Marché de l'art : 2007 la spéculation, 2008 la correction

Avec une hausse moyenne de 18% l'année passée, le marché de l'art mondial a multiplié les enchères records. 2008 devrait être nettement moins euphorique.

Pour la septième année consécutive selon Artprice, le marché mondial de l'art a affiché pour 2007 une progression, cette fois de 18%, avec un produit global estimé à 9,2 milliards de dollars pour les enchères. L'année passé est marquée par trois caractéristiques.

D'abord, jamais il n'y a eu autant d'enchères millionnaires : 1.254 oeuvres ont été adjugées au-dessus du million de dollars (unité de référence), surtout contemporaines, contre 810 en 2006, déjà année exceptionnelle. Ensuite, profitant de cet engouement, nombre de propriétaires ont remis sur le marché des pièces acquises quelques années plus tôt, à des prix nettement inférieurs. Désormais la durée de rétention, jusque là de plusieurs décennies, se réduit considérablement.

Ainsi, le comédien Hughes Grant a revendu un portrait d'Elisabeth Taylor par Andy Warhol 21 millions de dollars, acheté six ans auparavant 3,25 millions. Et une huile de Claude Monet, "Waterloo Bridge, temps couvert" adjugée en 1990 3 millions de dollars a été rétrocédée 31,7 millions en juin 2007.

Enfin, les objets courants à moins de 10.000 euros, qui représentent plus de 90% du marché connaissent également des cotes soutenues par des ventes aller-retour extrêmement rapides, souvent en passant d'un pays à un autre : un pastel de Jean Tinguely, "Relief sur l'idée de Requiem", adjugé 4.600 euros à Berlin a été vendu 10.100 euros même pas un an plus tard à Paris. Le "Tir forain" d'André Lothe, cédé 200 euros à Limoges, a été vendu 12.580 euros à Londres puis 20.000 euros à Versailles, le tout dans la même année 2007.

Cette situation spéculative, notamment pour l'art contemporain, entraîne des niveaux de prix devenus inaccessibles pour une majorité d'éventuels enchérisseurs, laissant le marché aux mains d'acheteurs plus commerçants que collectionneurs. Pour Artprice, "ces exceptionnels niveaux de cotation prennent des allures de prix plafond, surtout en ce début d'année où le marasme économique semble se profiler". D'où sa prédiction : "2008 devrait être l'année de la correction : un plongeon des prix de 15 à 20% pourrait affecter le marché dans les prochains mois".

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