Affaire News of the World : James Murdoch traité de "patron de mafia"

James Murdoch a passé deux heures et demi très difficiles à s'expliquer devant les députés britanniques sur l'affaire des écoutes téléphoniques de News of the World
James Murdoch a été malmené par les députés britanniques pendant deux heures de demi. Copyright Reuters

James Murdoch n?aura rien lâché. Le patron de News Corporation hors Etats-Unis était pourtant dans une situation difficile : pour la deuxième fois en quatre mois, il était convoqué par le comité parlementaire britannique sur les médias, pour s?expliquer sur le scandale des écoutes téléphoniques. Avec une question clé : a-t-il menti, ou trompé, les députés quand il a témoigné la première fois en juillet, aux côté de son père, Rupert Murdoch ?

Très sûr de lui, répondant rapidement, la voix posée, les mains à plat sur la table devant lui, James Murdoch a esquivé les attaques des députés avec une défense très simple : il ne savait pas, jusqu?à un passé récent, que les écoutes téléphoniques étaient généralisées à News of the World, le tabloïd dominical à l?origine de l?affaire. Cette défense a poussé Tom Watson, député travailliste ? et lui-même mis sur écoutes - à lancer : "vous êtes le premier patron de mafia qui ne savait pas qu?il dirigeait des activités illégales." Face à la provocation, James Murdoch a choisi de ne pas répondre : "monsieur Watson, s?il vous plaît, c?est inapproprié et injurieux."

Si James Murdoch était de retour face aux députés, c?était pour répondre à une question précise : que s?est-il passé le 10 juin 2008 quand il a rencontré Colin Myler, rédacteur en chef de News of the World, et Tom Crone, l?avocat du groupe ? Ce jour-là, les deux hommes sont venus lui parler des menaces de poursuites judiciaires de Gordon Taylor, un ancien footballeur. Ce dernier avait été mis sur écoutes. Comme d?autres personnalités suspectant cette activité illégale, il demandait compensation. Mais contrairement aux autres, il avait découvert un email prouvant que la direction de News of the World était au courant que les écoutes étaient généralisées. Cela détruisait la défense de News Corporation qui avait toujours affirmé que les écoutes avaient été limitées à un journaliste véreux.

Suite à cet email, Colin Myler et Tom Crone propose d?acheter le silence de Gordon Taylor. James Murdoch autorise alors un paiement de 725.000 livres sterling (850.000 euros). Tous sont d?accord sur cette version des événements. Mais ensuite, les opinions divergent.

James Murdoch affirme qu?il n?avait pas été mis au courant de la totalité du email, qui prouvait que la pratique était généralisée. Il aurait seulement été informé que la poursuite judiciaire aurait été perdue à cause de cet email. Quand il a donné cette version des faits aux députés en juillet, Tom Crone et Colin Myler sont sortis de leurs gonds, venant immédiatement apporter un contre témoignage. Selon eux, James Murdoch avait été clairement mis au courant lors de cette réunion.

Ce jeudi, James Murdoch a réitéré son démenti. Oui, il avait été mis au courant de l?existence de l'e-mail, mais seulement sur une partie concernant le cas de Gordon Taylor. A aucun moment les deux hommes ne lui avaient dit que News of the World avait érigé les écoutes et la surveillance en système généralisé.

Les députés n?ont semblé guère convaincus. Dès 2008, le Guardian avait publié des informations affirmant que plusieurs centaines de personnes avaient été mises sur écoutes. "A cette période, vous étiez peut-être le seul homme à Londres pensant qu?il y avait qu?un seul reporter véreux à News of the World", lance un député. "Votre attitude était cavalière", ajoute un autre.

Mais James Murdoch a tenu jusqu?au bout sa défense : il ignorait tout des écoutes. "Les gens peuvent penser que j?aurais dû comprendre, mais on ne m?a pas donné plus d?information." Il souligne qu?il n?a été en charge des journaux de News Corporation qu?à partir de 2007, après le premier scandale d?écoutes téléphoniques. De plus, News of the World était "le plus petit journal de News International, qui était la plus petite entreprise de la partie de News Corporation que je dirigeais." Bref, l?affaire des écoutes était lointaine et il n?y a pas passé de temps.

Ces démentis suffiront-ils à sauver James Murdoch ? Son poste de président de BSkyB, le bouquet satellite dont News Corp. possède 39%, est en danger, les actionnaires étant en colère. Les actionnaires de News Corp. eux-mêmes ont fait connaître leur colère lors de l?assemblée générale de l?entreprise le mois dernier. James Murdoch n?a conservé son poste que parce que sa famille possède une large minorité des votes. Malgré son apparente assurance face aux députés, le fils Murdoch, âgé de 38 ans, vacille.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.