La BCE relève son principal taux à 4,25%, elle pourrait s'arrêter là, selon Trichet

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a annoncé un relèvement du principal taux directeur à 4,25%. Une hausse des taux qui suscite une polémique. Mais il pourrait se contenter de ce mouvement.

Après treize mois de statu quo, le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) , qui s'est réunit ce jeudi à Francfort a décidé d'augmenter d'un quart de point à 4,25% son principal taux directeur. Le taux de refinancement, qui détermine le coût du crédit en zone euro pour les particuliers et les entreprises, se hisse ainsi à son plus haut niveau depuis sept ans. L'euro restait stable face au billet vert après cette annonce mais à un niveau très élevé, à 1,5880 dollar.

Il y a un mois, le président de l'institution Jean-Claude Trichet avait déjà ouvert la voie à une hausse de taux. Le président de la BCE a de solides arguments pour passer à l'action: en juin, les prix à la consommation ont grimpé à 4% sur un an à cause du pétrole cher, selon un chiffre provisoire, soit le double de l'objectif de la BCE et plus du double de ce qu'elle était en juin 2007 (1,9%). De quoi, en effet, le conforter dans son projet de resserrer la vis du crédit.

Mais parallèlement, l'économie européenne montre des signes de faiblesse de plus en plus marqués, sur le front des exportations -qui souffrent du ralentissement de l'économie mondiale et de la force de l'euro-, de l'activité industrielle et de la consommation, toujours en berne en raison de l'envolée des prix des aliments et de l'énergie.

Dans ce contexte, la hausse de taux s'avère politiquement délicate et réveille les critiques en Espagne, aux prises avec une grave crise immobilière, ou en France. Le président français Nicolas Sarkozy a suggéré à la BCE de "se poser la question de la croissance économique en Europe et pas simplement de l'inflation". Même le ministre des Finances allemand Peer Steinbruck est venu mettre son grain de sel, invitant mardi la BCE à "réfléchir" aux conséquences d'une hausse de taux pour l'économie.

Les marchés et les économistes se préoccupent eux déjà de l'avenir. La hausse de juillet sera-t-elle suivie d'une autre à l'automne? Les avis sont partagés. Jean-Claude Trichet "va peut être redire que la hausse de juillet n'est pas le début d'une série", estime Cédric Thellier, analyste chez Natixis, ce qui n'exclut pas un tour de vis en septembre ou octobre.

Les propos du président français de la BCE lors de la conférence de presse qui a suivi cette annonce ont donc été décortiqués avec un soin encore plus grand que d'ordinaire. Il n'a pas voulu dire si une seule hausse des taux serait suffisante pour lutter contre l'inflation mais il ne l'a pas exclu. Il n'a ainsi pas parlé d'alerte ou de vigilance et a indiqué que la BCE n'avait pas de "biais" donc pas de perspectives pré-établies en matière d'évolution des taux.

A ses yeux, augmenter les taux d'un quart de point, "c'est ce que nous devions faire". Et il a ajouté que "nous ferons ce qu'il faut en ce qui concerne l'inflation". Mais il a précisé que "nous pensons que ce que nous avons fait aujourd'hui permettra d'assurer la stabilité des prix à moyen terme". Les marchés ont aussitôt remonté, estimant que le président de la BCE avait ainsi indiqué que la Banque Centrale Européenne ne remonterait pas ses taux la prochaine fois.

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