Crash du Concorde : cinq personnes et la compagnie Continental Airlines renvoyés en correctionnelle

L'instruction sur l'accident, qui avait fait 113 morts à Gonesse (Val-d'Oise) le 25 juillet 2000, aura duré huit ans et le procès devrait se tenir pendant deux ou trois mois à Pontoise courant 2009.

La compagnie Continental Airlines, deux de ses employés, deux ex-responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la DGAC ont été renvoyés mercredi devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour homicides involontaires après l'accident du Concorde en juillet 2000.

L'instruction sur l'accident, qui avait fait 113 morts à Gonesse (Val-d'Oise) le 25 juillet 2000, aura duré huit ans et le procès devrait se tenir pendant deux ou trois mois à Pontoise courant 2009.

L'enquête avait montré que l'explosion des réservoirs de l'avion était liée à l'éclatement d'un pneu, lui-même dû à la présence sur la piste d'une lamelle en titane perdue par un DC-10 de Continental Airlines.

La Continental Airlines est renvoyée parce que des experts ont noté des défaillances dans l'entretien de ses avions. L'un de ses employés, John Taylor, est accusé d'avoir mal fixé sur l'appareil la lamelle à l'origine de l'accident. Stanley Ford, autre employé, n'aurait pas vérifié le travail de son collègue.

Du côté d'Aérospatiale, Henri Perrier, 79 ans, comparaîtra en tant que dirigeant du programme Concorde de 1978 à 1994, période durant laquelle il devait s'assurer que les techniciens faisaient les modifications qui s'imposaient en fonction des incidents signalés, nombreux à cette période.

Pour Jacques Herubel, 73 ans, ingénieur en chef du Concorde de 1993 à 1995 le parquet avait requis un non-lieu. Le juge a estimé qu'il devait comparaître manifestement parce que qu'il avait eu à gérer un incident du Concorde à Londres avec là aussi l'éclatement d'un pneu et la perforation du réservoir.

Enfin, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) sera présente via Claude Frantzen, 71 ans, responsable de la sécurité de 1970 à 1994, années pendants lesquelles les incidents les plus graves se sont produits sur le Concorde.

Le procès devra déterminer qui sont les principaux responsables de la catastrophe : la Continental Airlines dont une pièce de titan a provoqué l'accident ou les anciens responsables d'Aéropsatial et de la DGAC qui n'ont pas assez pris en compte les nombreux incidents qui ont émaillé l'histoire de l'avion.

Une phrase dans les réquisitions du parquet, que l'AFP a pu consulter, résume bien le face à face qui devrait rythmer le procès. "La première cause de l'accident du Concorde était donc la perte de la bande d'usure qui a fait éclater le pneu. Cependant le sinistre n'a pu se réaliser que parce que des fautes dans le suivi de la navigabilité de l'appareil ont été commises lesquelles ont eu pour conséquence l'éclatement du pneu et la perte de l'avion", écrit le parquet.

Les parties civiles seront peu nombreuses au procès car la grande majorité des victimes a accepté de ne pas agir en justice en échange d'une lourde indemnisation assurée au nom du transporteur.

Roland Rappaport, l'avocat de la famille du commandant de bord décédé dans l'accident, s'est félicité que la justice ait pu "faire son travail en résistant à toutes les pressions économiques et politiques". "Huit ans d'instruction, c'est long mais l'instruction a été remarquablement menée", a-t-il dit à l'AFP. "Qu'elles soient parties civiles ou non, quelles que soient les indemnisations qu'elles ont touchées, les victimes ont le droit de savoir pourquoi cet avion s'est écrasé", a-t-il ajouté.

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