Un bilan semestriel de bon niveau

Drouot un peu, les filiales anglo-saxonnes beaucoup, les maisons de ventes aux enchères ont connu un bon premier semestre. Paris maintient sa place, mais loin derrière Londres et surtout New York.

Pour les sociétés de ventes aux enchères tricolores, le premier semestre se termine mieux qu'il n'avait commencé. En effet, les dernières semaines ont été particulièrement riches en vacations de prestige, et l'on a vu le marteau tomber plusieurs fois au dessus du million d'euros.

C'est surtout vrai pour les filiales des maisons de ventes internationales, celles qui dominent le marché mondial. Sotheby's France a totalisé 87,3 millions d'euros (+104% par rapport à la même période de 2007) et Christie's France a réalisé 85, 9 millions d'euros, l'un de ses meilleures résultats.

Les deux sociétés s'annoncent, à juste titre, leaders pour nombre de secteurs de haut niveau, peintures, ancienne, impressionniste, moderne, contemporaine, arts d'Asie ou d'Afrique, mobilier estampillé ou Art déco. Sotheby's France a ainsi obtenu quatorze enchères supérieures au million d'euros, avec quelques records mondiaux par artiste: 1.152.250 euros pour une toile de Georges Matthieu, 3.840.250 euros pour une "ligne de rupture" de Joan Mitchell, 3.616.250 euros pour des manuscrits d'André Breton, 516.750 euros pour du mobilier signé Jean Royère.

Christie's France, de son coté, affiche treize lots adjugés au dessus du million d'euros et 28 records du monde, dont une "Spider 2003" de Louise Bourgeois achetée 2.88.250 euros, un chandelier Fars iranien du XIVème siècle cédé 3.00.250 euros, ou une bibliothèque à caissons pivotants Art déco d'Eugène Printz adjugée 1.320.250 euros.

Les presque 70 sociétés de ventes regroupées sous la houlette de Drouot Holding n'ont pas non plus à rougir de leurs résultats, moins spectaculaires, car seules six enchères ont dépassé le million d'euros (1.860.000 euros pour une toile de Wassily Kandinsky, 1.181.000 euros pour une bague Harry Winston en platine ornée d'un diamant rectangulaire de 16,74 carats, ou 3.653.000 euros pour un ensemble de mobilier Art déco par Armand Rateau). Plus notable encore est la bonne tenue des ventes, car près de 73% des lots mis en vente ont trouvé acquéreur, preuve que, le marché tient malgré une crise financière notable.

Les spécialistes estiment que les prix élevés constatés ne concernent désormais que les plus belles pièces, celles de "qualité musée", qui attirent les collectionneurs, plus nombreux, plus jeunes, plus informés. Ainsi, seuls 34% des acheteurs de Sotheby's France sont des résidents de l'Hexagone: si les acquéreurs Américains sont (un peu) plus discrets avec la faiblesse du dollar, on note l'arrivée de fortunes du Moyen Orient (3% des enchérisseurs), russes (6%) et asiatiques (7%).

Le marché s'internationalise grâce à Internet et se concentre sur quelques places: New York surtout (une seule vacation d'art contemporain rapporte davantage que le chiffre d'affaires semestriel de Drouot), Londres, Hong Kong, avec désormais quelques percées dans les Emirats et en Chine. Si pour l'heure Paris résiste (surtout grâce aux filiales des sociétés de ventes internationales et à son rôle de "grenier de l'art"), la France fait du sur-place quand ses concurrents progressent. Il faut également signaler le recul de la province, qui ne représente plus qu'un petit 15% du marché tricolore.

Les déjà nombreuses ventes de prestige annoncées pour le second semestre à Paris devraient donner la température d'un marché, qui semble aujourd'hui, contrairement au passé, totalement décorelé des autres marchés, bourse ou immobilier. L'art serait-il devenu la valeur refuge du moment?

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