Le Vélib' s'invite à l'arrivée du Tour de France pour ses un an

Le vélo en libre-service, lancé à Paris le 15 juillet 2007, est un véritable succès et va même faire un petit passage au Tour de France. Pourtant, entre les accidents mortels et les problèmes de maintenance, les ennuis s'accumulent.

Vélib' a fêté ses un an le 15 juillet. Pour célébrer cet anniversaire exceptionnel et récompenser les vélibeurs les plus assidus, la Mairie de Paris a organisé un jeu-concours, en partenariat avec le Tour de France et JCDecaux.

Début juillet, des mails ont été envoyés aux abonnés longue durée. Il suffisait de répondre à un quizz de trois questions et passer l'épreuve du tirage au sort, pour participer au Tour de France en Vélib'. 365 heureux lauréats réaliseront en Vélib' un parcours historique, de l'Hôtel de Ville jusqu'aux Champs Elysées, pour franchir la ligne d'arrivée, dimanche 27 juillet pour le 95ème Tour de France. Un pass VIP sera remis après le parcours pour assister dans l'après-midi, en tribune, à l'arrivée officielle des coureurs.

Depuis un an, 16.000 vélos gris se promènent sur les 400 km de réseau cyclable à Paris, s'arrêtant aux 1 200 stations. A la fin de l'été, ils devraient être 20.600 répartis sur 1.451 stations. Près de 27,5 millions de locations ont été enregistrées en un an, soit une moyenne de 110.000 à 120.000 par jour (surtout lorsqu'il fait beau). Le record, hors jours de grève où les Parisiens se ruent sur les Vélib', a été atteint le jour de la fête de la musique, le 21 juin: 140.000 locations. Les trajets, sur ces vélos de 22,4 kilos, durent en moyenne 18 minutes et seuls les plus de 14 ans (âge minimum exigé par la loi pour conduire un deux roues) peuvent les conduire.

94% des usagers Vélib' se disent satisfaits du service et affirment leur volonté de reprendre un abonnement, selon une enquête réalisée par l'institut TNS Sofres en mars 2008 auprès de 878 utilisateurs répartis entre abonnés longue durée et courte durée. 198.913 abonnés longue durée un an, 277.193 abonnés sept jours, 3.683.714 abonnés courte durée un jour (contre 31.647 abonnements annuels et 328.672 tickets sept jours durant les deux premières semaines).

61% des abonnés longue durée utilisent Vélib' comme moyen de transport pour se rendre quotidiennement au travail ou à l'école. Les vélos (dont ceux de Vélib') représentent aujourd'hui 2 à 3% du trafic total dans Paris. Entre 2001 et 2007, le nombre de cyclistes a augmenté de 94% tandis que la circulation automobile a reculé de 20%.

Malheureusement, Vélib' c'est aussi déjà 3 morts depuis le lancement l'année dernière. Et le nombre de cyclistes, Vélib' ou pas, victimes d'accidents de la circulation au premier trimestre 2008 à Paris a augmenté de 21,4% par rapport à la même période en 2007, selon la préfecture de police. C'est pour cette raison que, du 7 au 11 juillet, la mairie de Paris, en coordination avec la préfecture de Police, a sensibilisé tous les usagers de la voie publique, quels qu'ils soient, aux règles de sécurité routière. L'opération "Carton jaune" a permis d'avertir sans sanctionner pour faire prendre consciences aux contrevenant d'infractions légères des risques qu'ils prennent ou font prendre aux autres.

Vélib' est très facile à utiliser. Quelle que soit la formule choisie, les 30 premières minutes de chaque trajet sont toujours gratuites. Puis après, il suffit de payer 29 euros pour un an, 5 euros pour 7 jours ou 1 euro pour 1 jour. Mais le revers de la médaille de cette facilité d'utilisation, c'est la facilité de dégradation. Résultat: un nombre de vols, 3.000 depuis un an, anormalement élevé (on a retrouvé des Vélib' au Maroc et en Roumanie...). A Lyon, où JCDecaux est aussi maître d'oeuvre, "seulement" 12% des Vélo'v ont pris la poudre d'escampette... contre 20% à Paris. A raison de 700 euros par vélo, le manque à gagner atteint 840.000 euros! Sans oublier les 3.000 bicyclettes volontairement endommagées, un chiffre là aussi supérieur aux prévisions. De plus, la ville de Paris a souhaité étendre Vélib' aux 29 communes avoisinantes, le conseil d'Etat a considéré que le contrat entre JCDecaux et la ville de Paris ne le permettait pas. JCDecaux va cependant équiper prochainement La Plaine Saint Denis et Cergy, ce qui devrait occasionner d'autres frais.

De plus, outre ses revenus publicitaires sur les 1.600 panneaux d'affichage, JCDecaux mise sur le reversement par la mairie d'une partie des recettes des abonnements et des consommations de Vélib'. Ce montant, évalué selon différents critères (propreté des bornes, temps d'attente limité aux stations, etc.), peut atteindre 12% du total. Si ce ratio était appliqué, la société toucherait, estime Albert Asséraf directeur général stratégie marketing études chez JCDecaux, entre 6 et 7 millions d'euros par an. Mais, vu le nombre de stations désespérément vides et la quantité de vélos "épaves" sur les bornes, il est peu probable que la mairie de Paris accorde à son prestataire le taux maximal de reversement.

Selon certains, le Vélib' aurait dû couter autour de 1.000 euros par vélo. Or avec toutes les réparations, le coût serait plus proche de 2.500 euros croit savoir Le Figaro. Fabriqué en Hongrie, près de Toszeg, par la société Lapierre, le vélo doit être robuste avec un cadre en acier, stable et sûr. Il doit résister aux routes en mauvais état, à la météo capricieuse et même au vandalisme, et est destiné à parcourir environ 10.000 km par an, d'où son coût.

Paris n'a pas été innovateur en matière de vélo en libre-service. Lyon en est doté depuis 2005. A l'étranger, c'est Copenhague qui fut la pionnière, proposant dès 1995 un service gratuit de vélos. Vienne, la capitale autrichienne se mit dans ses traces trois ans plus tard, avec une gratuité pour la première heure d'utilisation. Oslo, Stockholm, Genève, Zurich, Barcelone et Rome les imitèrent à leur tour. Washington est actuellement la première ville américaine à expérimenter ce système, depuis le début de mois de juillet. Enfin, des projets à Montréal, Londres et Chicago sont à l'étude.

Finalement, même si le prix de la liberté est cher par rapport au ticket de métro ou de tramway, plus rapide et moins risqué, avec l'envolée des prix du pétrole et les incitations à utiliser les transports non polluants, l'engouement pour le vélo libre fait fureur partout dans le monde.

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