La généralisation du RSA au coeur des arbitrages budgétaires

Le gouvernement "fera" le revenu de solidarité active (RSA), a assuré dimanche François Fillon mais sans en préciser la date. Martin Hirsch évalue le coût de la généralisation de cette réforme, actuellement expérimentale, entre 2 et 3 milliards d'euros.

Le revenu de solidarité active (RSA), innovation sociale portée par le Haut-commisssaire Martin Hirsch, fera-t-il les frais de la mauvaise conjoncture économique? Non, si l'on en croit le Premier ministre, François Fillon. Celui-ci a assuré dimanche soir sur TF1 que le gouvernement "fera" le RSA, mais "dans le cadre de l'engagement qu'on a pris en 2007 sur les finances publiques, c'est-à-dire pas d'augmentation de la dépense publique (...) Donc il faut trouver des économies ailleurs pour pouvoir réaliser les réformes sociales".

Lors du séminiaire gouvernemental consacré aux réformes économiques et sociales lundi matin, François Fillon a annoncé des mesures d'économies liées à la réforme de l'Etat dans le budget 2009. Mais le chef du gouvernerment c'est bien gardé de préciser la date à laquelle ce dispositif, actuellement expérimenté dans une trentaine de départements, sera généralisé. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a lui aussi apporté son soutien au RSA durant le week-end, sans pour autant préciser l'horizon de son adoption partout en France.

Lorsque le RSA a été lancé fin août 2007, il était prévu que ce dispositif de lutte contre la pauvreté soit généralisé en 2009. Martin Hirsch, qui craint que le RSA soit le grand perdant des arbitrages budgétaires dans un contexte économique morose - le gouvernement a abaissé sa prévision de croissance pour 2008 entre 1,7% et 2% - et de dérapage du déficit public - l'objectif pour 2008 est désormais de 2,5% du PIB -, presse l'Etat de décider s'il mettra ou non le paquet pour aller jusqu'au bout en 2009". Selon l'ancien président d'Emmaüs, le coût de la généralisation du RSA est compris entre 2 et 3 milliards d'euros.

Mais au sein du gouvernement et dans la majorité, des voix s'élèvent pour mettre un frein à cette réforme qui doit à terme permettre à près d'un million de personnes de sortir de la pauvreté. C'est le cas d'Eric Woerth, ministre du Budget, qui souhaite que "l'impact budgétaire" du RSA soit mesuré.

Jugeant que ce projet est "une bonne idée", le ministre veut "qu'on intègre aussi la dimension bdgétaire" à la réflexion. "Il faut tirer les enseignements de l'expérimentation" en cours, estime Eric Woerth.

Un point de vue partagé par le président de l'UMP de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, Pierre Méhaignerie. Il souhaite allonger la période d'expérimentation du RSA à deux ans, "pas pour enterrer mais pour mieux gérer et pour mieux légiférer".

"L'expérimentation normamement d'après les textes dure trois ans. Qu'on la réduise à dix-huit mois, deux ans, je veux bien mais qu'on ait des éléments contradictoires, parce qu'il y a des effets positifs mais il peut y avoir des effets négatifs", a affirmé à l'AFP Pierre Méhaignerie.

Deux autres responsables de l'UMP poussent pour un coup de frein, sinon un arrêt du RSA: son secrétaire général, Patrick Devedjian, a "un doute sur l'efficacité" du dispositif de lutte contre la pauvreté, tandis que le député de Paris Claude Goasguen estime que le gouvernement ne doit "pas freiner les réformes sociales" sauf le RSA.

Le RSA, un complément de ressources
Destiné aux travailleurs pauvres et aux bénéficiaires des minima sociaux (dans un premier temps ceux du RMI et de l'API, l'allocation parent isolé), le revenu de solidarité active (RSA) vise à inciter à la reprise d'une activité professionnelle grâce au cumul possible pendant trois ans d'un revenu du travail et des prestations sociales. Ce dispositif, défendu par Martin Hirsch, est destiné à faire sortir des bénéficiaires de la pauvreté.

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