Italie : la régie A2A veut des engagements d'EDF pour la fourniture de gaz

Le partenaire italien du groupe français dans le second électricien de la Péninsule, Edison, souhaite une coopération accrue dans le gaz, voire dans le nucléaire.

La régie municipale italienne A2A, partenaire d'EDF dans la Péninsule, attend des engagements du groupe français à la suite du récent renouvellement de leur pacte d'actionnaires pour le contrôle d'Edison. Interrogé ce matin par La Tribune sur les liens entre A2A et EDF au sein d'Edison (que les deux sociétés contrôlent à parité), le président du conseil de gestion d'A2A, Giuliano Zuccoli, a indiqué que "certainement, il est opportun de procéder à un ajustement et nous trouverons un point d'accord avec EDF à ce sujet", en référence au conseil d'administration d'Edison qui suivra demain mercredi l'assemblée des actionnaires d'Edison.

A2A a acquiescé tacitement il y a deux semaines (voir La Tribune du 17 mars 2008) à la reconduction pour trois ans du pacte d'actionnaires le liant à EDF dans le holding de contrôle d'Edison (Transalpina di Energia). Cette confirmation des accords pourraient paraître singulière, sachant que les dirigeants d'A2A avaient conditionné à l'automne dernier "la prorogation du pacte d'actionnaires" à un poids accru de leur régie municipale dans Edison.

Cette volonté avait inquiété fortement le côté français, soucieux de maintenir la parité de contrôle sur Edison. Mais EDF a au bout du compte profité des dissensions au sein d'A2A. Constituée début 2008 via la fusion des régies municipales de Milan (AEM) et de Brescia (ASM), A2A est le théâtre de dissensions entre les deux communes qui la contrôlent, par ailleurs de couleurs politiques opposées. A quelques jours de l'échéance de la prorogation du pacte d'Edison, les dirigeants d'A2A se disputaient publiquement. Ils ont donc eu peu de loisirs pour s'organiser face au groupe français.

Toutefois, A2A attend d'EDF que leur partenariat dans Edison soutienne activement la stratégie de développement d'A2A. "Notre partenariat industriel avec Edison dans le gaz est important pour soutenir notre développement", a ainsi lâché ce matin aux analystes Paolo Rossetti, codirecteur général d'A2A.

A2A dépend en effet à 62% du gaz pour produire son électricité. Et la régie municipale attend donc des garanties d'Edison et d'EDF pour un approvisionnement en gaz dans de bonnes conditions.

Cela va d'ailleurs dans le sens d'EDF qui a fait d'Edison son principal relais pour l'approvisionnement en gaz. A2A pourrait aussi vouloir bénéficier du know-how d'EDF en termes de nucléaire.

"La coopération avec EDF dans Edison pourrait donner aussi quelques résultats dans le nucléaire" a indiqué aujourd'hui Giuliano Zuccoli. Silvio Berlusconi, dont Giuliano Zuccoli est un proche, a en effet promis qu'en cas de victoire aux prochaines élections législatives son gouvernement réintroduirait la production d'énergie nucléaire en Italie. Or le parti de Silvio Berlusconi est nettement en tête des sondages.

"Par la force des choses, il faudra réfléchir sur l'erreur que l'Italie a commise en sortant du nucléaire" en 1987, a déclaré Giuliano Zuccoli. A2A fait d'ailleurs travailler des chercheurs pour pouvoir, le cas échéant, se lancer dans la construction d'une centrale nucléaire.

Côté français, A2A a confirmé être en négociations exclusives pour racheter à Gaz de France (GDF), sa filiale gestion de réseaux de chaleur et de froid urbains, Cofathec Coriance, quatrième opérateur du secteur dans l'Hexagone.

A2A devrait débourser entre 70 et 100 millions d'euros pour prendre le contrôle des 20 sites gérés par Cofathec Coriance.

Il s'agira de la première implantation à l'étranger pour A2A, qui est seulement active hors de la Péninsule dans le domaine de traitements des déchets (Ecosse) et participe à des appels d'offres aux Etats-Unis.

La régie municipale va aussi augmenter sa capacité de production d'électricité en échangeant avec E.ON plusieurs sites de production en Italie représentant 1700 MW de capacité de production installée contre les 20 % du capital d'Endesa Italia que détient A2A, les 80% restants passant actuellement dans le giron d'E.ON.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.