Nissan Qashqai : il a imposé la mode des faux 4x4

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1161  mots
Très bien redessiné, doté d’un excellent châssis, confortable, le Nissan Qashqai est plus que jamais un très bon véhicule compact, sous ses allures de baroudeur. Mais il apparaît sous-motorisé et sa présentation se révèle triste.

Lors de sa sortie en 2007, nous étions sceptiques. Ce faux 4x4 nous semblait un pur produit marketing destiné à l'automobiliste frimeur, voulant jouer les baroudeurs de pacotille, voué à la marginalité. Eh bien, reconnaissons notre erreur ! La berline compacte déguisée en aventurière, ça marche. L'allié japonais de Renault a en effet écoulé plus de deux millions de Qashqai depuis 2007. Peugeot s'est ensuite engouffré dans la brèche… avec son 3008. Et, aujourd'hui, voici le Qashqai II !

 

Le tout nouveau Nissan Qashqai arbore une robe encore plus séduisante, genre « SUV » américain, mais toujours dans un gabarit compact. L'esthétique, réussie, est flatteuse. Bravo. Et le véhicule conserve ses vrais pare-chocs et protections latérales en plastique noir, utiles en ville. A l'intérieur, la présentation se veut également plus cossue qu'auparavant, avec des plastiques nettement plus valorisants. La qualité de la finition a fait un bond en avant. Bref, tout cela serait très positif, si l'ambiance intérieure n'était pas aussi froide, sinistre.

Triste mais sûr

Tout est noir, sévère, avec des tissus de sièges bas de gamme, rêches. Qui voudrait de ça dans son salon ? Pas la peine de nous faire des grands discours sur le design pour tout gâcher in fine ! Le cuir (évidemment noir) n'est disponible qu'en version de pointe Tekna, plus chère et… affublée d'énormes jantes de 19 pouces fragiles et onéreuses avec des pneus à flancs bas « tape-culs », à proscrire !

 

Le Qashqai II inaugure la toute nouvelle plate-forme de l'Alliance, la « CMF » sur laquelle reposeront les futurs Espace, Scénic et Laguna de Renault. Et c'est tant mieux. Disons-le tout de suite : cette plate-forme est excellente. Elle vaut l' « EMP2 » de PSA, ce qui constitue le plus bel éloge. Notre Qashqai II s'est montré confortable (avec une monte pneumatique normale sur notre version d'essai), sûr, précis, agile. Un régal de musarder sur nos petites routes de campagne, tortueuses et inégales. La direction, bien calibrée, aide à ce comportement séduisant qui constitue l'un des premiers atouts du véhicule. Le rayon de braquage, limité, permet par ailleurs de bien manœuvrer. On attend le prochain Espace avec impatience. Restent quelques réactions inopinées du train avant lors des accélérations brusques.

 Moteurs limités

Côté moteurs, le choix est hélas restreint. Hors un micro-1,2 à essence de 115 chevaux, on se retrouve avec deux mini-moteurs diesel Renault 1,5 et 1,6. Tout cela est très politiquement correct. Jusqu'à la caricature. Exit le très agréable 2,0 dCi Renault de 150 chevaux, massacré sur l'autel du CO2. « Notre » 1,6 est à double visage. Sur route, au-dessus de 1.500 tours-minute, il se comporte agréablement, avec souplesse et vivacité, sans vibrations. Les 130 chevaux s'expriment entre 2.000 et 3.500 tours-minute. Ils se montrent très civilisés. Satisfaisant. Sur autoroute, rien à redire non plus, sauf sur une rampe à pleine charge.

 

En revanche, dans les embouteillages urbains, cette mécanique trop faible en cylindrée avoue ses limites. Elle manque de carrure. A bas régime, elle est dépassée par le poids et les 130 chevaux dont figure d'abonnés absents. D'où une progression un peu heurtée, avec de petits à-coups. Pour démarrer un peu rapidement, il faut d'ailleurs légèrement emballer l'accélérateur et faire patiner l'embrayage. Les ingénieurs ont certes retravaillé ce moteur, dont le creux à bas régime est une tare de naissance. On ne cale plus. Déjà ça. Mais le levier de vitesses rugueux, qui accroche au passage de la première et de la seconde, ne fluidifie pas la conduite urbaine.

 

Le Qashqai apparaît sous-motorisé. C'est d'autant plus décevant avec une telle carrosserie. Mais, bon, Renault fait des petits diesels pour répondre aux desiderata du marché français, ou plutôt de ses gouvernants. On frémit en pensant au futur Nissan X Trail, un « gros » Qashqai rallongé qui sortira bientôt et sera affublé du même mini-moteur… Au moins le contrat est-il respecté, côté sobriété. Les consommations n'ont pas dépassé 7 litres aux cents sur notre parcours.

Prix compétitifs

Bref, ce Qashqai II est un bon véhicule, pas passionnant à conduire et manquant d'âme à l'intérieur, mais bien pensé et rigoureusement fabriqué. Même si nous avons subi un « bug » mettant le système audio hors d'usage un bon moment… Il y a vingt ans, Nissan jouissait de la même réputation de solidité que Toyota. Ce n'est plus le cas depuis que Carlos Ghosn est devenu le patron du constructeur nippon. Les économies ont, semble-t-il, généré des baisses de fiabilité. Dans les enquêtes auprès des consommateurs aujourd'hui, Nissan est généralement moins bien noté que les autres marques japonaises (Toyota, Honda, Subaru). Le service après-vente en France doit aussi faire des progrès. En tous cas, notre véhicule d'essai n'émettait aucun grincement, ni crissement, signe d'une construction soignée.

 

Notre  Qashqai, en finition intermédiaire Connect Ed, coûte 29.990 euros. Avec un équipement riche : GPS avec un écran trop petit mais simple d'utilisation, l'accès et le démarrage mains libres, le toit panoramique (non ouvrant) et plusieurs gadgets pseudo-sécuritaires. Le bip-bip quand on se rapproche d'un véhicule est vite exaspérant, et on a beau le déconnecter, il se remet en marche à chaque redémarrage. Le bip-bip de ceinture, à la sonorité continue insupportable même quand on s'arrête, est tout aussi crispant. Il vous oblige à manœuvrer dans les parkings, saucissonné, ligoté à votre siège. Ca, ce sont les stupidités de notre monde moderne et du sacro-saint principe de précaution.

Action patriotique

Bon point par contre à la caméra de recul qui fonctionne même quand on met les radars de parkings en « off ». A noter : en option, on peut obtenir quatre roues motrices qui permettent d'améliorer la motricité sur la neige ou dans les chemins. Mais, c'est 2.200 euros de plus. Et du poids supplémentaire. Déjà que le moteur est à la peine au démarrage... La gamme démarre à 21.490 euros (1,2 à essence). Le Qashqai II est compétitif. Il figure parmi les moins chers avec un équipement plus copieux. Si vous êtes séduit, vous ferez - en partie - une bonne action patriotique. 43% des profits de Nissan sont consolidés dans les résultats de Renault et permettent à l'ex-Régie de demeurer bénéficiaire !

 

Prix du modèle d'essai : Nissan Qashqai 1,6 dCi 130 Connect Ed.: 29.990 euros

 

Puissance du moteur : 130 ch (diesel)

 

Dimensions : 4,33 mètres (long) x 1,79 (large) x 1,61 (haut)

 

Qualités : ligne flatteuse, finition en progrès, équipement riche, excellent comportement routier, bon confort, moteur sobre et docile…

 

Défauts : …mais désagréable à bas régime, boîte de vitesses rugueuse, présentation froide et triste, bips-bips agaçants

 

Concurrentes : Ford Kuga TDCi 140 Titanium : 29.950 euros ; Kia Sportage CRDi 136 Active Pack : 30.650 euros ; Peugeot 3008 HDi 150 Allure: 32.000 euros

 

Note : 14 sur 20