Union européenne : la France veut changer la façon de construire l'Europe

La France a pris pour six mois la présidence de l'Union européenne. Selon le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, il faut "changer profondément notre façon de faire l'Europe", qui "inquiète" les citoyens européens.

La France a pris lundi à minuit la présidence de l'Union européenne pour six mois, dans un climat de doute avec la crise ouverte par le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais. Paris a pris le flambeau à la Slovénie, et le remettra le 1er janvier 2009 à la République tchèque. Pour marquer l'occasion, la Tour Eiffel a été illuminée de bleu et ornée des douze étoiles dorées du drapeau européen.

"Il faut changer profondément notre façon de faire l'Europe", qui "inquiète" les citoyens européens, a déclaré le président Nicolas Sarkozy lundi soir sur France 3, à quelques heures du lancement de cette présidence. S'exprimant pendant plus d'une heure dans le 19/20 de France 3, le chef de l'Etat a détaillé les propositions qu'il souhaite soumettre à ses partenaires sur l'environnement, l'immigration ou la crise pétrolière afin de "changer profondément" l'Europe pour qu'elle "protège les Européens contre les risques que fait peser la mondialisation". "Ca ne va pas du tout. L'Europe inquiète et, pire, je trouve, peu à peu nos concitoyens se demandent si finalement l'échelon national n'est pas mieux à même de les protéger que l'échelon européen", a constaté Nicolas Sarkozy. "C'est un retour en arrière et s'il y a retour en arrière, c'est qu'il y a eu erreur dans la façon de construire l'Europe (...) il faut qu'on réfléchisse à comment on fait de cette Europe un moyen de protéger les Européens dans leur vie quotidienne", a-t-il souligné.

Evoquant le référendum négatif irlandais, il a déclaré "qu'on n'a pas trop de temps" pour trouver une solution avant "la limite" que constituent pour lui les élections européennes de juin 2009. Le président français a également lancé une nouvelle charge contre la politique de l'euro fort de la Banque centrale européenne, en estimant que la BCE - qui doit annoncer ce jeudi un relèvement de ses taux - "devrait se poser la question de la croissance" et "pas simplement de l'inflation".

"L'inflation d'aujourd'hui n'est pas une inflation structurelle parce qu'il y a beaucoup de concurrence. Elle est due à l'explosion des matières premières. Alors on ne va pas m'expliquer que, pour lutter contre l'inflation, il faut monter les taux d'intérêt", a dit le président français. Il a rappelé sa proposition d'un plafonnement, au niveau européen, de la TVA sur les carburants à partir d'un certain niveau de prix du pétrole, proposition jusqu'ici rejetée par les partenaires de la France. "Mais ils ont accepté qu'en tant que président de l'Union, je conduise avec la Commission (européenne) une étude sur le sujet pour prendre une décision en octobre", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a confirmé son intention de se "battre" pour une baisse de la TVA sur les disques, les DVD, les produits "propres", comme les voitures non polluantes, et les logements économes en énergie, labélisés haute qualité environnementale. Il a cependant jugé peu probable d'aboutir avant la fin de la présidence française sur la question de la TVA sur les biens culturels et sur les produits propres. Il s'est en revanche montré confiant dans la capacité de la présidence française à obtenir satisfaction "sur le principe" d'une baisse à 5,5% de la TVA sur la restauration.

La première journée de cette présidence sera dominée par une visite à Paris des membres de la Commission européenne, présidée par José Manuel Barroso, qui seront reçus à déjeuner par le Premier ministre François Fillon et à dîner par Nicolas Sarkozy. Le président Sarkozy doit par ailleurs se rendre le 10 juillet à Strasbourg pour exposer ses vues devant le Parlement européen, avant d'aller le 11 à Dublin pour parler des suites du référendum.

Autre temps fort de ce début de présidence française, la tenue le 13 juillet d'un sommet pour lancer le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM), où sont invités les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Européenne et ceux des pays de la rive sud du bassin méditerranéen.

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