Affaire Erika : après l'appel de Total, les parties civiles contre attaquent

Mécontentes de Total, les parties civiles au procès de l'Erika, organisations écologiques comme collectivités locales, commencent à faire appel. Elles jugent scandaleuse la décision du groupe pétrolier français de faire appel de sa condamnation dans le procès de l'Erika.

La bataille dans l'affaire de l'Erika se poursuit. Plusieurs collectivités locales et organisations écologistes ont annoncé ce dimanche leur intention de faire appel du jugement intervenu dans l'affaire de l'Erika, mécontentes de l'appel décidé par Total et de sa proposition d'indemniser les parties civiles qui se désisteraient.

Le groupe pétrolier français a en effet annoncé vendredi qu'il faisait appel de sa condamnation dans le procès Erika, tout en décidant de verser "immédiatement et de manière irrévocable" aux victimes de la pollution les indemnités fixées par le tribunal. Total estime sa condamnation "injustifiée et allant à l'encontre du but recherché: améliorer la sécurité dans le transport maritime".

La compagnie pétrolière, le propriétaire de l'Erika, son gestionnaire ainsi que l'organisme de contrôle maritime Rina ont été condamnés le 16 janvier à une amende de 375.000 euros et 192 millions de dommages et intérêts pour pollution maritime.

"La réponse du berger à la bergère" n'a pas tardé. Ce dimanche, l'organisation écologique GreenPeace a décidé de contre attaquer en interjetant appel à son tour. "Après le responsable mais pas coupable, Total invente le solvable mais pas responsable", explique le directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot. Ce dernier fait valoir que "Total fait appel pour tenter d'échapper à la responsabilité pénale, ce qui revient à vouloir protéger l'activité des affréteurs" et refuser de "laisser progresser la sécurité maritime".

L'association, qui s'est vue accorder en première instance 30.000 euros d'indemnisation au titre du préjudice écologique subi, a jugé "scandaleux" l'attitude de Total. Une position partagée également par la ligue de protection des oiseaux (LPO) qui a elle aussi entériné ce dimanche sa décision de faire appel du jugement du tribunal correctionnel de Paris.

"A partir du moment où Total s'est pourvu en appel, on est dans cet état d'esprit. On considère que l'évaluation de 300.000 euros pour l'atteinte au vivant non commercial est sous-estimée", a indiqué le président de la Ligue Allain Bougrain-Dubourg.

Fortement touchée par la marée noire de l'Erika en décembre 1999, la région Pays-de-la-Loire a décidé également de faire appel aussitôt rendue publique la décision de Total, qui pour elle est une "manoeuvre" destinée à "dégager sa responsabilité pénale". La région a obtenu 4,7 millions d'euros d'indemnités en première instance.

Autre collectivité à s'être manifestée: la commune de Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique) qui fait appel pour bénéficier du "préjudice écologique", selon Corinne Lepage, avocate de plusieurs communes parties civiles dans l'affaire de l'Erika.

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