La qualité solidaire des banques coopératives est-elle un mythe ?

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par Stéphanie Paix,
Président du Directoire de la
Caisse d'Epargne Rhône Alpes

Les banques coopératives sont l'essence même du développement durable. La vision de long terme du métier de banquier, l'appartenance au territoire et l'accompagnement de toutes les clientèles, sans exclusion, font de nos banques des entreprises responsables, dirigées par des entrepreneurs engagés.
Fières de nos performances économiques, qui n'ont rien à envier à nos concurrentes capitalistes, nous - banques coopératives - sommes convaincues que la performance s'exprime aussi dans nos actions sociales et sociétales.
Nous nous rappelons d'où nous venons : au c?ur du XIXe siècle, des hommes se sont regroupés pour accéder au crédit, à une époque où les financements étaient réservés à une élite. Nos statuts coopératifs sont des choix positifs, jamais reniés. Ils incarnent des valeurs au sein desquelles l'Homme prime dans la vision de l'économie et de la performance.
Dans notre gouvernance, le client-sociétaire n'est pas un investisseur classique. Il n'attend pas seulement du rendement. Il attend du sens. Et il s'attend aussi à être un acteur de la banque, aux côtés de nos collaborateurs. Eux-mêmes sont des entrepreneurs engagés, au service de la satisfaction de leurs clients, en proximité à la fois géographique et relationnelle.
Expliquer régulièrement à nos clients ce que nous faisons des dépôts qu'ils nous confient et des fonds qu'ils investissent dans nos banques, voilà qui nous oblige à une vision de long terme.
Notre modèle est celui d'une "finance patiente", comme disent nos amis québécois, qui permettra, j'en suis certaine, de réconcilier durablement les Français et leurs banques.

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par Philippe Durance
Economiste (CNAM, LIRSA)

Avec la crise financière de 2008, les banques ont été mises au premier banc des accusés. Toutes les banques, sans distinction. Nombre d'entre elles exercent leurs activités sous forme coopérative. Ce statut fait appel à un certain nombre de valeurs (démocratie, solidarité, transparence, responsabilité, pérennité, etc.) qui sont pourtant censées porter une vision différente du capitalisme, très éloignée de sa version purement financière. Malgré cela, à travers l'Europe, beaucoup de banques coopératives se sont fourvoyées dans des activités de marché qui dépassaient largement leur vocation d'origine et ont connu des difficultés pour lesquelles on aurait pu les penser à l'abri. Cette situation a révélé une difficulté majeure, liée au mode de gouvernance. Qui détient réellement le pouvoir dans une banque coopérative ? Les administrateurs, qui représentent les sociétaires, c'est-à-dire les propriétaires de l'entreprise, et qui portent les valeurs du modèle ? Ou bien les dirigeants, véritables experts de la finance, qui jonglent avec des produits de plus en plus sophistiqués et volatiles, et pour qui le profit est le critère principal de gestion ? Pour beaucoup, le modèle coopératif est considéré comme la voie d'avenir du capitalisme. Pour les banques coopératives, cet avenir devra passer par une remise en question du modèle et un rééquilibrage des pouvoirs, une sorte de retour au modèle d'origine.
 

 

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2012 à 11:42
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il a raison P. Durance, il suffit de voir comment se sont comportées ces vertueuses banques coopératives françaises et les désastres financiers résultants (au détriment des dépôts de leurs clients/sociétaires ). plus que les banques privées,elles ont...

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