce qui se passe", a ajouté Peter Gysel, porte-parole du groupe.

Il a précisé que Holcim détenait deux usines au Venezuela d'une capacité d'environ 3 millions de tonnes de ciment par an, soit 1,5% du total mondial du groupe. Le Venezuela a rapporté l'an dernier environ 270 millions de francs suisses (170 millions d'euros) à Holcim, soit moins de 1% de son chiffre d'affaires net. Holcim est présent depuis 1977 dans le pays, où il emploie 774 employés, a précisé Peter Gysel.

A la Bourse suisse, le titre Holcim se repliait de 0,28% à 107,1 francs suisses, sur un marché en hausse de 0,37% en fin de matinée.

Enfin, Paris a déclaré vendredi attendre des "précisions" après l'annonce du président Chavez. "Nous attendons d'avoir des précisions sur les déclarations et sur ce qu'a dit le gouvernement vénézuélien pour nous prononcer", a déclaré à la presse la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pascale Andréani. "Nous sommes comme partout dans le monde très attentifs à la protection des intérêts de nos entreprises".

De son côté, Bercy a indiqué que la France allait "demander des explications" et veiller à ce que les entreprises françaises soient indemnisées. "Le ministère de l'Economie regarde au plus près la situation là bas et va demander des explications", a déclaré un porte-parole du ministère à l'AFP. Selon lui, un accord conclu entre la France et le Venezuela prévoit que "toutes les mesures d'expropriation qui pourraient être prises doivent donner lieu au paiement d'une indemnité adéquate dont le montant est égal à la valeur réel des investissements concernés".

Cet "accord de protection des investissements", signé le 2 juillet 2001, est rentré en vigueur le 15 avril 2004, a expliqué Bercy. "Le ministère est dans l'attente d'information sur la portée et la nature exacte de cette décision et (la ministre de l'Economie) Christine Lagarde va sans tarder rappeler aux autorités vénézuéliennes que ces dispositions doivent être respectées dans le cas où cette nationalisation serait effective", a rappelé le ministère.

Lafarge, interrogé vendredi à Paris par l'AFP, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat mais a précisé que le groupe n'est que troisième au Venezuela, derrière Cemex et Holcim. La capacité de production de Lafarge dans ce pays est de 1,6 million de tonnes de ciment.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.