Pluie de contributions avant le congrès du PS

De Bertrand Delanoë à Ségolène Royal, en passant par Henri Emmanuelli ou Pierre Moscovici, les principaux ténors socialistes ont présenté leur contribution, tout en affichant leurs soutiens.

A l'approche du congrès du PS, à l'automne, les candidats à la direction du parti ont multiplié les interventions ce week-end pour présenter leur contribution. La plus bruyante, Ségolène Royal, se voulant à la pointe du combat anti-gouvernemental, a transformé samedi la présentation de son texte en "premier grand rassemblement contre la politique" de Nicolas Sarkozy.

A Paris, devant plus d'un millier de militants survoltés scandant son prénom, l'ancienne candidate à la présidentielle a fustigé les projets du gouvernement, notamment "l'insupportable perspective" de la privatisation d'Areva et EDF, ou la réorganisation de l'audiovisuel public. Remerciant les "plus de 3.000" personnes "coauteurs de cette contribution" sur son site web, elle a appelé à un congrès "utile et serein" et décliné les sept "piliers" de son texte intitulé "combattre et proposer".

Le numéro deux du PS et maire de Dijon, François Rebsamen, a résumé les "quatre révolutions du texte": "mettre l'économie au service de l'homme, faire la révolution écologique, mettre en place un Etat préventif et la révolution démocratique jusqu'au bout". La contribution prône notamment une "révolution fiscale", avec prélèvement à la source et fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG ou encore la suppression des niches fiscales.

Se voulant rassembleuse et consensuelle pour le PS, Ségolène Royal a assuré: "vous n'entendrez de ma bouche aucune chose désagréable, polémique, aucune petite phrase. Je vois les choses, je les entends, je les subis". "J'ai beaucoup donné mais j'ai beaucoup reçu". Elle a d'ailleurs invité les membres du PS "à (la) rejoindre et à se rassembler. Ils seront les bienvenus le moment venu".

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a refusé dimanche de trop commenter la contribution de Ségolène Royal (tout en indiquant qu'il y manquait beaucoup de choses). Le favori des sondages, toujours non déclaré officiellement à la succession de François Hollande, a révélé le nom de sa contribution, dont les grandes lignes ont été présentées mercredi. Intitulée "clarté, créativité, courage", cette contribution de 20 pages a pour sous-titre "choisir maintenant pour agir demain", a-t-il fait savoir.

Bertrand Delanoë propose notamment que "la France atteigne un investissement dans la recherche correspondant à 3% du PIB". Pour cette proposition de "15 milliards d'euros par an", il suggère de supprimer "le paquet fiscal de Nicolas Sarkozy". Le maire de Paris a par ailleurs signalé qu'il mettrait ce lundi après-midi en ligne cette contribution sur son site Internet.

De leur côté, Benoit Hamon et Henri Emmanuelli ont appelé, samedi à la Sorbonne, au "rassemblement" de la gauche pour mener d'ici à 2012 "le combat" contre "tout le travail de casse du modèle social et des libertés mis en oeuvre par la droite" et pour "la reconquête du pouvoir". Dans un amphithéâtre comble, les deux chefs de file du Nouveau parti socialiste (NPS) ont présenté leur contribution pour "reprendre le terrain abandonné à la droite, et revenir sur le cycle le plus important, depuis longtemps, de régression sociale et démocratique", selon Benoît Hamon.

Citant la réduction du temps de travail, les retraites, le droit de grève, la rétention de sûreté, la "mise au pas des médias" et le retour dans le commandement intégré de l'OTAN "sans débat parlementaire", le jeune eurodéputé a fustigé la politique de Nicolas Sarkozy. "L'objectif n'est pas d'être à l'aile gauche du parti socialiste, l'objectif c'est que le parti socialiste reste un parti de gauche", a déclaré Henri Emmanuelli lors de cette réunion à laquelle participaient Laurent Fabius, Marylise Lebranchu et le politologue Emmanuel Todd.

Par ailleurs, les strauss-kahniens et les amis d'Arnaud Montebourg ont présenté dimanche à Paris leur contribution menée par Pierre Moscovici, qualifiée de "discours de la méthode" pour les prochaines échéances électorales. Le député du Doubs, candidat au poste de premier secrétaire, a voulu présenter un texte qui soit "une vraie force" pour "proposer un chemin pour gagner en 2012" en évitant trois "écueils": "présidentialisation du parti, (...) immobilisme et combinaisons". Cette contribution, intitulée "besoin de gauche", se veut un "premier rassemblement" et non un "catalogue". Elle n'est "pas le pré-programme d'un présidentiable", mais veut "proposer une cohérence", a-t-il souligné.

Pour le député Arnaud Montebourg, cette contribution est "la feuille de route de la mutation du parti socialiste". "C'est une manière de dire au moment où la gauche doit se reconstruire, car elle est en miettes, c'est un peu une honte que le PS ait pour seule réponse des luttes de pouvoirs et de personnes". "Nous voulons un contrat de gouvernance avec un plan de travail, des tâches extrêmement précises et non pas un vague blanc-seing pour une équipe", a déclaré le député Jean-Christophe Cambadélis, qui a qualifié le PS de "coordination de barons, et une coordination de barons ça ne fait pas un parti".

"Le PS est actuellement la meilleure machine pour désigner un candidat qui va perdre", a assuré Thierry Mandon, maire de Ris-Orangis, pour qui "nous sommes pour la primaire car elle permet de travailler pendant deux ans, sans positionnement tactique, sur le fond". La contribution est un "succès", a estimé Jean-Christophe Cambadélis, indiquant qu'elle avait été signée par "plus de 35 parlementaires, douze premiers fédéraux, huit présidents de conseils généraux, trois présidents de région, près de 2.000 signataires, plus de 40 signatures du Conseil national". Ont notamment signé le président francilien Jean-Paul Huchon, les députés Jean-Marie Le Guen, Marisol Touraine, François Pupponi, Gilbert Le Bris ou l'eurodéputé Catherine Trautmann.

Enfin, le député PS (rénovateur) de la Nièvre, Gaëtan Gorce, a rendu publique lundi sa contribution pour le congrès de Reims et réclamé une "rupture" avec le mode de fonctionnement actuel du PS, perclus de "baronnies", plaidant pour la désignation d'un "leadership clair". Alors que les autres contributeurs (une douzaine) se targuent du nombre de signatures en bas de leur texte, Gaëtan Gorce souligne que le sien est défendu seulement par Louis Gautier (délégué aux questions stratégiques).

Quant à Manuel Valls, rénovateur comme lui, il a préféré signer la contribution de Gérard Collomb (maire de Lyon) et Jean-Noël Guérini (président du conseil général des Bouches-du-Rhône). Ces derniers souhaitent faire entendre la voix des grands élus de province, notamment après leur victoire aux élections locales de mars, en rejetant les discussions d'appareil parisiennes.

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