Pétrole : les prix se rapprochent de leur sommets en raison de craintes sur l'offre

Les cours du pétrole sont en hausse ce mardi en raison de craintes liées aux approvisionnements. Outre le rapport de l'AIE, qui prédit que l'offre mondiale de pétrole augmentera plus lentement que prévu jusqu'en 2013, le marché s'inquiète de l'attentat contre l'oléoduc alimentant la raffinerie de Bagdad et des tensions entre Israël et l'Iran.

Les craintes pour l'approvisionnement en pétrole et l'inquiétude quant à l'acheminement de l'or noir ont contribué à pousser le prix du baril de brut américain à un record à 143,67 dollars lundi. Ce mardi, la tendance est toujours à la fermeté: à midi, le brut américain gagne 2,31 dollars, ou 1,64%, à 142,30 dollars le baril. Le Brent de la mer du Nord progresse de 1,8%, ou 2,51 dollars, à 142,34 dollars le baril.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a mis en garde ce jour face à une décélération "considérable" de l'accroissement de l'offre de pétrole à partir de 2010, au moment précis où la croissance économique, et donc la demande de pétrole, devraient repartir. Cette baisse surviendra "juste quand la prévision de croissance devrait relever la tête", indique l'AIE, bras énergétique de l'OCDE, dans son rapport de perspectives à moyen terme présenté au XIXème Congrès mondial du pétrole organisé cette semaine à Madrid.

Si le scénario de l'AIE se confirme, la demande de pétrole pour alimenter la reprise de la croissance mondiale augmentera au moment même où l'offre se raréfiera, augurant de nouvelles hausses des prix du brut. Dans les dix-huit prochains mois, l'Agence internationale estime possible que se crée un "petit coussin d'offre" en raison de l'affaiblissement de la croissance et de l'entrée en production d'un nombre important de projets pétroliers, dans son rapport de perspectives à moyen terme sur le pétrole. Ensuite, à compter de 2010, "le taux d'expansion annuel va chuter considérablement de 1,5 à 2,5 millions de barils par jour jusqu'ici, à moins de 1 million de barils par jour", estime l'AIE.

Cela va réduire la capacité de production excédentaire de l'Opep (la réserve de production mobilisable immédiatement pour pallier une crise majeure, NDLR) "à des niveaux minimum en 2013", selon l'agence. Comparé aux perspectives à moyen terme publiées l'an dernier, l'AIE a révisé à la baisse de 3,43 millions de barils ses prévisions de demande sur cinq ans.

Selon elle, la demande devrait progresser au rythme de 1,6% en moyenne, passant de 86,9 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à 94,1 mbj en 2013. "La croissance de la demande restera concentrée dans les économies émergentes, 90% d'entre elles émanant d'Asie, d'Amérique du sud et du Moyen Orient", précise l'Agence.

L'agence a également révisé à la baisse ses prévisions d'offre hors-Opep et ses estimations de capacité de production de l'Opep par rapport à son rapport de l'an dernier. La production hors-Opep devrait progresser de 55,05 mbj en 2008 à 57,5 mbj en 2012 et 58,29 mbj en 2013. L'AIE a ainsi réduit de 1,42 mbj sa prévision d'offre non-Opep par rapport à son précédent rapport.

L'offre de l'Opep devrait passer de 35,34 mbj en 2008 à 37,58 mbj en 2012 et 37,87 mbj en 2013. Le chiffre de 2012 a été réduit de 1,25 mbj. L'essentiel de la hausse de production de l'Opep sera fournie essentiellement par l'Arabie saoudite, et "dans une moindre mesure" par l'Irak, le Nigeria, et les Emirats arabes unis.

"Les retards dans les projets restent un facteur majeur expliquant les mauvaises performances de l'offre", explique l'AIE, qui table sur un retard moyen de douze mois. Hors Opep, la production devrait souffrir du déclin des gisements qui s'accélère. "Il faut 3,5 millions de nouveaux barils par an simplement pour soutenir la production mondiale de pétrole" et compenser l'épuisement en cours des ressources, notamment au Mexique et en mer du Nord.

Par ailleurs, les marchés s'inquiètent des retombées quant à l'attentat dont à été victime l'oléoduc alimentant Bagdad qui a interrompu l'arrivée de pétrole à la raffinerie de la capitale irakienne, principale source d'approvisionnement en carburant de la ville. Selon le porte-parole du ministère du Pétrole, Assim Jihad, "cela a provoqué l'interruption de l'alimentation en pétrole de la raffinerie d'al-Dora, l'arrêt du pompage du pétrole dans le sud du pays et la perte d'une grande quantité de pétrole". Cette attaque survient à un moment où les besoins en carburant augmentent car les températures sont très élevées dans la capitale irakienne, qui connaît de fréquentes coupures de courant.

Les déclarations du roi Abdallah d'Arabie saoudite, à la tête de la première puissance pétrolière mondiale, ne sont pas là pour calmer le jeu: il estime qu'il revient aux pays consommateurs de s'adapter à des cours élevés du brut. Dans un entretien publié ce mardi par le quotidien koweïtien Al-Siyassah, il affirme: "nous n'avons rien à voir avec l'actuelle flambée des cours du brut", répétant que cette flambée était due à la spéculation, à la hausse de la demande dans les économies émergentes et à la taxation des produits pétroliers dans les pays consommateurs.

Le souverain saoudien a défendu la politique pétrolière de son pays, fondée sur "un prix équitable qui ne nuit ni aux producteurs ni aux consommateurs". Le roi Abdallah, dont le pays détient le quart des réserves mondiales de brut, a relevé que "la demande sur le pétrole va augmenter à l'avenir en réponse à la hausse des taux de croissance" économique dans le monde, assurant que la région du Golfe compte "des réserves pétrolières suffisantes pour satisfaire la demande".

Enfin, cerise sur le gâteau, la chaîne de télévision américaine d'informations ABC News raconte qu'Israël serait sur le point de lancer une attaque contre l'Iran avec des conséquences évidentes sur la production de pétrole du Moyen-Orient. Pas de quoi calmer les tensions sur les cours du brut.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.