La crise en Géorgie menace le transit de pétrole

L'arrivée au pouvoir du président géorgien Mikheïl Saakachvili en 2004 a encouragé le rapprochement de Tbilissi avec Washington et l'Europe pour le transit d'hydrocarbures, mais le conflit avec la Russie pourrait mettre en danger les acheminements du gaz et du pétrole via ce pays.

La Géorgie se voulait une voie privilégiée pour le transit de gaz et pétrole. Pourtant, sa position clef pour le transfert des hydrocarbures de la mer Caspienne vers l'ouest se trouve aujourd'hui menacée. Les violents combats qui l'opposent à la Russie depuis 5 jours inquiètent les Occidentaux.

Alors que la Géorgie ne produit pas de pétrole, les compagnies énergétiques occidentales avaient misé sur ce pays pro-occidental, situé entre l'Iran et le monopole des oléoducs/gazoducs russes, pour développer les exportations d'hydrocarbures extraits d'Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne.

En 2003, la production des pays de la Caspienne (exceptés l'Iran et la Russie) s'élevait entre 1,5 et 1,7 million de barils par jour. En 2010, elle devrait se situer entre 2,4 et 5,9 millions de barils par jour. Sont principalement concernés les pays du nord de la Caspienne : le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan. Avec une consommation faible, ils exportent une grande partie de leur pétrole.

Mais les forces aériennes russes auraient attaqué ce mardi 12 août l'oléoduc BTC passant à travers la Géorgie. "On ignorait pour l'instant s'il a été endommagé", a déclaré à l'AFP (Agence France Presse) le secrétaire du Conseil de sécurité de Géorgie, Alexandre Lomaïa. La compagnie britannique BP, qui en possède 30%, déclare "Nous ne sommes pas au courant d'une quelconque attaque" et "nous n'avons reçu absolument aucun rapport" en ce sens. Les Occidentaux s'inquiètent beaucoup pour la sécurité cet oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), construit pour plus de 3 milliards de dollars par une douzaine de partenaires.

Le BTC, long de 1.774 km, a une capacité de 1,2 million de barils par jour. C'est la pièce maîtresse du "corridor énergétique est-ouest" qui permet d'éviter soigneusement la Russie. Samedi 9 août, le Premier ministre géorgien, Lado Gourgenidze avait déjà affirmé que l'aviation russe avait effectué des bombardements à proximité, sans endommager l'oléoduc. BP a mis en doute ces informations en expliquant ne pas être au courant des bombardements. L'armée russe a indiqué de son côté que le BTC n'est pas un objectif.

Le transit de pétrole via ce pipeline est interrompu depuis la semaine dernière après un incendie provoqué par une explosion sur un tronçon situé à l'est de la Turquie, qui a été revendiquée par les rebelles séparatistes kurdes.

BP aurait fermé par précaution l'oléduc Bakou-Soupsa et le gazoduc du Caucase Sud (South Caucasus Pipeline, SCP) en raison du conflit qui se déroule en Géorgie, a indiqué ce mardi à l'AFP un porte-parole de la compagnie pétrolière britannique.

De plus le bombardement de l'état-major russe, samedi 9 août, sur les installations portuaires de la ville côtière de Poti, haute place de transit de matières premières, a poussé l'Azerbaïdjan à annoncer la suspension de ses exportations de pétrole via les ports géorgiens de Koulevi et Batoumi.

La Géorgie a réduit de 30% le volume des livraisons de gaz russe à l'Arménie transitant par son territoire. "La Corporation du pétrole et du gaz géorgienne a réduit les livraisons de gaz de 30% à partir du 7 août sans nous prévenir", a souligné Chouchan Sardarian porte-parole de la compagnie gazière arménienne ArmRosgazprom.

Pour le moment, malgré les craintes sur l'approvisionnement liées à ce conflit, les prix du pétrole reculent. Vers 5h25 GMT, le contrat septembre sur le brut léger américain cédait 55 cents, soit 0,48%, à 113,90 dollars le baril et le Brent reculait de 72 cents (0,64%) à 111,95 dollars. L'annonce par la Chine, deuxième consommateur mondial d'or noir, d'une baisse inattendue de 7% de ses importations de brut en juillet, la plus forte depuis janvier, explique la baisse.

Les marchés attendent désormais les derniers chiffres des stocks hebdomadaires de brut américains, qui doivent être publiés mercredi 13 août. Le consensus des économistes porte sur une baisse de 100.000 barils des stocks de brut la semaine dernière, un recul de 2,1 millions de barils de ceux d'essence et une hausse de 1,7 million des stocks de produits distillés.

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