Municipales : tractations autour du Modem, Sarkozy dit qu'il tiendra compte du scrutin

Le parti socialiste et l'UMP tentent chacun d'attirer localement les élus du Modem, en position d'arbitre pour le second tour des municipales. En déplacement à Toulon, Nicolas Sarkozy assure qu'il tiendra compte des résultats.

S'il en est un objet de toutes les convoitises en ce moment, c'est bien le Modem. Le parti politique de François Bayrou joue en effet l'arbitre pour le second tour des municipales entre l'UMP et le Parti socialiste. Deux jours après les résultats du premier tour, les tractations se poursuivent pour trouver des accords locaux avec le MoDem, le parti centriste ne donnant aucune consigne à l'échelle nationale.

Les situations dans les principales grandes villes en ballottage se présentaient donc de manière très diverse lundi soir, le MoDem penchant tantôt à gauche, tantôt à droite. A Marseille, le MoDem Jean-Luc Benhamias, ancien élu des Verts, a annoncé dans la soirée qu'il allait fusionner avec les listes de gauche emmenées par Jean-Noël Guérini, contre le maire UMP sortant Jean-Claude Gaudin.

A Strasbourg, la candidate MoDem Chantal Cutajar (5,74%), ancienne adjointe de la maire sortante UMP Fabienne Keller entrée en dissidence, ne retournera pas vers elle et a fait l'éloge publiquement du candidat PS Roland Ries, arrivé largement en tête au premier tour. Un accord avec la droite est donc exclu même si les négociations avec Roland Ries ont échoué en fin de journée, notamment en raison de réticences des Verts, avec lesquels le sénateur socialiste du Bas-Rhin s'était entendu dans la matinée.

A Paris, Marielle de Sarnez, courtisée par l'UMP Françoise de Panafieu qui lui a proposé une alliance, s'est dite prête à des partenariats à gauche, mais le socialiste sortant Bertrand Delanoë, fort d'un score élevé au premier tour de 41,9%, ne lui demande rien officiellement pour le moment. Le parti centriste réalise un score global de 8,9% à Paris et, avec plus de 10%, peut se maintenir dans les Ve, VIIe et XIVe arrondissements.

A Toulouse, où le maire sortant UMP Jean-Luc Moudenc devance d'une courte tête le PS Pierre Cohen, le candidat MoDem Jean-Luc Forget (5,91%), ancien CDS, a rencontré les deux candidats. Au final, décision a été prise d'une fusion des listes UMP et Modem ce qui laisse l'espoir à Jean-Luc Moudenc de conserver sa mairie.

A Metz, l'UMP et le MoDem, arrivés troisième et quatrième vont fusionner leurs listes, rendant encore plus difficile la situation du maire divers droite Jean-Marie Rausch,qui n'a obtenu dimanche dernier que 24,26% des voix derrière le score de la liste d'union de la gauche (PS,PCF, Verts et transfuges du Modem) avec 34,04%.

En ce qui concerne la situation personnelle de François Bayrou, en lice au second tour pour la mairie de Pau, le dirigeant centriste a de nouveau rejeté lundi soir la main tendue par l'UMP. "Je n'ai eu aucune négociation d'aucune sorte, je n'ai d'ailleurs eu aucun appel d'aucune sorte en provenance notamment de l'UMP et je crois que dans tout ça il y a une grande part de bluff", a-t-il dit lors d'un point de presse.

Au lendemain du premier tour des élections municipales, l'UMP avait en effet fait lundi une offre d'échange de bons procédés au parti créé par François Bayrou, dont le score national de 3,74% cache des performances plus significatives dans les grandes villes.

"Nous sommes ouvert naturellement à une discussion mais elle ne peut se faire que sur la base de l'échange", a ainsi proposé le député et secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian. "François Bayrou est en difficulté à Pau mais nous nous avons aussi quelques situations délicates comme à Saint-Etienne, par exemple, où les électeurs du Modem peuvent être utiles."

La situation personnelle de François Bayrou est délicate à Pau où, avec 32,61% des voix, il est devancé par la candidate PS Martine Lignères-Cassou (33,37%), et se place devant le maire sortant Yves Urieta (27,8%), ex-socialiste soutenu par l'UMP.

En déplacement ce mardi à Toulon, officiellement pour parler d'immigration, Nicolas Sarkozy a déclaré : "après le deuxième tour, une fois acquis les résultats définitifs, il appartiendra à chaque responsable politique et d'abord à moi-même de tirer les leçons de ces élections. Le peuple alors aura parlé, je tiendrai naturellement compte de ce qu'il aura exprimé". Il a toutefois estimé que "c'est de la démocratie locale dont il est question".

Cela ne l'a pas empêché d'estimer que le résultat des ministres engagés aux municipales, dont plus de la moitié ont été élus au premier tour, est "pour le gouvernement tout entier un encouragement", alors qu'il est "engagé dans des réformes difficiles". Outre François Fillon, réélu conseiller municipal de Solesmes (Sarthe) dimanche, 23 ministres s'étaient engagés dans les municipales ou les cantonales. Quatorze ont été élus d'emblée.

Le chef de l'Etat a enfin regretté qu'avec un taux de participation estimé de 66%, ce soit "la plus faible jamais enregistré à des municipales". "Il est de mon devoir d'appeler chacun, quel que soient ses choix, ses croyances, ses opinions, à se mobiliser pour que dans chaque ville, dans chaque village, ceux qui seront élus aient la légitimité dont ils auront besoin pour agir".

Le MoDem s'allie au PC à Aubagne

A Aubagne, le MoDem n'hésite pas à franchir un pas qui ne peut que déconcerter ses électeurs. Les listes du maire sortant Daniel Fontaine (PCF) et du MoDem Jean-Marie Orihuel ont décidé de fusionner au deuxième tour des municipales, ont indiqué ce mardi les deux parties. Jean-Marie Orihuel est placé en cinqième position sur la nouvelle liste, avec l'assurance d'être adjoint au maire en cas de réélection de Daniel Fontaine. Interrogé par l'AFP, Jean-Marie Orihuel a déclaré qu'il était favorable au "rassemblement de toutes les énergies" et qu'il s'était vu proposer "un partenariat où le MoDem aura toute sa place" par le maire sortant. Il a ajouté qu'il ne considérait pas M.Fontaine comme un élu communiste car il se présente "sans étiquette" aux municipales. Côté maire sortant, on précise que Daniel Fontaine a posé des conditions qui ont été acceptées par le candidat MoDem: agir contre la politique de Nicolas Sarkozy, refuser l'absorption de la ville par la communauté urbaine de Marseille et accepter le programme du maire sortant. Jean-Marie Orihuel a indiqué que Daniel Fontaine avait jugé bon leur propre projet qui propose le développement de "vraies solidarités" sur Aubagne. Au premier tour, la liste Fontaine a obtenu 47,51% des voix, contre 36,38% à l'UMP et 8,04 % au MoDem, le FN recueillant 8,07%.

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