Société Générale : comment le trader a fait perdre 5 milliards d'euros à la banque

La banque a dévoilé dimanche le "mode opératoire" de Jérome Kerviel, à l'origine d'une fraude massive qui a fait perdre à la banque 4,9 milliards d'euros. Elle révèle comment un seul homme a pu déjouer les systèmes de contrôle et placer des positions à hauteur de 50 milliards d'euros.

On n'en sait un peu plus sur la fraude dont a été victime la Société Générale de la part d'un de ses trader, Jérome Kerviel, qui lui a fait perdre 4,9 milliards d'euros. Dimanche, le groupe a dévoilé dans le détail comment un seul homme a pu déjouer les systèmes de contrôle et placer des positions à hauteur de 50 milliards d'euros.

La fraude débute ainsi fin 2006-début 2007 par de petites transactions. Jérome Kerviel était en principe chargé d'effectuer des opérations "d'arbitrage" sur des portefeuilles constitués de produits à terme sur trois indices boursiers européens, le Dax (Francfort), le FTSE (Londres) et l'Eurostoxx, un indice composite regroupant des actions d'entreprises européennes.

Les opérations d'arbitrage consistent à vendre ou acheter en fonction de l'écart de valeur, souvent minime, entre un portefeuille A et un portefeuille B. "Le trader a introduit au sein du portefeuille B des opérations fictives, afin de laisser croire que ce portefeuille venait bien compenser le portefeuille A qu'il avait acheté", explique la banque. Et pour que ces opérations fictives ne soient pas identifiées, il a privilégié des transactions qui "limitaient les occasions de contrôle", ne donnant pas lieu par exemple à des mouvements de trésorerie.

Il aurait aussi usurpé les codes d'accès informatiques d'opérateurs du middle-office et falsifié les documents "lui permettant de justifier la saisie de ses opérations fictives", selon la banque.

Un système tellement efficace qu'il n'a pas éveillé les soupçons durant plus d'un an. La hiérarchie du trader et celle de son département n'ont été alertées que le 18 janvier dernier. A cette date, la Société Générale repère une position "anormalement élevée" qui la conduit à demander à la "contrepartie", c'est-à-dire l'autre intervenant sur le marché avec lequel l'opération est réalisée, si celle-ci a bien eu lieu. "Mais le mail de confirmation apparaît suspect" et "une équipe est immédiatement constituée pour investiguer", explique la banque.

Le 19 janvier, la hiérarchie du trader n'obtient pas de lui des réponses satisfaisantes et la contrepartie indique qu'elle ne reconnaît pas ces opérations. Le 20 janvier, l'ensemble des positions prises par le trader est chiffré, soit "environ 50 milliards d'euros", dont 30 milliards sur l'Eurostoxx, 18 milliards sur le Dax et 2 milliards sur le FTSE.

Le PDG, Daniel Bouton, avertit alors le Gouverneur de la Banque de France et la Société Générale décide de liquider ces positions le plus vite possible. "Conformément à la réglementation des marchés", elle décide "de reporter toute communication sur cette découverte et les résultats estimés jusqu'à la clôture de la dite position".

Entre le 21 et le 23 janvier, les positions sont dénouées, sans toutefois jamais dépasser un volume de 10% des volumes traités sur les contrats concernés "afin de respecter l'intégrité des marchés".

Le 24 janvier au matin, la Société Générale informe les marchés de la fraude et de ses conséquences. Et déclenche un des plus grands scandales de la finance mondiale.

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