Vulgariser l'économie, une gageure

Les économistes sont souvent gens de certitudes, mais pas toujours de preuves : c'est le reproche majeur qui leur est fait. "L'économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui" selon la fameuse citation de Laurence Peter.
Pascal Gustin

Il est vrai que la prévision en matière économique reste un exercice où la conviction de l'orateur et la force du discours laissent souvent peu de place à la réalité de l'analyse. Celle-ci devrait pourtant conduire la majeure partie des experts à faire part des grandes incertitudes de leurs prédictions. L'histoire en matière économique le démontre et de nombreux auteurs ont relevé l'incapacité des spécialistes à anticiper les grands mouvements, cycles ou ruptures de l'économie. Le mathématicien Didier Nordon insistait récemment dans son bloc note sur la rationalité limitée des penseurs dans le champ économique et la crédibilité toute relative de leurs analyses. Pourtant, il existe un très grand nombre d'outils mathématiques et statistiques qui s'efforcent de bâtir des modèles économiques et de leurs donner un socle plus objectif. Cette "scientifisation" de l'économie est elle-même fortement contestée et constitue pour certains une erreur de méthode.

Une science faite d'incertitudes et d'inconnues
L'économie, qui décrit et s'efforce de prévoir le système général dans lequel nous vivons, est donc au centre des débats sur le devenir de nos sociétés. Ce sont les analyses et projections économiques qui structurent les projets politiques. Dans ce contexte, faut-il chercher à vulgariser les sciences économiques, dont on connait les limites et les contradictions ? Comment simplifier et rendre accessibles au plus grand nombre des concepts complexes constamment remis en cause ? La théorie économique relevant en premier lieu du champ des sciences humaines et sociales, toute sa richesse vient du débat qu'elle suscite au sein des sociétés. Vulgariser l'économie est donc une nécessité car elle permet d'asseoir le dialogue social sur des idées et des arguments qui structurent et enrichissent le débat. C'est découvrir la complexité et la richesse des réflexions pour y détecter les risques mais également de nouvelles opportunités. Mais c'est aussi en accepter les erreurs, les approximations et l'instrumentalisation qui en est faite au plan politique. Il faut expliquer au plus grand nombre que l'économie est, à notre niveau de connaissances et de compréhension, faite d'incertitudes et d'inconnues. C'est en cela qu'elle est riche et que la prévision économique restera toujours aléatoire. Promouvoir l'incertitude et le doute auprès d'une société qui demande exactement l'inverse constitue réellement une gageure !

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2012 à 1:24
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Laissons la prédiction de l'avenir aux cartomanciennes et autres experts de la boule de cristal. Par contre, il est urgent d'expliquer pourquoi dans le pays champion du monde de la faillite des entreprises on ne peut envisager la garantie de l'emploi...

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