Incidents nucléaires : politiques et industriels tirent les leçons

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo a annoncé une remise à plat des procédures de sureté nucléaire. De son côté, la PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, doit se rendre sur le site de Tricastin où avait été révélé une fuite radioactive. Un nouvel incident s'est déclaré à la centrale de Romans-sur-Isère.

C'est un dossier sensible qui dérange au plus haut point. Depuis l'annonce d'une fuite radioactive sur le site de Tricastin, responsables industriels et politiques s'affairent. D'autant plus qu'est venue se joindre ce vendredi 17 juillet un nouvel incident d'épanchement d'uranium suite à une rupture de canalisation sur le site de Romans-sur-Isère.

A l'usine de Socatri à Tricastin, l'heure est aux premières sanctions. Le groupe nucléaire, Areva, qui exploite le site a décidé de remplacer le directeur à la suite d'une enquête interne qui a révélé des dysfonctionnements, à l'origine de la fuite.

La PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, doit en outre se rendre ce vendredi sur le site pour faire le point sur l'incident. Elle devrait aussi se prononcer sur le nouvel incident de Romans-sur-Isère, une usine également exploitée par le groupe nucléaire.

Du côté des politiques, on s'agite aussi. Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a annoncé, ce vendredi, lors d'une conférence de presse, une remise à plat des pratiques sur la sûreté nucléaire (transparence, contrôles...), qui sera réalisée d'ici à l'automne.

"Je veux tout remettre à plat", notamment dans "les dispositifs d'information, d'analyse et de sécurité", a indiqué le ministre, assurant que tous les acteurs seront entendus: industriels, opérateurs, militaires, associations.

Le Haut Comité sur la transparence, a-t-il ajouté, devra "remettre à plat l'ensemble du système de procédures, évaluer l'ensemble des nappes phréatiques sous les installations nucléaires, faire le point sur les déchets nucléaires anciens".

Le ministre a également insisté sur la "transparence" et la "réactivité" dont doivent faire preuve les responsables d'installations nucléaires en cas de problème. Sur le site du Tricastin (Vaucluse), la société Socatri avait mis plusieurs heures à prévenir les autorités nucléaires d'un rejet d'effluents de quelque 70 kilos d'uranium naturel.

L'émotion suscitée par cet incident dépasse les clivages politiques. Ainsi, Thierry Mariani, député UMP de Vaucluse, et Pascal Terrasse, député PS de l'Ardèche, ont demandé ce vendredi dans un communiqué commun la création d'une commission d'enquête sur les "rejets gazeux et/ou liquides dans l'atmosphère suite à l'incident sur le site du Tricastin".

Cette commission d'enquête est destinée à "connaître les conditions exactes de l'incident survenu sur le site nucléaire du Tricastin, ses conséquences sanitaires, sociales, économiques et surtout écologiques". Il s'agit en outre de connaître, selon eux, "pour l'avenir, les conditions d'un meilleur système d'information et de transparence sur l'ensemble des questions de santé publique et de protection de l'environnement liés aux risques nucléaires".

De leur côté, les écologistes dénoncent un "tragique Tour de France du nucléaire", critiquant les défaillances du sytème. "A chaque fois, l'information est verrouillée par l'Autorité de sûreté du nucléaire et le politique en est réduit au rôle de commentateur sportif de ce tragique Tour de France des accidents nucléaires", relève dans un communiqué France Nature Environnement, qui fédère la plupart des associations françaises.

FNE demande un audit public et indépendant de l'ASN. Pour sa part, le réseau "Sortir du nucléaire" va encore plus loin et demande la démission d'Anne Lauvergeon.

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