Carnet de bord décalé : Stock Connection

Un regard oblique sur l'actualité économique et financière de la semaine. Chaque jour, un fait ou un chiffre saillant.
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Lundi 8 nov. Stock Connection

Dix siècles et demi de SMIC, 3.260 années de RSA, 18.000 paires de Berluti, 4.330 kilos d'or ... La course aux équivalences est relancée. Avec ses 18 millions d'euros de plus-values engrangées au détour de l'exercice de stocks-options, Antonio Belloni, le numéro deux de LVMH, ravive les braises ardentes de la polémique autour des giga émoluments du méchant patronat. Le commun des mortels devra attendre encore jusqu'à 62 ans avant de partir à la retraite. Pas lui ! Cette seule idée agace. De son côté, l'italien le mieux payé de France vit cet acharnement populaire comme une injustice. Après tout, le malheureux n'a pas non plus été épargné par la crise. A l'instar de beaucoup de ses congénères du CAC40, il n'a pas pu profiter de ses conditions préférentielles de souscriptions. L'effondrement des marchés boursiers au lendemain de la faillite de Lehman Brothers l'en a empêché. Mais depuis les plus bas du 9 mars 2009, les choses se sont arrangées. Entre temps, l'indice MSCI World s'est offert un rebond spectaculaire de plus de 80 %. A Paris, le CAC 40 s'est, dans le même temps, envolée de 55 %. Propulsant, dans la foulée, l'action LVMH vers de nouveaux plus hauts historiques. La fenêtre de tir était trop tentante. Et le cas Belloni pourrait bien faire école au sein de la « Stock Connection ».

Mardi 9. Champagne !

C?est beau. Cela pourrait même être émouvant ! A force de le voir dans le rouge, on finissait par se dire qu?il avait un petit retard cet indice. Un défaut de conception ? Des carences ? Ou tout simplement que c?était nouvelle sorte d?exception culturelle à la française. Bref, le petit CAC 40 peinait jusqu?ici à revenir au-dessus de la ligne de flottaison des 3.936,35 points, niveau auquel il avait conclu l?année 2009. Ce, alors que ces petits camarades DAX et Footsie crânent avec des hausses de plus de 12 % et 8 % depuis le début de l?année. Mais il ne faut jamais désespérer. Le jour de gloire est enfin arrivé ! Le CAC finit la séance sur un gain de 0,24 % par rapport au début de l?année. Du jamais vu depuis six mois ! Un miracle qui mérite bien de sabrer le champagne. Quoi que ? Pas sûr que cela tienne. Vu le flot de bonnes nouvelles en macro comme en micro, la petite hausse de 0,82 % qui lui a permis l?exploit semble un peu poussive. Et puis, rien qu?à voir les premiers de la classe sur la séance du jour, ça n?a rien de réjouissant : Renault, Peugeot, Lafarge ? C'est sûre, la hausse annuelle va faire long feu ! Bah oui, mais depuis le temps que l?on dit qu?on ne construit pas une solide tendance haussière en rachetant des cycliques bon marché ? Et dire que cela fait un an et demi que cela dure !

Mercredi 10. Trèfle irlandais

Les investisseurs sont des cinéphiles hors pair. Ils connaissent leur classique. Là, ils ont décidé de se faire un « remake » de la crise grecque du printemps dernier. Mais version irlandaise. Une cible de choix. Le pays inscrit au Guinness Book du plus gros déficit européen ne sait pas comment il va sauver ses banques et ne sais pas non plus comment il va faire tenir debout son plan d?austérité. Bref une aubaine pour les investisseurs qui commencent à s?ennuyer sec sur les marchés d?actions maintenant que les indices ont pleinement profité du QEII. Il y a de quoi faire sur le marché obligataire ! Ne serait-ce que demander une prime de risque supplémentaire sur les maillons faibles de la zone euro, vu que Merkel veut faire supporter aux investisseurs une partie des coûts de sauvetage de ces pays ? L?idée se tient. Depuis quelques temps d?ailleurs. La preuve, les taux à 10 ans irlandais et portugais battent des records historiques chaque jour maintenant. Celui de l?Irlande grimpe aujourd?hui jusqu?à 8,64 %. Et il y a fort à parier que cela n?est pas terminé. Ah, l?Irlande, un vrai trèfle à quatre feuilles pour les investisseurs !

Jeudi 11. Wok de fayots

Aucun convive ne manque à l'appel. Serviettes au tour du coup et fourchettes brandies, les vingt chefs d'Etat les plus puissants de la planète sont prêts à entamer les hostilités. La guerre des monnaies les a mis en appétit. En maître de cérémonie, le président chinois a mis les petits plats dans les grands. Au menu : wok de fayots. Une immense sauteuse trône au milieu de la table. A l'intérieur, des équipes de Moody's s'agitent. L'agence de notation a bien l'intention de flatter les papilles de Hu Jintao. Anticipant un règlement constructif des tensions sur les changes et sur le commerce entre les Etats-Unis et la Chine, elle annonce le relèvement de A1 à Aa3 la note souveraine de l'Empire du Milieu. Ce serait dommage de perdre un client solvable. D'autant que pour Barack Obama, le temps se gâte. Le patron de l'Oncle Sam est ballonné de dettes et de déficits. Pour lui, les fayots ont pris des allures de haricots piquants. Fitch commence à remettre en question la légitimité du sacro-saint "triple A" des Etats-Unis et renvoie les principaux concernés à leurs responsabilités. Même sa nouvelle consoeur chinoise répondant au doux nom de Dagong, doute de la capacité de la première puissance mondiale à honorer ses engagements sur fond de risque récessionniste à long terme. La digestion, du côté américain, risque d?être difficile. On entend déjà des borborygmes ?

Vendredi 12. Du plomb dans l?aile

Guerre des changes, dévaluation compétitive, effet devise ... La valeur des billets de banque envahit les conversations. Tout le monde en parle. Rarement un simple morceau de papier n'aura autant occupé les esprits. Jusqu'à maintenant, EADS s'en portait plutôt bien. La montée du dollar face à l'euro depuis le début de l'année a servi ses intérêts boursiers : près de 30% de hausse en onze mois. De quoi faire tourner la tête de ses dirigeants, et les détourner de l'essentiel. Leur discours était pourtant bien rôdé. Avec en prime l'annonce d'un relèvement d'objectif. Mais il ne suffit pas de prévoir un résultat d'exploitation minimum de 1,1 milliard d'euros au lieu du milliard initialement escompté pour convaincre. Surtout lorsque le changement de cap est motivé par des fluctuations monétaires arrangeantes. Un euro à 1,35 dollar ne fait pas tout. La mécanique industrielle a repris le dessus. Le récent incident moteur survenue sur un A380 de la compagnie Qantas ne sera visiblement pas sans conséquence sur les prochaines commandes. Les investisseurs s'en inquiètent. L'action reste clouée au sol. Tout comme l'image d'Airbus, la perception du marché à l'égard du titre, bat de l'aile.
 

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